À l’entrée du Vieux-Port de Marseille, le réaménagement de l’Anse du Pharo est en préparation et doit aboutir à la création d’un village d’entreprises nautiques d’ici 2025. Une réunion publique s’est tenue récemment, laissant entrevoir une restructuration beaucoup plus large du quartier.
L’Anse du Pharo était au cœur des débats il y a quelques jours, dans l’auditorium de la mairie des 1er et 7e arrondissements de Marseille. Il faut dire que la petite calanque jouit d’un emplacement stratégique à l’entrée du Vieux-Port. Sur ses hauteurs, domine le célèbre palais commandé par Napoléon III. En contrebas, c’est un chantier naval qui a pris place depuis plusieurs siècles déjà. « Des hangars (…) à caractère industriel » ont été construits sur la petite plage, composant « un paysage atypique sans dialogue architectural ou urbain » avec le reste du quartier, selon les termes de la Société locale d’équipement et d’aménagement de l’aire métropolitaine (Soleam).
Des opérations de déconstruction ont fait table rase de ces bâtiments. L’objectif est de reconfigurer le site pour y faire émerger un « village d’entreprises artisanales nautiques ». Avec 45 emplois annoncés, le projet acté par la Métropole en octobre 2017 prévoit « le maintien des activités existantes et l’implantation de nouvelles activités ». L’ambition affichée est de « pérenniser un savoir-faire local » et de « développer une vitrine économique d’exception dans le respect de son environnement ».
L’émergence de cette vitrine passe par un réaménagement complet de l’anse, avec la réalisation d’ouvrages importants : une digue, une contre-jetée et des pontons flottants, pour la partie maritime ; une aire technique, quatre bâtiments et des espaces verts pour la partie terrestre. Le coût de l’opération est estimé à 8 millions d’euros.
La création d’une plage publique écartée
Face à un projet d’une telle ampleur, les questions des riverains sont nombreuses. La Soleam, la Métropole et la mairie de secteur étaient donc réunies pour répondre aux Marseillais qui avaient fait le déplacement.
La première prise de parole met les pieds dans le plat. « Demain, il y aura le tramway du 4-Septembre. Il va amener encore plus de monde alors que la plage des Catalans est déjà bondée ». Le jeune homme, qui appelle à la création d’une plage publique à la place du projet présenté, s’appuie sur les 339 signatures qu’il a recueillies via une pétition en ligne.
Il obtient une fin de non-recevoir de la part de Didier Réault, vice-président de la Métropole délégué au littoral, qui met en avant un coût de dépollution trop important et un manque d’espaces disponibles pour accueillir le projet ailleurs sur le littoral marseillais. Une position soutenue par Sophie Camard, maire de secteur, qui souhaite maintenir l’activité artisanale du site. Et ne pas « transformer le Marseille en Côte d’Azur ».
Un réaménagement de l’ensemble du quartier
Après quelques digressions sur « l’ouverture de la zone militaire » à l’ouest de l’anse, les débats se recentrent sur la circulation dans le quartier, sous l’impulsion de Jean-Pierre Galeazzi, président du CIQ Pharo Catalans. Une inquiétude ressort : la gestion du stationnement anarchique le long de l’impasse de l’esplanade du Pharo et la crainte de voir le passage de véhicules s’intensifier. Lionel Royer-Perreaut, président de la Soleam, répond : « Les services de la Métropole doivent se saisir du dossier pour nous faire des propositions d’aménagement qui viendront compléter celui de l’anse qui sera réalisé. Sur deux aspects : l’accès au site pour les activités qui vont s’y développer et la création d’un cheminement doux pour les piétons ».
Sophie Camard en profite pour faire le lien avec le boulevard Charles Livon dont elle souhaite la requalification « le plus rapidement possible ». Une priorité dans ses demandes à la Métropole. « Il faut finir la jonction qui est dangereuse aujourd’hui entre le Vieux-Port et le Pharo, avec un réaménagement complet et la réalisation d’une piste cyclable jusqu’à la plage des Catalans pour relier la Corniche ». La plage fait aussi l’objet d’une restructuration qui doit permettre d’agrandir sa capacité d’accueil. Un projet mené sur le temps long puisque l’élue n’envisage pas une livraison complète avant 2025.
Au fur et à mesure des échanges, c’est la reconfiguration de l’ensemble du quartier qui se dessine, de l’Anse du Pharo à la plage des Catalans. « Tous ces projets dialoguent entre eux » concèdent les élus présents. Un dialogue qui devra également se faire entre les différents acteurs impliqués.
La concrétisation d’un « sentier du littoral »
La restructuration de l’Anse du Pharo est aussi l’occasion de concrétiser l’aménagement du « sentier du littoral », annoncé dès 2010 dans le cadre de la semi-piétonnisation du Vieux-Port. La requalification du site devait être complétée par la réalisation d’un parc au-dessus du bassin de Carénage, pour l’instant abandonné, et d’un « sentier en bord de mer ».
Le projet de la Soleam prévoit en effet un « cheminement piétonnier en façade littorale ». Il doit permettre de connecter le Jardin du Pharo à l’anse réaménagée. Une des options étudiées permettrait aux promeneurs de déboucher sur une coursive extérieure offrant de belles perspectives sur le chantier naval et sur la mer. Sophie Camard, maire de secteur, rappelle sa détermination à concrétiser cette idée et met en garde : « Tout le monde veut ce cheminement piéton mais, dès que vous rentrez dans les détails, il y a des blocages ».
Une allusion aux discussions en cours avec Aix-Marseille-Université qui détient une parcelle sur le tracé envisagé et dont le foncier doit être libéré. La Soleam fait état de « négociations compliquées » mais maintient son objectif d’ouvrir ce sentier aux Marseillais en même temps que la livraison du village d’entreprises. En 2025 donc, si tous les acteurs parviennent à trouver un terrain d’entente.