Après 6 mois d’ouverture, la ferme Capri a réussi à produire et vendre ses légumes au coeur des quartiers Nord de Marseille. Elle a également mis en place des chantiers participatifs et des ateliers de sensibilisation pour les jeunes. Reportage.
Après l’identification d’un terrain et une première étude de faisabilité démarrée en 2018, la Cité de l’agriculture s’est lancée dans le montage d’une ferme urbaine, Capri. Située au cœur du 15e arrondissement, quartier identifié comme désert alimentaire urbain, par son accès très limité à des produits sains, frais et locaux.
La ferme Capri voit le jour le 14 avril 2021, sur 8 500 m² d’anciennes terres agricoles jusqu’alors en friche, mises à disposition par la Ville de Marseille via un bail reconductible d’une durée de 10 ans. Compte tenu de la qualité de la terre, l’équipe en charge du projet a décidé de ne mettre en culture, dans un premier temps, qu’une partie du terrain.
« Durant l’été, nous avons réalisé un gros travail d’amendement sur les sols [amélioration de leur qualité, visant à les rendre cultivables, ndlr]. Dans les semaines qui ont suivi, on a épandu du fumier composté et du compost pour constituer la couche supérieure de notre sol », nous explique Lucas Turbet Delof, coordinateur de la ferme Capri. Cet espace de 3 700 m2 au total accueille désormais, un verger-maraîcher.
Avec ses terres plus argileuse, la partie supérieure située à gauche de l’entrée est dédiée à l’accueil du public. Un bâtiment servira à l’organisation d’ateliers, activités et réunions. La dalle encore visible de l’ancienne chapelle sera utilisée comme base à cette construction qui devrait voir le jour fin 2021. En attendant, une pergola temporaire a été installée pour abriter les visiteurs en cas d’intempéries. Aujourd’hui, la ferme porte des ambitions multiples, rassemblées autour des valeurs de la transition agro-écologique.
Les objectifs de la ferme Capri
Capri développe une production diversifiée de fruits, de légumes et de plantes aromatiques, saine et durable, respectueuse du vivant, sans intrants chimiques ni engins motorisés, en symbiose avec son environnement naturel.
Depuis son ouverture en avril, la ferme est devenue un lieu de promenade, de jeu, de rencontres et d’échanges. Tous les mercredis de 14h à 17h, elle ouvre ses portes aux curieux. Les participants peuvent découvrir la ferme, aider les bénévoles ou simplement acheter les produits. 85 personnes sont accueillies en moyenne chaque semaine. « C’est un vrai bonheur de constater qu’on peut faire pousser des fruits et légumes sur des espaces de friches abandonnés et faire profiter les habitants de ses premières productions », se réjouit Lucas.
Capri est aussi un lieu de sensibilisation, d’apprentissage et de professionnalisation. Par exemple, cette année, elle a accueilli des collégiens ou encore des seniors pour échanger sur les différents enjeux écologiques et les savoir-faire en agriculture urbaine. « C’était très important pour nous que la ferme soit un lieu ouvert, l’idée, c’était de montrer qu’on pouvait avoir en ville à la fois de la production et de la consommation de produits », explique Lucas, « mais aussi de transmettre des vocations à la population urbaine », ajoute le jeune homme.
La Cité de l’agriculture a en effet choisi de consacrer une partie de l’activité de la ferme à des expérimentations agronomiques, culturales et variétales afin d’analyser les impacts de l’agriculture urbaine sur la biodiversité et les pollutions.
Extension de son terrain, nouveau bâtiment
Si au départ, il n’y avait rien que de la terre, ces 6 derniers mois, « on a créé tous les réseaux d’eau via un système de goutte-à-goutte, mais aussi, tous les réseaux d’électricité », se rappelle Lucas.
Pour l’année 2022, « les productions vont croître à la ferme », assure le maraîcher. « Actuellement, on exploite 3 700 m², mais la parcelle reste riche de potentiels et on pourra, d’ici à l’année prochaine en cultiver 5 500, principalement sur du maraîchages », précise le coordinateur de la ferme Capri.
Un bâtiment destiné à l’accueil du public et la vente des produits d’environ 60 m² est en cours d’aménagement. Il devrait voir le jour à l’automne 2022. « On est en cours de conception du bâtiment avec une agence d’architecture spécialisée en architecture bioclimatique, qui travaille avec des matériels naturels et locaux. L’idée est d’avoir un bâtiment exemplaire sur le plan environnemental », ajoute-t-il.
La ferme Capri envisage également le montage d’une serre de pépinière. « La structure de la serre est déjà en place et on a plus qu’à finaliser cette serre en la bâchant. On est en cours de réflexion sur la création d’une serre bioclimatique [va optimiser les énergies naturelles comme le soleil, le vent ou le soleil, ndlr]», conclut Lucas Turbet Delof.