Le gouvernement vient de prendre une nouvelle mesure en faveur de l’environnement et de la solidarité avec les plus démunis. Quelques semaines après avoir annoncé le retrait définitif des sacs plastiques des commerces partout en France, l’Etat s’attaque ainsi à un mastodonte de l’écologie moderne : le gaspillage. Une perte énorme estimée à plus de 12 milliards d’euros par an. Explications.
Le jeudi 10 décembre est d’ores et déjà une date à retenir. En effet, les députés ont adopté une série de mesures pour lutter contre le gaspillage alimentaire. La proposition de loi était présentée par le député de la Mayenne Guillaume Garot (PS), ancien ministre délégué à l’agroalimentaire. Elle a été approuvée par l’ensemble de la gauche, les écologistes, l’UDI et les Républicains à l’Assemblée Nationale.
Prochaine étape : une validation définitive par les sénateurs est attendue en janvier, mais elle ne devrait être qu’une formalité.
Que comprend cette nouvelle loi ?
La loi visant à lutter contre le gaspillage alimentaire propose d’empêcher les grandes surfaces de jeter de la nourriture et de rendre impropres à la consommation leurs invendus, notamment en ayant recours à la javel. Le risque ? Une amende de 3 750 euros avec affichage ou diffusion de la décision, une mesure qui dissuadera sans doute fortement les commerçants. Il est aussi prévu que tous les supermarchés français de plus de 400 m2 signent un protocole avec une ou plusieurs associations de solidarité dans le but de faciliter la distribution de produits alimentaires invendus à titre gratuit.
Selon Guillaume Garot, chaque Français jette chaque année l’équivalent de vingt à trente kilos de nourriture dont sept encore emballés ! Ce qui correspond à près de 100 euros de pouvoir d’achat perdu par personne, soit 12 à 20 milliards d’euros gaspillés. Fruits, yaourts, viandes, fromages, œufs, pains, légumes, pâtisseries … tout y passe !
A titre de comparaison, à l’échelle mondiale, le gaspillage alimentaire est l’équivalent d’un troisième émetteur mondial de gaz à effet de serre, après la Chine et les Etats-Unis.
Dans les faits, comment cela va se dérouler ?
La loi prévoit plusieurs niveaux de mesures à mettre en place par les gérants des grandes surfaces alimentaires. La première : lorsque les aliments écartés de la vente sont encore consommables, la priorité consiste à les remettre à des associations caritatives, tels les Restos du coeur, qui s’occupent de distribuer les aliments aux familles les plus démunies.
Mais, lorsque les aliments sont périmés ou en très mauvais états, l’Etat demande aux entreprises de privilégier soit les dons pour l’alimentation animale, soit la valorisation énergétique, notamment avec le compost et la production d’énergie renouvelable.
Les autres secteurs seront-ils concernés à l’avenir ?
Il est important de noter que le gaspillage alimentaire ne concerne pas seulement les supermarchés, même s’ils sont souvent les premiers pointés du doigt. Dans un rapport publié début 2015, le député Garot explique que les principaux « jeteurs » sont les ménages (38% du gaspillage global), suivis par la production agricole (25%), les restaurateurs (14%), les commerces et la grande distribution ne représentant que 10% du gaspillage global, et 8% pour les industries agro-alimentaires.
Alors quelles solutions, notamment pour les ménages ? La sensibilisation sera de plus en plus forte les prochaines années, avec des campagnes publicitaires pour inciter les Français à se mobiliser sur ce sujet. Pour la production agricole, l’Etat envisage d’augmenter la capacité de défiscalisation des dons des agriculteurs, à la fois pour les associations et pour le reconditionnement, la transformation ou la découpe de produits bruts.