Quel projet défend l’Union des forces de gauche et écologistes pour les élections départementales dont le premier tour se tient dans quelques jours ? Sans chef de fil désigné pour la présidence, quelques candidats de ce mouvement reviennent sur les grandes axes de leur programme, avec pour fil directeur la solidarité et la transition écologique.

Christian Pellicani ne relâche pas le rythme de la campagne. « On fait deux actions de terrain par jour », explique le premier adjoint de la mairie de secteur des 1-7. Ce jeudi matin, le communiste était dans les rues au contact des Marseillais. Cet après-midi, il rejoint Anne Meilhac, sa binôme dans le 12e canton de Marseille aux élections départementales. Ensemble, ils participent à une chaîne humaine aux côtés d’habitants, piétons, cyclistes et militants, pour exiger des aménagements et favoriser les mobilités douces aux abords des écoles Mermoz (8e arrondissement).

Le binôme fait campagne pour l’Union de la gauche, écologiste et citoyenne (Ugec), qui souhaite ravir l’Hôtel du Département à Martine Vassal (LR), actuelle présidente. Parmi les nombreuses étiquettes politiques rassemblées, de EELV au PS en passant par Place publique ou Génération.s, Christian Pellicani porte « celles du Parti communiste et du Printemps marseillais ». Ce dernier avait ravi la mairie de Marseille en 2020 « dans la même logique de rassemblement ». Excepté que, cette fois, la France insoumise a été mise au ban. « Mais dans mon canton, ils ne se présentent pas contre nous », se console-t-il, alors qu’il dit avoir mis beaucoup d’énergie, « depuis le début », dans ce nouveau rassemblement des gauches.

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Manifestation devant les écoles Mermoz, rue Paradis

Une élection dans l’ombre des régionales

Un scrutin qui a du mal à intéresser « les électeurs. À cause des politiques nationaux et des médias qui ne parlent que des régionales avec Mariani (RN) et Muselier (LR). Mais on a trouvé notre place dans le débat local, sur le terrain. Dans les bistrots, les écoles, les rues, sur les murs ».

L’Ugec bénéficie depuis aujourd’hui du soutien des sénateurs PS, PCF et EELV des Bouches-du-Rhône. Comme tous les autres candidats, Christian Pellicani affiche un certain optimisme dans cette campagne qu’il mène avec une double approche : « la défense de vrais projets, pas des trucs farfelus, en rapport aux vraies compétences du Département ».

Le bilan Vassal dans le viseur

Mais aussi en tapant sur le bilan de la présidente sortante, candidate à sa propre succession. « Martine Vassal n’a fait que des choix clientélaires. En distribuant beaucoup d’argent aux communes, dont les plus petites, pour avoir le soutien des maires à la Métropole », qu’elle préside également. Lui la « quittera pour se consacrer au Département et ma mairie de secteur. On n’est pas contre l’aide aux communes, mais pour une redistribution transparente et juste ».

Concernant la gestion de la collectivité aux « 3 milliards de budget », la présidente sortante « a fait exploser la dette de 760 millions d’euros », estime-t-il. Ce que soutient également la candidate dans le 7e canton de Marseille, issue des rangs de EELV, Delphine Frenoux. Économiste et analyste financier, l’adjointe au maire des 4-5 à Marseille considère que c’est « un endettement record qui a pris 120 % sur le mandat. Et pour quoi ? Des actes très faibles sur les transports en commun, le vélo, la transition. Le peu d’actes forts sont complètement anachroniques par rapport aux enjeux. Comme le financement d’une autoroute en centre-ville [le boulevard Urbain sud, ndlr] ».

« Ou encore, à l’heure de la transition, des aides au circuit du Castellet qui n’est même pas dans le département », poursuit-elle. En effet, les adversaires de Martine Vassal n’ont pas manqué de se saisir des révélations de Médiapart cette semaine. Elles portent sur une note interne de la collectivité alertant sur le « risque juridique » de trois enveloppes de 500 000 euros pour l’organisation du grand prix qui se déroule dans le Var. Sur le sujet, la collectivité a répondu à l’enquête, faisant valoir les retombées économiques de l’événement pour les Bouches-du-Rhône : « la zone d’Aubagne à La Londe et Aix/Marseille sont toutes deux les zones ayant accueilli le plus de clientèles pour une nuit ou plus dans le cadre du grand prix ». Des conclusions basées sur une étude du cabinet Deloitte.

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Expérimenter un revenu de base

Christian Pellicani souhaite tout de même mettre en avant « de vrais projets » portés par l’Union de la gauche écologiste et citoyenne. À commencer par la solidarité, compétence dont la collectivité est cheffe de file. « C’est un enjeu de taille puisque près de 20 % des habitants du territoire vivaient sous le seuil de pauvreté en 2020. Combien sont-ils au sortir de la crise sanitaire ? »

Au-delà du renforcement de l’accompagnement des plus fragiles, des permanences sociales, des services de proximité, la mesure phare portée par son équipe reste l’expérimentation d’un « revenu de base. Certains l’appellent le revenu universel. La loi permet de le mettre en place. Ce que vont faire 19 autres départements pour faire face au choc de pauvreté et accompagner le retour à l’emploi ».

Les contours précis de ce revenu de base restent tout de même à définir. Dans son programme, Christian Pellicani explique qu’il sera destiné « en priorité aux 18-25 ans ». Il pourrait naître de « la fusion des allocations existantes », comme le RSA (revenu de solidarité active) et les APL (allocations logement).

300 kms de pistes cyclables, une flotte de bus verts et investir dans le rail

Côté mobilité, alors que les pistes cyclables sont déployées sur « 3,6 % des routes départementales », rappelle Delphine Frenoux, la liste d’union souhaite en équiper « 10 % sur un mandat, pour atteindre 300 kilomètres. Le Département de la Haute-Garonne a mis 53 millions d’euros pour développer son « réseau express vélo ». Ça c’est volontariste », estime la candidate.

Elle s’inspire également des autres collectivités de France pour décliner les mesures portées par son groupe : « Le déploiement de véritables lignes de covoiturage, comme l’a fait l’Isère, pour que cela fonctionne presque comme des transports en commun. Nous souhaitons aussi investir pour créer un vrai réseau ferroviaire départemental. L’Essonne a mis 17 millions d’euros pour la création du tram-train Massy-Evry ».

Sur la même liste, mais du côté de Pélissanne, le candidat Brice Le Roux rappelle que « sur la mobilité, le Département peut travailler en complémentarité avec la Métropole, compétente sur les transports. En investissant par exemple pour le renouvellement du parc des bus en véhicules non carbonés. Il faut aussi poursuivre la création de voies dédiées aux bus à haut niveau de service (BHNS) ». Martine Vassal a déjà engagé ce types d’aménagements, « mais pas du tout assez à l’échelle du département », selon lui.

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La commande publique comme levier de la transition écologique

Si, au premier abord, les compétences de la collectivité ne concernent pas directement l’environnement, il compte instiller « la transition écologique et énergétique dans toutes les décisions. C’est une thématique transversale qui doit être prise en compte quel que soit le projet ». Cela peut passer par le volet solidarité de l’institution, avec des aides et primes aux plus précaires pour adopter un mode de vie plus vertueux, et souvent plus cher. « L’isolation des logements et la performance énergétique. Manger bio et local ».

La commande publique est aussi un levier « très important pour impulser des dynamiques vertueuses à l’échelle d’un territoire », rebondit Delphine Frenoux. Par exemple sur la question des collèges, compétence centrale du Département. « Via la construction des établissements, avec des bâtiments à haute qualité environnementale, à énergie positive… Ça dynamisera aussi les professionnels locaux engagés dans une démarche vertueuse ». Ou encore avec les cantines. En favorisant le circuit-court et le bio, « on soutient les producteurs locaux, et on sensibilise les jeunes générations à une alimentation seine et responsable ».

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