Face à des nuisances, notamment nocturnes, en hausse sur la Plaine depuis sa réouverture, la Ville entend renforcer la présence policière de proximité. Elle souhaite en parallèle développer une politique d’apaisement et de qualité de vie avec des médiateurs sociaux, des animations, et l’amélioration des équipements publics.
Depuis sa réouverture au public, bien que partielle (l’aire de jeu et l’îlot central sont toujours fermés) il y a un mois, les Marseillais ont repris possession de la Plaine (place Jean-Jaurès), malgré les critiques toujours présentes sur fond de qualité d’aménagement et de gentrification. La vaste place est redevenue ce lieu de vie central dans la ville, autant diurne que nocturne. C’est sur ce dernier aspect particulièrement que ça grince.
Si un public jeune semble apprécier le potentiel festif de la place, des débordements et nuisances ont largement été relayés ces dernières semaines. Il ne faut pas chercher bien loin pour trouver des témoignages de riverains à bout, pour la plupart plus âgés. Pierre et Christiane nous interpellent directement. Ils habitent à 10 mètres de la place, rue Horace Bertin : « Déjà, toute la journée, c’est les bruits de skate ou de gens alcoolisés avec des bagarres fréquentes. Mais à partir de la fin d’après-midi, et jusqu’à pas d’heure, c’est tam-tam, fanfare, sono à fond. Il y avait déjà des nuisances avant, mais c’était pas tous les soirs ».
Sans parler du « trafic et des rodéos nocturnes », ajoute l’adjoint au maire de Marseille en charge de la tranquillité publique et de la prévention, Yannick Ohanessian. Il faisait un point sur ces questions ce vendredi matin, aux côtés de maires de secteurs concernés, Didier Jau pour les 4-5, et Pierre Benarroche pour les 6-8 (Sophie Camard, maire des 1-7, n’a pas pu être présente), tous élus du Printemps marseillais.
Renforts de policiers municipaux et nationaux
L’adjoint entend déployer un dispositif pour la saison estivale « déjà commencée », qui ne devrait qu’accentuer la fréquentation du site. « Il faut que tous les usages, de tous les Marseillais et des touristes, puissent cohabiter de manière apaisée. Il s’agit de faire appliquer les règles du vivre-ensemble », introduit l’élu.
Pour cela, plusieurs mesures seront mises en œuvre, annonce-t-il, d’abord, sur un ton plutôt répressif : « les fanfares à 2 h du matin, nous les empêcherons ». Dans ce sens, il déploiera « 5 équipages de police municipale sur ce secteur. Ils se relaieront tout l’été de 8 h à 19 h. » La nuit, il prévoit une « présence accrue de policiers municipaux, tous les jeudis, vendredis et samedis », dans un esprit de « mission de proximité et pédestre ».
D’ailleurs, un « poste de police municipale avancé » doit voir le jour cet été « entre le Vieux-Port et la place Jean-Jaurès. C’est essentiel pour créer du lien, avoir une présence et permettre de vivre en sécurité dans ces quartiers », estime Yannick Ohanessian.
À relire
Une ligne directe d’urgence sera mise en place pour les commerçants de la Plaine, du Cours Julien et de Notre-Dame-du-Mont pour permettre des signalements et interventions rapides.
La municipalité compte aussi mettre à contribution les services de l’État. La Préfecture de police « a répondu favorablement à notre demande d’augmentation des patrouilles de police nationale du 1er juillet au 31 août », explique l’adjoint municipal à la tranquillité publique. Et alors qu’il a fait interdire par arrêté municipal la vente d’alcool au-delà de 22 h dans la zone, l’élu a demandé à la Préfecture « une attention accrue sur les établissements de nuit, en particulier les épiceries, dont 3 sont déjà dans le viseur ».
L’apaisement par la prévention, l’animation et la qualité de vie
En parallèle, les élus entendent déployer un dispositif préventif. « 8 médiateurs sociaux votés en conseil municipal », poursuit Yannick Ohanessian, pour des maraudes nocturnes de 19 h à 2 h du matin du jeudi au vendredi. Leur mission portera sur la prévention « des conduites à risque ». Il s’agira notamment de sensibiliser les consommateurs de drogue et d’alcool, mais aussi « accompagner les publics vulnérables et régler en amont un certain nombre de problématiques », précise le maire des 4-5, Didier Jau.
Pour son homologue dans les 6-8, Pierre Benarroche, la Plaine est « un espace merveilleux même si tout n’est pas parfait ». Il espère qu’elle « redevienne un lieu central et merveilleux pour Marseille. Pour tous les habitants. Les riverains, les familles, les jeunes, les piétons, les cyclistes, les skaters. L’important c’est la qualité de vie qu’on doit retrouver ici. Au-delà de la sécurité, il faut de l’apaisement ». Pour cela, « il faut l’animer et en faire un lieu vivant ».
Les trois mairies de secteurs concernées déploieront ainsi un certain nombre d’animations, culturelles, ludiques et sportives tout au long de l’été. Les élus municipaux souhaitent également que les équipements publics soient améliorés afin d’apaiser la place, éviter certaines nuisances et améliorer la qualité d’usage du site. Il s’agit principalement d’augmenter le nombre de poubelles, notamment le tri, et installer d’autres toilettes publiques.