La Villa-Valmer, qui doit être transformée en hôtel de luxe, a fait l’objet d’une démolition non-autorisée. Un procès-verbal d’infraction va être transmis au procureur. La Ville va demander un arrêt au moins temporaire du chantier.

C’est un post sur Twitter qui alerté les élus de la Ville de Marseille en plein conseil de territoire, mardi 13 avril. Celui de notre confrère David Coquille, de La Marseillaise, spécialiste des questions du patrimoine marseillais.

Il n’en fallait pas plus au maire de Marseille, Benoît Payan, pour se rendre en urgence à la Villa Valmer, et constater par lui-même la démolition de deux terrasses situées à l’arrière du bâtiment. Une démolition non-autorisée sur cette partie de la bâtisse datant de 1865, l’une des plus célèbres de la Corniche.

Seul un local technique pouvait être détruit

Dans le permis de construire de 2019, seul le local technique de 40 m2 – rajouté après la construction de la Villa – situé au pied de la chapelle était autorisé à la destruction. « En faisant cette démolition, ils ont attaqué un creusement pour la réalisation d’un sous-sol sous un autre bâtiment (qui est aussi un rajout de toute la hauteur de la villa à l’arrière), ils se sont rendus compte que les murs n’avaient pas l’air très solides ils ont décidé de démolir », nous rapporte Mathilde Chaboche, adjointe à l’urbanisme qui s’est également rendue sur place, à la hâte.

« J’ai fait un constat d’huissier vendredi pour montrer que c’était moisi à l’intérieur. C’est vrai que j’aurai dû prévenir que j’étais confronté à un problème. Les terrassiers, l’architecte m’ont dit que c’était dangereux et qu’il valait mieux démolir », confie à La Marseillaise, l’un des deux promoteurs sur les lieux, Pierre Mozziconacci, dont la défiance envers les journalistes est bien connue. Il met également en avant le fait d’avoir voulu rendre plus vite le parc aux Marseillais.

Pour Mathilde Chaboche, la fragilité des murs résulte d’une absence « de mesures nécessaires en termes de sondages géo-techniques, ça ne peut pas se découvrir chemin faisant ». Pierre Mozziconacci a proposé de reconstruire à l’identique, une fois la piscine intérieure réalisée. Mais au cours d’un échange musclé, elle lui a rappelé le cadre de la loi et le fait « que la préservation du patrimoine suppose de la technicité particulière, et des gestes précis et mesurés ».

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« C’est une infraction au Code de l’urbanisme »

Des inspecteurs assermentés de la Ville de Marseille ont établi un constat d’infraction qui sera transmis dans les prochaines heures au Procureur de la République, « car c’est une infraction au Code de l’urbanisme », ajoute l’élu.

« Le patrimoine de la Ville de Marseille n’appartient pas aux promoteurs mais aux Marseillaises et Marseillais, j’en suis le garant. Nous utiliserons tous les moyens à notre disposition pour préserver notre patrimoine commun », ajoute Benoît Payan.

Le chantier suspendu, la confiance rompue

La municipalité envisage de demander un arrêté interruptif de travaux – qui peut s’étendre sur plusieurs mois – pour stopper le chantier le temps de retravailler avec le promoteur à la fois sur un permis modificatif et « bloquer les choses le temps que la confiance revienne », confie Mathilde Chaboche, extrêmement réservée, tout comme le maire de Marseille, sur la suite des événements.

Dans le cadre de la transformation de la Villa Valmer en hôtel de luxe cinq étoiles, les négociations avaient pourtant permis de garder son parc attenant ouvert à 100% au public.

Si des voies juridiques le permettent, la Ville va étudier la possibilité d’aller plus loin pour stopper le bail emphytéotique de 60 ans accordé aux investisseurs.

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