Pour favoriser l’accès à une alimentation bio et de qualité pour tous, Pain et Partage et la Cité de l’agriculture lanceront dans quelques semaines une antenne marseillaise de vrac, dans trois quartiers prioritaires de la politique de la ville.
Dans le cadre du projet de création d’un pôle alimentaire solidaire territorial et d’innovation sociétale, porté par Pain et Partage dans le quartier de Saint-Louis (15e) [à lire ici], le réseau de boulangeries solidaires planche sur le lancement d’une antenne marseillaise de vrac. « L’objectif est de favoriser un accès à une alimentation bio et de qualité pour tous et permettre des achats groupés de produits bios revendus à prix coûtant pour les habitants de quartiers prioritaires de la ville », explique Emma Mairel, qui pilote ce projet.
Cette initiative est co-construite avec la Cité de l’agriculture avec l’accompagnement de l’association Vers un réseau d’achat en commun (Vrac). Déjà implantée dans de grandes villes de France (Lyon, Paris, Rennes, Montpellier, Bordeaux…), Vrac permet aux habitants de ces quartiers « de s’inscrire dans un mode de consommation durable et responsable ». A ce titre, la démarche repose sur le collectif et les dynamiques locales pour faire « face à la précarité et proposer un autre rapport à la consommation, à la santé et à l’image de soi », explique l’association.
Impliquer les habitants dans le projet
L’idée est, en effet, de créer un groupement de bénévoles, constitué d’une cinquantaine de familles. Chaque mois, une demi-journée, elles viennent munies de leur propre contenant récupérer des produits. Ces derniers sont précommandés deux semaines auparavant selon un catalogue élaboré par Pain et Partage, « et avec eux en fonction de leurs besoins, poursuit Emma. Les bénévoles organisent ainsi la disposition des produits, produits secs (lentilles, pâtes, riz) mais aussi de l’huile d’olive et même de produits d’hygiène. C’est un projet qui se monte pour et par les habitants. C’est eux qui géreront en toute autonomie ces groupements. Il faut absolument les mobiliser et les impliquer dans le projet », insiste la jeune femme.
Un certain nombre de producteurs locaux et partenaires ont déjà été identifiés via des initiatives impulsées par la Cité de l’Agriculture, Pain et Partage pilotera toute la partie logistique (commandes fournisseurs, préparation de palettes…). La Cité de l’agriculture procède actuellement à un relevé de prix dans les différents marchés et commerces de proximité du quartier « pour comprendre dans quelle mesure les produits vracs seraient compétitifs et accessibles par rapport à l’offre actuelle. Les magasins bio ou GMS prennent 30 à 40% de marge sur les produits. Nous, on vend vraiment à prix coûtant, c’est pourquoi l’association est subventionnée publiquement et par des fondations privées pour payer cette logistique ».
Un support d’animation et de lien social
L’objectif est de lancer trois premiers groupements d’ici à cet été dans le 15e arrondissement : à la cité des Aygalades, à La Viste et à Campagne Lévêque, avant d’essaimer dans d’autres quartiers. Actuellement, les échanges vont bon train avec les centres sociaux et les maisons de quartiers « afin d’identifier les bons acteurs et interlocuteurs de terrain pour former ces noyaux durs d’adhérents », reprend Emma.
Au-delà de l’accès à l’alimentation de qualité, « le projet Vrac » est l’occasion de créer de l’animation et du lien social. « C’est également un support pour organiser des concours de cuisine, des ateliers de couture pour confectionner des sachets pour transporter les produits, des ateliers de nutrition, de loisirs, comme faire de la teinture avec des déchets des fruits et légumes, et même organiser des visites chez les producteurs fournisseurs, pour sensibiliser les habitants, de la fourche à la fourchette, à la chaîne alimentaire ».