Les fondateurs du Talus, site installé dans le quartier Saint-Jean du Désert (12e), s’inquiètent pour son avenir. La ferme urbaine participative, qui a vu le jour en 2018, pourrait bien faire les frais du projet d’extension des lignes ferroviaires régionales.

Depuis 2018, Made in Marseille suit les aventures de la ferme urbaine du Talus et de son jardin collaboratif, situé rue Saint-Pierre dans le 12e arrondissement de Marseille, où l’on pratique le bio-maraîchage intensif « en main-d’œuvre et en amour ».

Cet îlot de verdure ne passe pas inaperçu, à deux pas d’une zone d’activités, au-dessus d’une voie de chemin de fer et où se trouve en contre-bas une partie couverte de la rocade L2.

Un laboratoire à ciel ouvert de la transition écologique

Ce laboratoire à ciel ouvert de la transition écologique développe une vision associative et citoyenne d’inclusion et de mixité sociale par la valorisation, et la transformation d’une friche délaissée. Ce terrain autrefois laissé à l’abandon appartient à l’État qui l’a mis à disposition de l’association Heko Farm il y a trois ans, pour y cultiver ses projets.

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Durant le confinement, Le Talus a continué de proposer à ses adhérents la possibilité de venir cueillir leurs propres légumes. En mouvement perpétuel, la ferme urbaine a travaillé sur la construction de trois serres en géo dôme [igloos aux armatures en bois avec des polycarbonates qui vont faire des serres bioclimatiques, fonctionnant sans énergie, ndlr] , et planche sur un projet d’aquaponie [technique de culture en écosystème entre les poissons et les plantes, ndlr].

Quant au « village » d’initiatives associatives qui verra le jour sur la deuxième parcelle de 4 500 m2 adjacente au jardin du Talus, il devrait ouvrir prochainement. Un nouvel espace dont la vocation est d’accueillir, entre autres, des concerts, des spectacles ainsi qu’une résidence d’artistes.

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Les conséquences de l’actuel projet de Ligne nouvelle Paca

Mais aujourd’hui, Le Talus pourrait bien être freiné dans son élan. Son avenir pourrait être menacé par le projet de Ligne Nouvelle Provence-Alpes-Côte d’Azur (LNPCA), dont la concertation publique est en cours. « Dans les plans actuels de la LNPCA, les terrains et notamment les jardins du Talus seraient utilisés comme une base pour le chantier, explique Valentin Charvet, coordinateur général et fondateur du Talus. Comme le terrain est propriété de l’État, il peut être facilement récupéré pour un projet d’utilité publique ».

Un autre élément suscite l’inquiétude. La phase 2 du projet prévoit une vaste réorganisation de Marseille-Saint-Charles, ainsi que la création de deux tunnels de 5 kilomètres au nord (au lieu-dit La Delorme) et de 3 kilomètres à l’est (au lieu-dit- La Parette). A l’est, cela doit permettre d’augmenter la fréquence des trains entre La Blancarde (Marseille) à la Penne-sur-Huveaune, et passer de deux trains par heure à trois trains/heure, soit un toutes les 20 minutes.

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Pour arriver à un train tous les quarts d’heure, une option de quatrième voie TER n’est pas exclue. Si son opportunité socio-économique reste à vérifier [comme celle au nord], sa création impacterait directement la ferme urbaine, « car ça mangerait carrément une partie du jardin et transformerait la partie village que nous sommes en train de construire en un bassin de rétention », craint Valentin Charvet.

Mobilisation des sympathisants à la consultation publique

Outre la consultation publique, des « échanges directs » ont eu lieu entre les représentants du Talus et le chef de mission LNPCA chez SNCF Réseau, Jean-Marc Illes. « Il est dans son rôle. Aujourd’hui, nous sommes dans la phase préliminaire du projet, pour lequel il reste encore des inconnues, notamment sur le positionnement des propriétaires situés de l’autre côté de la voie, du côté nord. Il y a des hangars, des entreprises. Qui voudra rester ? Qui va accepter de partir ? Quel sera le deal ? Tout cela va conditionner la suite », poursuit le co-fondateur du Talus.

En attendant, le Talus a lancé un appel, principalement sur les réseaux sociaux, afin que ses sympathisants participent largement à la concertation, non pas pour se prononcer « contre ce projet de ligne SNCF, car le train reste quand même du développement durable, mais pour que la SNCF trouve des alternatives techniques pour faire en sorte que le projet aboutisse sans impacter les espaces du Talus ». À l’heure actuelle, plus de 500 personnes se sont mobilisées pour émettre leur avis.

Verdict pour le Talus à l’heure du bilan de la concertation

Une lettre ouverte a également été envoyée aux élus locaux. « Ceux de la mairie de Marseille (Printemps marseillais) ont signé, nous avons aussi pu rencontrer le sénateur Julien Ravier (LR), et la mairie de secteur nous apporte son soutien ».

À ce stade, la SNCF que nous avons contactée n’a pas souhaité s’étendre sur le sujet. Elle rappelle que la concertation (débutée le 1er mars) se poursuit et qu’il s’agit « justement d’un dispositif d’expression pour recueillir les avis », confirmant que des discussions ont eu lieu avec les membres du Talus. « Nous ferons ensuite un bilan de la concertation et des comités de pilotages seront mis en place avec les co-financeurs sous l’égide du préfet », précise toutefois la SNCF. La concertation prendra fin le 15 avril 2021.

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