La Villa Valmer, l’une des plus célèbres bâtisses de la Corniche à Marseille, sera finalement bien transformée en hôtel de luxe cinq étoiles avec 30 chambres, mais son parc attenant, le parc Valmer, restera bien ouvert à 100% au public.
Les négociations entre la Ville et le promoteur ont pris fin. Le parc Valmer restera entièrement public. La Villa Valmer comprendra quant à elle, un hôtel de luxe de 30 chambres, une piscine et une brasserie avec des tarifs accessibles au public. Une résidence d’artistes sera créée dans un bâtiment annexe.
Le projet remis en question par la majorité du Printemps marseillais
C’est l’une des plus célèbres villas de la Corniche Kennedy à Marseille. Datant du 19e siècle, elle est devenue propriété de la Ville et a servi de siège à divers organismes. À ses pieds, le parc public arboré offre une promenade en bord de mer aux Marseillais.
Mais en 2018, l’ancienne mairie décide de lui redonner une vocation privée, avec un bail emphytéotique de 60 ans accordé aux investisseurs Pierre Mozziconacci et Didier Germain, pour leur projet d’hôtel de luxe avec piscine de 39 chambres.
Le projet a cristallisé les tensions sur fond de privatisation des « bijoux de famille » municipaux. Le sort du parc a également soulevé les craintes concernant une fermeture au public. En effet, une grille devait délimiter la partie haute, devant la villa, laissant imaginer sa privatisation partielle.
Depuis sa prise de fonction à l’été 2020, la nouvelle équipe municipale a affirmé vouloir réorienter le projet vers quelque chose de plus « public », comme nous le confiait l’adjointe à l’urbanisme, Mathilde Chaboche alors en négociation avec le promoteur.
Les palissades de la discorde actent la fin des négociations
Mais depuis la semaine dernière, des palissades se dressent dans le jardin. Cela n’a pas manqué de relancer les débats et craintes. De quoi motiver une conférence de presse en hâte de la Ville, avec Mathilde Chaboche, Nassera Benmarnia, adjointe aux espaces verts, et Sophie Camard, maire des 1er et 7ème arrondissements.
« Les dernières discussions se sont achevées ce matin », explique l’adjointe à l’urbanisme. « Les négociations se sont bien passées, le résultat est en accord avec nos valeurs ». « Et avec les attentes des Marseillais, très sensibles sur la question », reprend Sophie Camard, « réjouie ».
Le parc sera 100% public
Les palissades actent le début des travaux. « Elles serviront à isoler et protéger les végétaux, les usagers et les riverains des va-et-vient des engins », précise Nassera Benmarnia, ajoutant que le parc sera rendu au usagers durant l’été.
Les travaux se poursuivront par phases jusqu’en 2023, pour la livraison de ce projet, désormais modifié. Si le bail emphytéotique de 60 ans ne bouge pas, des avenants viendront préciser la finalité du site. Ils devraient être votés au prochain conseil municipal en avril. Un permis de construire modifié sera délivré « dans quelques mois », précise Mathilde Chaboche.
Première révision du projet, la plus attendue des riverains : la préservation de 100% des « 2 000 m2 » du parc public, sans barrière « ni portail » marquant de rupture avec l’hôtel. La piscine privée de l’hôtel, qui devait être construite à l’Est, face à la villa, sera déplacée à l’ouest du bâtiment pour laisser l’espace ouvert avec le parc.
Une brasserie grand public aux tarifs « accessibles à tous »
Ensuite, afin que la vocation du site colle mieux aux attentes de la municipalité « et des Marseillais, la taille de l’hôtel est arrêtée à 30 chambres », précise Mathilde Chaboche. Une légère diminution donc, accompagnée d’une augmentation des usages « publics » pour une partie des bâtiments.
D’abord avec une offre « de type brasserie ouvrant sur le grand parvis et avec un terrasse accessible à tous », poursuit l’adjointe à l’urbanisme. « Les tarifs de la buvette devront aussi être accessibles à tous. Pas seulement à la clientèle d’un hôtel de luxe » ajoute-t-elle, rappelant qu’il s’agit d’un « parc public d’une ville populaire ».
Une résidence d’artistes en plein parc
Enfin, elle dévoile la nature du bâtiment esseulé tout à l’Est du parc : « Le promoteur, féru d’art, s’est engagé à en faire une résidence d’artistes de 200 m2, avec 5 à 8 ateliers ». Sera-t-elle chapeautée par la Ville, le promoteur, une structure culturelle ? « Ce n’est pas encore arrêté, mais ce sera un espace dédié aux artistes », répond Mathilde Chaboche. « Il en manque à Marseille. Un lieu de rencontre entre la culture et la nature ».
14 millions d’euros et une redevance annuelle de 330 000 euros pour la Ville
Un hôtel réduit au minimum, des espaces dédiés au grand public… Si le modèle économique du projet semble être un peu mis à mal par ces nouvelles orientations, l’adjointe à l’urbanisme assure qu’aucun dédommagement n’a été nécessaire pour faire aboutir les négociations. « Il y a quelques frais juridiques supplémentaires pour la Ville et l’hôtelier. Il devra également couvrir les frais du permis modificatif ».
Son investissement total est de 14 millions d’euros, précise l’élue. Il versera 330 000 euros par an de redevance à la Ville, à laquelle s’ajoutera une part variable basée sur le chiffre d’affaires de l’hôtel.