Ce lundi après-midi, une dizaine de personnes de l’association marseillaise « Les Nageurs libres » se sont symboliquement jetées à l’eau dans le bassin du Mucem pour demander son aménagement en piscine publique. Derrière cette action, un sujet de société bien ancré : le manque de piscines et d’espaces de baignade.
La semaine a débuté fraîchement pour quelques courageux Marseillais. Dans une eau à 13 degrés, au pied du Mucem, une dizaine de personnes se sont baignées ce lundi après-midi. Loin d’être une action récréative, il en était plus de l’ordre de la revendication. Les membres de l’association « Les Nageurs libres », créée l’an dernier, ont, par ce bain en mer, fait entendre leur volonté : celle d’aménager une piscine publique dans ce bassin actuellement « conçu pour accueillir des navires, avec interdiction de s’y baigner », comme l’a rappelé la Métropole Aix-Marseille Provence.
Et derrière cet appel, une protestation émerge. Car ce plan d’eau, aujourd’hui au centre du débat, fait écho au manque de piscines publiques à Marseille, une problématique largement dénoncée depuis de nombreuses années. Plus globalement, les Marseillais pointent aujourd’hui le manque d’accès à la baignade en mer au nord de la Ville. Il faut dire que le littoral est largement occupé par le Grand port maritime de Marseille (GPMM) et ses activités industrielles.
« Notre démarche s’inscrit dans un phénomène de société mondial, nous explique Benjamin Clasen, président de l’association. Les gens veulent profiter de l’environnement, de cette nature si proche. À Marseille, c’est renforcé par le fait que les piscines ne soient pas toutes en bon état et sont toutes fermées en ce moment. Donc beaucoup de personnes nagent en eau libre. Le nageur est comme le piéton en ville, il est vulnérable aux nuisances et à la pollution. La volonté première est d’associer l’activité en mer et la protection environnementale. Il faut rappeler que ce n’est pas acceptable qu’on ne puisse pas se baigner tous les jours à Marseille, il y a des progrès à faire là-dessus ».
Différents projets à l’étude
Hervé Menchon, adjoint au Maire en charge de la gestion, préservation et aménagement des espaces marins littoraux insulaires, des plages et des équipements balnéaires, revient avec nous sur le manque d’accès aux zones de baignade. « Personnellement, je suis amusé et admirateur de l’audace de cette association qui œuvre dans le bon sens, déclare-t-il. Je ne l’encourage pas à enfreindre les lois, pour des questions de sécurité notamment, mais effectivement, cette action porte le phare sur un point important pour les Marseillais : Marseille tourne le dos à la mer, malgré qu’elle en soit la capitale française. Nous travaillons avec Sébastien Jibrayel et Anthony Krehmeier sur la question. Il y a un besoin pour les Marseillais et une nécessité d’aménager le littoral, ne serait-ce qu’en termes d’attrait touristique. Mais cela ne sera réalisable que par un travail conjoint avec les collectivités, comme nous le faisons depuis plusieurs mois, et notamment la Métropole qui peut nous aider sur ce point ». En effet, l’intercommunalité gère une grande partie des plans d’eau marseillais.
Différents dossiers seraient aujourd’hui à l’étude pour permettre un meilleur accès au littoral au nord de la ville. L’agrandissement des plages de Corbières, l’installation de bassins ou de zones de baignade sur l’espace Mistral, à l’Estaque, la piscine du Vallon des Auffes ou encore une potentielle « piscine flottante », à l’instar de celle installée sur la Seine, à Paris, baptisée Joséphine Baker. « Seules les solutions m’intéressent dans ce dossier, et non pas les polémiques. J’espère que l’action sera vue non pas comme un affront et un acte politique, mais comme un acte citoyen qui doit nous fédérer », conclut l’élu.