La Soude, Château Saint-Loup, la Valbarelle… En 2022, plus de 1 300 logements sociaux consommeront du biométhane issu de l’unité de production de Sormiou. 4 000 habitants en bénéficieront pour le chauffage et l’eau chaude, sans augmentation de facture. Avec une diminution « par 14 » du bilan carbone des logements, cette expérience « unique en France » devrait être reproduite à Marseille.
« Jolis noms d’arbres pour des bâtiments dans la forêt de ciment ». Ce texte d’Akhenaton doit parler aux habitants des résidences « Cyclamens », « Myosotis » et « Ajoncs » dans le quartier prioritaire de la Soude (9e). Ces logements sociaux aux noms fleuris se dirigent vers un avenir plus vert, pour réduire un peu le paradoxe relevé par le rappeur d’IAM.
À partir de janvier 2022, le chauffage et l’eau chaude seront entièrement générés à partir de gaz vert produit localement à quelques kilomètres de là, à Sormiou. Il provient de la station de traitement des boues issues des eaux usées de Marseille, qui les transforme depuis 2019 en biométhane.
Cette reconversion concernera également les quartiers Château Saint-Loup (10e) et la Valbarelle (11e). Ils bénéficieront de ce dispositif « unique en France pour 1 319 logements sociaux en tout » explique le bailleur social Habitat Marseille Provence (HMP). « Soit 4 000 à 5 000 personnes, sans aucun impact sur leurs factures », précise l’organisme.
Diminuer « par 14 les émissions de C02 »
« C’est un projet très intéressant », réagit Sébastien Barles, adjoint à la transition écologique de Marseille. « C’est de l’économie circulaire, du circuit-court, du social, de la production d’énergie verte locale, et même de la valorisation de déchets ».
En effet, les boues proviennent des eaux usées de Marseille. La station de Sormiou valorise ce déchet polluant depuis deux ans. Elle est devenue à l’époque la plus grande centrale de biométhane de France. L’unité permet ainsi de réduire les rejets en mer tout en produisant une énergie locale, de l’économie et des emplois.
Mais surtout, elle permet de diminuer « par 14 les émissions de CO2 » des foyers convertis au gaz vert, selon Smart avenir green. Cette association, à l’origine du projet, fédère les acteurs publics et privés pour le déploiement de cette énergie. Les quartiers concernés prennent donc une longueur d’avance sur la stratégie nationale de bas carbone, qui vise une division par 6 à l’échelle nationale en 2050.
La station de biométhane de Sormiou à découvrir en vidéo :
Une première sur du bâti ancien à cette échelle
Jusqu’à présent, Smart avenir green travaillait sur le développement du gaz vert dans les logements neufs. Elle a œuvré pour en alimenter 35 000 aujourd’hui en Provence-Alpes-Côte d’Azur.
C’est la première fois que le dispositif concerne du logement ancien. Tout cela sans surcoût pour le bailleur ou la Ville, car le déploiement des réseaux sera pris en charge par GRDF. HMP, plus gros bailleur de Marseille, considère cette opération comme un premier pas « pour déclencher le verdissement progressif de son patrimoine et poursuivre la lutte contre la précarité énergétique ».
Objectif gaz « 100 % vert en 2050 »
« Peut-on alimenter d’autres quartiers prioritaires avec l’unité de biométhane de Sormiou ? », rebondit Sébastien Barles. Sa capacité maximale doit atteindre, à terme, 8 000 foyers environ. Cela limite encore le déploiement à l’échelle d’une ville comme Marseille. « D’autres usines de production de biométhane vont sortir de terre à Marseille dans les années à venir », répond Olivier Clarac, directeur de l’agence Paca GRDF.
« Et autour de la Ville, comme à la station d’épuration d’Aix-La-Pioline ». Car la montée en puissance du gaz vert est une réalité, même si elle ne passe pas forcément par de la valorisation de déchets : « 80 % provient aujourd’hui de l’agriculture. En 2023, on aura doublé notre capacité de distribution de gaz vert dans la région, en atteignant 12 térawattheure (TWh) ». En 2030, GRDF projette d’atteindre 90 TWh, pour viser l’objectif d’un gaz « 100 % vert en 2050 » sur le territoire.