À l’occasion d’une conférence de presse organisée dans ses nouveaux locaux des Docks à la Joliette, le Crédit Agricole Alpes Provence est revenu sur le bilan 2020 et les perspectives 2021.
La crise sanitaire a frappé plein de fouet les entreprises du territoire, comme jamais depuis 1946. Recours au prêt garanti par l’État (PGE), évolution des pratiques, digitalisation, ont été les maitres-mots de cette année 2020, qui laisse malgré tout entrevoir des perspectives positives pour 2021.
Depuis le début de crise, 5 500 PGE ont été contractés au Crédit Agricole Alpes Provence, pour un montant global de 600 millions d’euros. Une solution mise en place avec beaucoup d’agilité par les banques, qui a permis de maintenir à flot la situation financière des entreprises, mais qui aura des répercussions sur les années à venir. « Pour amortir les PGE, on trouvera des solutions, précise Serge Magdeleine, directeur général du CAAP. C’est dangereux de penser qu’il ne faudra pas les rembourser… Si la France est aujourd’hui un pays où il est facile de contracter un crédit, c’est parce que derrière, on est obligé de le rembourser. Le jour où cela s’arrêtera, cela deviendra très compliqué d’en obtenir un. On trouvera donc des moyens d’y parvenir, il existe une grande panoplie d’outils, on laissera par exemple plus de temps pour rembourser. L’horizon réglementaire est de 6 ans, mais il y a des discussions en cours (au niveau européen, Ndlr) pour rallonger ce délai ».
Face aux grandes difficultés rencontrées par les entreprises en 2020 et pour lesquelles la caisse régionale s’est largement mobilisée, l’activité s’est aussi développée dans de nombreux secteurs, « et il ne faut pas l’oublier » martèle son directeur, avec optimisme. Les résultats affichés en 2020 par le CAAP donnent « confiance sur notre capacité à accompagner les projets du territoire ». Les crédits « habitat » ont augmenté de 3,7 % entre décembre 2019 et décembre 2020, ceux des professionnels et des entreprises de + 9,5 % sur la même période. « Cela nous envoie le message que le territoire n’est pas mort, qu’il est résilient ». Chaque jour, le groupe bancaire finance 15 millions d’euros de projets pour le territoire Provence-Alpes.
Serge Magdeleine se dit même prêt à accompagner les collectivités qui en ont besoin. Le groupe a d’ailleurs fait la demande de rencontrer les maires des 20 communes les plus importantes du territoire. « On se tient prêt à accompagner la nouvelle municipalité marseillaise pour trouver des solutions innovantes » précise-t-il, sans vouloir commenter les récents événements liés au rapport de la Cour régionale des comptes et l’audit financier mené par un cabinet externe pour la majorité municipale.
Des filières plus porteuses que d’autres sur le territoire
« Ici, on souffre moins que dans d’autres régions, même si les entreprises de la filière touristique sont particulièrement impactées. On note que globalement, on a une filière de services à très forte valeur ajoutée, notamment autour des nouvelles technologiques, qui ont été moins impactées par la crise et poursuivent leur croissance » poursuit Serge Magdeleine.
Cela s’explique aussi par la diversité des secteurs d’activités présents sur le territoire comme le souligne Franck Alexandre, Président du conseil d’administration, vigneron à Gigondas dans une cave particulière dont il représente la 5e génération : « nous n’avons pas ici une économie tournée vers une seule industrie comme c’est le cas à Toulouse par exemple ».
Trois secteurs se sont particulièrement démarqués cette année par leurs résultats. La grande distribution, la technologie et tous les services associés qui ont enregistré « des chiffres de croissance exceptionnels », et les logisticiens qui ont été mis à contribution dans la gestion des commerces. « 70% de nos clients entreprises nous disent qu’ils ont fait une meilleure année 2020 que 2019. En revanche les 30% qui sont les secteurs événementiels, les filières industrielles, l’aéronautique, le tourisme, sont évidement en grande difficulté » détaille Serge Magdeleine.
« Je pense qu’en 2021, les entreprises qui auront la capacité à se transformer, à se digitaliser, à vendre à distance, à produire à distance, seront les gagnantes en 2021 et il y aura un rebond pour elles. Celles qui sont fermées administrativement, parce qu’elles n’ont pas d’autres choix, bien sûr, nous continuerons à les soutenir. Un commerçant qui va mettre en place une solution de e-commerce et de prise de commande à distance, je pense qu’il fera une bonne année 2021, et on va l’aider. Parce que ça nécessite un peu d’investissement et d’accompagnement, ce n’est pas que de l’argent » conclut-il.
Les perspectives pour 2021 : entre agilité et soutien financier
Les axes de travail pour le CAAP en 2021 repose sur 3 piliers. En premier lieu, continuer de soutenir les clients en difficulté, les entreprises frappées par la Covid et la clientèle fragile, mais aussi l’accompagnement des clients qui se développent dans leurs projets de transition et d’installation. Enfin, engager une démarche « agile à l’échelle de l’entreprise » pour transformer l’organisation et permettre de faire face aux nouveaux défis.
En effet, en temps normal, s’il faut compter environ 3 mois pour déployer un nouveau service, le CAAP s’engage à accélérer pour apporter des réponses en 48h. Comme ce fut le cas récemment avec la création du « PGE montagne », un prêt à taux zéro de 10 000 euros destiné aux saisonniers, directement impactés par le fermeture des stations de ski cet hiver.
Le directeur promet également l’embauche de 230 nouveaux collaborateurs, dont 100 jeunes en alternance. Un moyen d’apporter sa contribution à la reprise économique, en attendant « le retour de la confiance ».