« En-fin ! » C’est un peu le mot qui revient dans la bouche des acteurs de la métropole d’Aix-Marseille Provence. Après des années de débats, d’allers-retours au Parlement et de soubresauts divers, la nouvelle institution verra le jour le 1er janvier 2016. Elle comptera 92 communes et 1,8 millions d’habitants, ce qui en fera la plus grande métropole de France. Entre temps, la discussion a souvent tourné à la bataille d’experts : qui pour diriger cette fusion de six intercommunalités (Marseille Provence Métropole, CA Pays d’Aix, CA Pays d’Aubagne, CA Pays de Martigues, SAN Ouest Provence, CA Salon-Etang) ?

Jean-Claude Gaudin vient d’être élu président de la métropole, lors de la séance du 9 novembre 2015 qui s’est déroulée au palais du Pharo. Quant aux compétences de la métropole, elles seront déterminées de façon progressive jusqu’en 2020. En clair : tout peut encore bouger, pour ne pas brusquer les maires, qui ont engagé une fronde contre ce projet depuis le départ, mais commencent à adoucir leur discours.

Au dernier conseil municipal de Marseille le 26 octobre, Martine Vassal, adjointe au maire et présidente du Conseil départemental (LR), a ainsi lancé : « Il dépend de nous de faire ce que nous voulons de cette métropole. Et, il faut arrêter de s’opposer les uns aux autres, nous avons besoin de toutes les communes, de toutes les spécificités. (…) Il n’y a plus de clivage entre la droite et la gauche, il y a seulement l’intérêt des habitants. J’espère que cette métropole sera concertée et apaisée. » 

métropole, [Reportage] La métropole arrive bientôt : que va-t-elle changer ?, Made in Marseille

Une métropole utile et visible

Toutefois, si la métropole veut se faire aimer des citoyens, ce ne sera pas suffisant. Si elle veut se rendre compréhensible, il est indispensable qu’elle soit surtout utile. Qu’elle ne soit pas un nouvel échelon fantôme ou une usine à gaz, comme l’ont décrié ses adversaires.

Il faudra aussi que la métropole développe des projets concrets qui soient visibles au quotidien, pour des habitants dont les comportements sont déjà, en grande partie, métropolitains, que ce soit au niveau des loisirs, des transports ou de l’emploi. «Les études Insee, OCDE réalisées depuis quinze ans le montrent : si nous ne faisons pas la métropole, notre territoire va décliner : les investisseurs, les entreprises, les chercheurs vont là où les conditions de travail sont les meilleures », juge Stéphane Bouillon, le préfet de région.

Depuis le départ, les acteurs privés du territoire attendent avec impatience cette métropole qui leur permettra de concurrencer Gênes, Barcelone ou les autres métropoles européennes. Et d’être mieux reconnu à l’international. « La métropole est le grand projet des vingt prochaines années », argumentait déjà, en 2013, Jacques Pfister, le président de la Chambre de Commerce et d’Industrie  Marseille Provence (CCIMP). Il voyait dans cette métropole une avancée vers plus de clarté et plus de concertation. Et parmi les projets évoqués, il citait la culture en exemple : « La métropole doit gérer sa dimension stratégique avec notamment la gestion des grands équipements culturels. Il faut que cesse l’absurdité de voir Aix, Marseille ou Aubagne réaliser chacun les mêmes équipements au même moment sans concertation lorsque tout le monde comprend aisément qu’il n’en faut qu’un ! »

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Les compétences en débat

Sur le papier, les intercommunalités – qui seront transformées en « conseils de territoire » – ont du temps pour transférer leurs compétences à la métropole : développement économique, environnement, transports, voirie, traitement des ordures, aménagement du territoire, politique de l’habitat…

Le département, dont la disparition fut évoqué un moment, doit lui aussi léguer plusieurs de ses compétences à la métropole, parmi lesquelles l’aide sociale, le tourisme, la culture, les équipements sportifs ou les collèges ainsi que le transport, l’une des clés de la nouvelle institution. Il faudra donc que les élus s’entendent pour imaginer des projets qui correspondent à l’intérêt « métropolitain », et non plus qu’ils décident, dans leur coin, selon l’intérêt d’une seule commune. Jouer en commun, voilà l’ambition de cette métropole.

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Des impôts qui augmenteront ?

Depuis le départ, une autre question épineuse agite les élus : la fiscalité. Les maires se plaignent de se voir agglomérer dans une structure à fiscalité unique, alors que les différentes intercommunalités ne pratiquent pas le même taux d’imposition. Et les communes sont plus ou moins endettées selon leur situation économique et la gestion de leurs représentants.

Cela veut-il dire, pour autant, que les impôts augmenteront forcément ? Et que les petites communes paieront pour Marseille, comme c’est souvent évoqué ? Pas si sûr, puisque la fiscalité sera lissée sur… douze ans, comme le prévoit la loi. Suffisant pour harmoniser le tout.

Un espoir pour les transports

Parmi les avancées de la métropole, la création d’une seule entité pour gérer les transports de l’ensemble du territoire semble, pour le coup, une bonne idée. Aujourd’hui, ce sont près de dix organisations différentes qui s’éparpillent sur la métropole et fragmentent l’offre (RTM, Transports de l’Agglo, etc.).

Conséquence : 90% des déplacements se font en voiture, selon l’OCDE, en raison de la faiblesse des transports en commun. L’installation d’un pass unique dans toute la métropole ainsi qu’une meilleure visibilité des correspondances sera un atout prépondérant que le quotidien des citoyens.

Vincent Fouchier, directeur du projet métropolitain, a également avancé plusieurs projets qui pourraient changer la manière de circuler sur les grands axes : des voies de bus sur autoroute, des « métro-corridors » plus performants ainsi que le réaménagement de la gare Saint-Charles, dans un horizon certes plus lointain. Tout cela sera décidé par les élus, d’où la contestation autour du nombre de représentants de la ville de Marseille (108 sur 240), forcément privilégiée, puisqu’elle apparaît comme l’hyper-centre de cette métropole.

Enfin, les effectifs de la métropole d’Aix-Marseille Provence – point important qui détermine l’ensemble, les six intercommunalités ayant aujourd’hui, en tout, près de 7 500 agents territoriaux -, seront protégés. Et ne diminueront pas dès janvier prochain. Cependant, à terme, la logique veut que des mutualisations et des économies d’échelle permettent de réduire leur nombre, si des postes venaient à se chevaucher. Comme le rappelait Le Monde, Force Ouvrière organisait mardi 13 octobre une manifestation à Marseille contre le « rouleau compresseur de la métropole qui veut aplanir les acquis sociaux. »

 

 

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