Le projet Diams porté par la Métropole et l’Europe est un dispositif innovant et collaboratif de mesure de la qualité de l’air. 2 000 capteurs mobiles seront distribués aux habitants du territoire en 2021 pour enrichir les données sur la pollution. Cette expérimentation ambitionne d’impacter les comportements citoyens et politiques.

Ils étaient attendus en septembre 2020, mais une crise sanitaire sans précédent est passée par là. En effet, les 2 000 capteurs mobiles destinés aux citoyens pour mesurer la qualité de l’air de la métropole « sont produits et conçus en France, mais l’assemblage est fait en Chine où l’épidémie a causé des retards », nous explique Stephan Castel, responsable du pôle innovation à Atmosud (association agréée de surveillance de la qualité de l’air en Provence-Alpes-Côte d’Azur).

Passons sur ce petit paradoxe du bilan carbone pour produire ces outils d’aide à la lutte contre la pollution. Quant au retard, avec deux confinements et une société bouleversée, ils auraient mesuré des données peu représentatives des conditions normales sur l’année 2020. Comme nous l’évoquions dans de précédents articles, Stephan Castel confirme que « la qualité de l’air a été impactée par les confinements. Certains polluants comme les dioxydes d’azote (NO2) liés au trafic routier ont baissé quand des concentrations de particules fines ont augmenté ».

Quoi qu’il en soit, « ils sont attendus en juin 2021. Certains avant même », précise-t-il. Le projet Diams (Digital Alliance for Aix-Marseille Sustainability) pourra donc entrer dans sa phase opérationnelle cette année.

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Les capteurs développés par le groupe Tera basé au Rousset. Crédit photo : Métropole Aix-Marseille-Provence

Des capteurs à vélo, en voiture ou dans le jardin

Ce programme innovant, à la croisée du numérique et de l’environnement, a été lancé en 2019. Un projet à 4,8 millions d’euros porté par la Métropole Aix-Marseille-Provence et financé à 80 % par l’Europe. Sa particularité : le déploiement de plusieurs milliers de capteurs portatifs destinés à une mesure de la qualité de l’air citoyenne, participative et mobile.

« Des associations locales ont été sélectionnées pour faire le lien avec des habitants, distribuer les capteurs et expliquer le fonctionnement », raconte Stephan Castel. Certaines d’entre-elles ont d’ailleurs déjà développé des capteurs citoyens à Marseille. Toutefois, les habitants intéressés peuvent également prendre contact avec Atmosud ou la Métropole pour participer.

Ces capteurs, fixes ou mobiles, apporteront une nouvelle diversité de données aux mesures existantes, poursuit-il : « Certains les embarqueront en vélo ou en voiture et nous donneront des mesures sur des trajets et des axes variés. D’autres seront positionnés dans des logements sur des zones qui ne sont pas couvertes par nos stations ». Les citoyens ne sont pas les seuls dans la boucle. Certains seront disposés dans des écoles, des ruches urbaines, ou déployés par des entreprises comme La Poste, qui équipera 300 de ses véhicules.

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De nouvelles données qui peuvent amener leur lot de surprises

Toutefois, les mesures ne sont pas aussi précises que les équipements d’Atmosud qui analysent une grande variété de polluants. « Les capteurs citoyens se concentrent sur les particules fines », précise Stephan Castel. « Mais, ils permettront par exemple de préciser géographiquement la pollution. On peut s’attendre à des découvertes ou des surprises. Une zone que l’on pense très polluée peut s’avérer protégée par une barre d’immeuble par exemple ».

C’est un des intérêts de cette expérimentation : « nous allons améliorer la cartographie en temps réel de la qualité de l’air, sur tout le territoire métropolitain ». À Marseille évidemment, mais aussi autour de l’étang de Berre, à Aix, Allauch, Cabriès…

Développer une « météo de la pollution » participative

L’autre enjeu concerne la sensibilisation à la pollution. En impliquant les citoyens dans l’analyse participative de leur qualité de l’air, et en créant une plateforme ouverte pour communiquer les données, le programme vise une diffusion de la prise de conscience environnementale, et un impact sur les comportements. Une application smartphone de « météo de la pollution » en temps réel devrait ainsi voir le jour. « Le but est d’intégrer la qualité de l’air dans le quotidien de chacun, au même titre que les prévisions météo ou l’état du trafic », déclarait la Métropole.

« Il s’agit d’influer sur les politiques publiques aussi », insiste le responsable à Atmosud, « car elles ont un impact non négligeable sur la pollution. On voit par exemple que depuis 1990, sur le territoire, les émissions de dioxydes d’azote ont baissé de 60 %. L’objectif de Diams, c’est faire entrer l’air dans les actions citoyennes, politiques, et même économiques. Car tous ces acteurs sont impliqués dans le projet ».

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Une station de mesure de qualité de l’air au parc Longchamp ©DavidGirard2020

Dynamiser l’écosystème local de l’innovation

En effet, et c’est le troisième volet du programme, les élus, entreprises, scientifiques et citoyens sont réunis autour de ce programme collaboratif. Ils sont tous nécessaires pour atteindre sa finalité : la plateforme Diams diffusera des données analysables, accessibles et assimilables pour tous. L’écosystème scientifique et des entreprises innovantes sont donc mis à contribution pour créer des outils de récolte et d’analyse des données, mais également de communication.

Le programme vise également à dynamiser l’écosystème local de l’innovation, qui, par la création de ces nouveaux outils, soutenue par l’Europe, pourrait ensuite trouver des marchés dans les grandes métropoles du continent.

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