Reconquête industrielle, habitat, tourisme, énergie verte… La Banque des territoires est le bras armé de la relance économique dans la région. Au niveau national, elle mobilise 26 milliards d’euros d’investissement sur différents axes d’intervention. Le point sur quelques dispositifs phares avec Richard Curnier, directeur régional Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Financement du logement social, renouvellement urbain, soutien aux entreprises, mais aussi au monde de la Santé, la Banque des territoires, émanation de la Caisse des Dépôts, est sur tous les fronts du soutien aux territoires, avec un mot d’ordre : « la reprise doit être verte, solidaire et territoriale ».
Sur les deux à venir, 26 milliards d’euros sont ainsi mobilisés sur les 100 milliards du plan « France relance » de l’État, au travers de différents dispositifs et axes prioritaires. Un montant ventilé en fonction des projets proposés sur chaque territoire.
L’habitat : maintenir la croissance et l’activité
Le soutien au logement social est le cœur de métier de la Banque des territoires qui en est le premier financeur. Elle s’est donnée pour priorité de soutenir le secteur de l’habitat en relançant la construction et en accélérant les rénovations énergétiques de logements sociaux. Sa filiale la Caisse des dépôts et consignations Habitat a été recapitalisée pour racheter 40 000 logements au niveau national, en Vefa [vente en état futur d’achèvement – le promoteur demeure le maître d’ouvrage jusqu’à la livraison du logement, ndlr].
Dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, 7 516 logements ont ainsi été acquis de cette manière, 3 174 dans les Bouches-du-Rhône dont 288 logements conventionnés (logements sociaux). Le reste représente des logements libres à loyer minoré. « Au regard de la crise de 2008, les promoteurs craignaient de se retrouver avec des stocks. Grâce à cette forme de rachat institutionnel, la Caisse des dépôts les met sur le marché à la location ».
Pour soutenir la production de logements, des solutions sont adaptées au projet. Un organisme HLM peut ainsi emprunter sur une durée de 80 ans pour l’acquisition d’un foncier ; « la mise en œuvre d’un dispositif pour les « hauts de bilan » (financement à long terme des entreprises) permet aux bailleurs sociaux d’injecter des fonds propres dans les opérations. Par exemple, nous avons des prêts à 0% avec un différé de 20 ans. C’est-à-dire que le bailleur social ne paie rien pendant 20 ans, et à la fin de cette période, il rembourse sur 20 ans. Dans cette période, il y a un intérêt indexé sur le livret A, donc faible, explique Richard Curnier. Notre rôle est de financer au maximum ces opérateurs pour arriver à maintenir la croissance et l’activité ».
Le commerce : travailler sur la cellule commerciale
Le confinement long et les modalités strictes de déconfinement ont actuellement et auront à l’avenir un impact fort et durable sur le commerce de centre-ville. Des défaillances sont à anticiper et risquent d’entraîner une accélération de la vacance commerciale dans l’année qui vient.
Pour soutenir le commerce, la Banque des territoires déploie un milliard d’euros, notamment pour la création d’une centaine de foncières dans l’Hexagone, à la demande du ministre de l’Économie et des Finances. « Dans certaines villes, nous avons des surfaces de 200 à 300 m2 de locaux disponibles ou qui vont fermer. Le but est de véritablement travailler sur la cellule commerciale, de créer avec cet espace deux ou trois commerces, les réhabiliter, les remembrer et les remettre sur le marché avec des valeurs locatives un peu plus faibles, explique Richard Curnier, directeur régional de la Banque des territoires. Tout l’enjeu est qu’il n’y ait pas de commerce vacant ».
Ce travail est mené en étroite collaboration avec les collectivités. La création d’une foncière à Marseille est d’ailleurs en projet et discutée avec les services de la Ville et de la Métropole. Dans ce cadre, la création de nouvelles formes d’activités est encouragée par la Banque des territoires, d’autant que les commerçants ont montré leur capacité à se réinventer durant cette crise sanitaire.
L’entité a d’ailleurs financé pour une grande partie les solutions de « click and collect » ou encore le paiement sans espèce. Afin de répondre aux nouvelles attentes des consommateurs et des usagers, 7 millions d’euros sont consacrés au niveau national, à l’accompagnement et accélération de la transformation digitale des entreprises.
D’autre part, pendant 2 ans, 5 millions d’euros iront à la création de postes de « managers de commerce », sorte de médiateur entre les mairies et les commerçants, qui auront pour mission de « conseiller, guider et aider » les entrepreneurs à mettre en œuvre les solutions de relance d’activité.
La transition écologique et énergétique : mise en œuvre d’un « plan climat » de relance
Le 9 septembre dernier, la Banque des territoires et BPI France ont lancé en commun un « plan climat » pour accélérer la transition écologique et énergétique des entreprises et des territoires. Bpifrance et la Banque des Territoires mobiliseront 20 milliards d’euros pour aider les entreprises industrielles à se décarboner, développer la mobilité verte et améliorer l’empreinte environnementale des bâtiments des entreprises et des collectivités dans les territoires.
Ainsi, en France, 14,9 milliards d’euros seront déployés par les deux entités, pour améliorer l’efficacité thermique de 22 millions de m2 de bâtiments d’entreprises, de collectivités locales ainsi que la rénovation de plus de 500 000 logements sociaux.
14,5 milliards d’euros au total seront déployés pour la croissance des développeurs d’énergies renouvelables (ENR) avec un objectif de 8,8 GW de puissance installée, en France et à l’export.
La Banque des Territoires investit aussi dans la production d’ENR à hauteur de 900 millions d’euros dans les infrastructures sur 5 ans, dont 40 millions pour la production d’hydrogène vert dans les territoires. « Par exemple, nous avons pris une part importante dans Tenergie [producteur d’énergie renouvelable, ndlr], basée à Aix. Nous allons également lancer des expérimentations : un projet pilote dans le Var, avec Engie et la Chambre de commerce et d’industrie du Var pour alimenter les Bateliers en énergie verte. On peut imaginer, pourquoi pas, que demain les bateaux qui vont au Frioul soient alimentés avec des stations à hydrogène, dont tout le monde s’accorde à dire que c’est l’énergie de demain. Nous devons donc travailler activement sur ces sujets de mobilités ».
« La mobilité verte et résiliente »
Pour développer « la mobilité verte et résiliente » 3,5 milliards seront déployés avec notamment le financement de 11 000 véhicules verts et 50 000 bornes de recharge. En matière d’adaptation des mobilités post-Covid, la Banque des territoires financera aussi les plans de transformation des voiries des villes pour répondre aux enjeux des nouvelles mobilités (pistes cyclables, logistique urbaine durable …) et financera l’équipement en outils d’aide à la décision en temps réel.
Le verdissement de l’industrie est aussi au cœur de la relance. 1,5 milliard seront mobilisés au bénéfice de la décarbonation de plus de 1 300 entreprises industrielles. La Banque des territoires mobilisera 250 millions de fonds propres pour investir dans des actifs nécessaires à la transition écologique et énergétique d’industriels : production d’énergie renouvelable et locale par ces industriels (centrale biomasse, production de chaleur, de froid, hydrogène vert…) ou encore recyclage de leurs déchets.
« Nous travaillons aussi sur l’identification du foncier industriel pour voir dans quelle mesure nous pouvons accueillir de nouvelles industries ou des relocalisations et permettre à des opérateurs de venir plus facilement. La crise a montré que nous sommes très dépendant de l’international et des pays étrangers. Nous avons apporté 250 000 euros en plus de 250 000 euros de la région Sud pour le plateau technique de Rising Sud pour travailler sur cette question », reprend le directeur régional.
Le tourisme : soutenir la poursuite des investissements
Là encore, la Banque des territoires et Bpifrance se mobilisent pour soutenir les acteurs de la filière du tourisme, durement touchés par la crise sanitaire actuelle. Les deux entités du groupe Caisse des Dépôts déploient ainsi 3,6 milliards d’euros en prêts, en fonds propres et quasi-fonds propres et programmes d’accompagnement spécifiques d’ici à 2023.
La Banque des Territoires et Bpifrance agissent en complémentarité : la première au service des collectivités locales, des foncières et des sociétés d‘économie mixte ; la seconde auprès des entreprises. « Nous finançons cette activité au travers de fonds propres, car nous considérons que les exploitants seront confrontés à un mur de dette, sachant que nous intervenons plutôt sur l’immobilier et les infrastructures. L’idée est de voir comment, avec certains opérateurs, il est possible de créer ou renforcer des foncières, pour les soulager, mais également pour les encourager à poursuivre leurs investissements ».