Construite au début du XIXe siècle, la bergerie la Favouillane est le dernier témoin du patrimoine architectural camarguais. Mais sa charpente recouverte de roseaux et ses fondations uniques nécessitent une rénovation urgente. Les travaux devraient débuter en début 2021.
La bergerie de la Favouillane s’élève depuis de nombreuses années au sein du domaine du Radeau, près de l’actuel Port-Saint-Louis. Ses quatre murs et sa charpente à deux rampants, recouverte de roseaux, cachent un patrimoine local inestimable que le port de Marseille Fos s’engage à restaurer avec le soutien des collectivités territoriales. Les travaux débuteront dès 2021.
Un monument chargé d’histoire
« Il n’y avait pas de bergerie avant en Camargue. Les bêtes couchaient dehors. Ce sont les Romains, à leur arrivée en Gaule, qui ont propagé cette technique, nous racontait Jean-Claude Duclos, vice-président et cofondateur de la Maison de la Transhumance à l’occasion d’un reportage sur place en 2018, la bergerie aurait été construite au début du XIXe siècle pendant la période de la mérinisation, c’est-à-dire de la création de la race ovine mérinos d’Arles en croisant le mérinos d’Espagne avec la brebis locale ».
En 1972, le port de Marseille Fos devient propriétaire de ce patrimoine, alors dans un état de dégradation avancé. C’est grâce à la mobilisation d’une association et à l’intervention du maire de Port Saint-Louis du Rhône, qu’en 1980, le port de Marseille Fos commence la restauration de la bergerie.
Un patrimoine à entretenir
Entretenue jusqu’en 2002, la bâtisse se retrouve aujourd’hui de nouveau délabrée : « Elle correspond au dernier vestige encore debout d’une architecture particulière, à savoir la couverture de roseau », nous expliquait M. Duclos. Malheureusement, l’utilisation de ce type de matériau, d’une durée de vie d’environ 30 ans, rend également son entretien primordial.
Afin d’assurer une transition paysagère et environnementale avec les secteurs voisins (agricoles, naturels et urbains), le port de Marseille Fos a délimité une couronne agro-environnementale. Cette dernière fait l’objet d’un Plan de gestion des espaces naturels, prévoyant de conserver ou retrouver la diversité des paysages, habitats naturels et espèces sauvages dans un espace changé par l’homme mais toujours porteur de traditions. La bergerie fait partie de cette couronne. C’est pourquoi, en 2010, un diagnostic a été réalisé sur l’état de la bâtisse ainsi que les modalités de la restauration à prévoir pour lui redonner son éclat d’antan.
Des travaux estimés à 400 000 euros
Estimés à 400 000 euros, les travaux comprennent la réparation de la charpente et le renouvellement de la couverture en sagne [plante que l’on trouve dans les marécages, ndlr]. Il faudra également restaurer son mur pignon triangulaire, placé au sud, certains murets ainsi que des contreforts. Enfin, les travaux permettront de renforcer les fondations et de remplacer les menuiseries, dès que les financements le permettront.
Ce haut lieu du patrimoine camarguais devrait, par la suite, pouvoir accueillir de nouveau une activité pastorale traditionnelle. Il a également été proposé auprès de la direction régionale des affaires culturelles, pour devenir un monument historique.
Ce nouveau titre lui permettrait de recevoir des subventions complémentaires. « [Les] partenariats doivent s’étendre et s’intensifier pour donner un avenir à ce patrimoine au-delà d’une nouvelle restauration. C’est une responsabilité collective. En ce sens notre demande d’inscription à l’inventaire des monuments historiques est un acte fort qui manifeste la volonté du GPMM de pérenniser ce bien culturel commun pour le long terme », a déclaré Hervé Martel, président du directoire du port de Marseille Fos, dans un communiqué.