Le marché de la maîtrise d’œuvre a été attribué le 11 décembre pour la création du village d’entreprises nautiques à l’anse du Pharo, et sera dévoilé à la rentrée. Le chantier devrait être lancé fin 2021, pour une ouverture en 2025. L’opération a entrainé le départ de certains professionnels historiques du site. Le doute plane pour d’autres encore présents.
Emblématique par sa position exceptionnelle à l’entrée du Vieux-Port de Marseille, nichée sous le Palais du Pharo, l’anse du même nom est une petite calanque qui observe chaque jour depuis 2 600 ans, le va-et-vient des bateaux. Elle abrite encore des artisans des métiers de la mer, et des chantiers navals traditionnels.
En 2015, Marseille Provence Métropole (communauté urbaine MPM ex-Métropole Aix-Marseille-Provence) lançait le projet de création d’un village d’entreprises nautiques. Elle détruisait alors plusieurs hangars situés au fond de la friche portuaire de l’anse du Pharo, ainsi que des bâtiments techniques. Des rails de mise à l’eau et deux maisonnettes ont également été rasés.
À l’époque, le lancement du « village d’entreprises navales » souhaité par le président (LR) de la communauté urbaine, Guy Teissier, était annoncé pour la fin de l’année 2016.
« Une vitrine d’excellence » de l’activité nautique
La Métropole, créée en 2016, a ensuite récupéré cet espace d’intervention foncière de 15 600 m2 pour 870 000 euros. Sous la houlette de l’opérateur métropolitain Soleam, des études ont été commandées au bureau Earthcase pour préciser ce projet de création du village d’entreprises dédié aux métiers de plaisance.
Rendues en 2017, elles préconisaient un programme de démolition-reconstruction pour une partie en fond de calanque, et de restauration des locaux existants. Comme ceux de la Voilerie phocéenne, ainsi qu’en bordure de l’anse, où siègent actuellement les chantiers navals Borg et Sainte-Marie.
Le bureau d’études proposait également la création de deux jetées protégeant l’entrée du plan d’eau, ainsi que deux pontons flottants de 48 et 36 mètres, permettant l’amarrage de plus d’une vingtaine d’embarcations. Un môle de grutage est prévu [terre-plein équipé d’une grue pour déplacer les bateaux, ndlr] et deux aires techniques en restanque sur les terre-pleins pour accueillir chacune 20 bateaux en réparation et une aire de carénage pour le nettoyage des navires. A cela s’ajoutera la construction de bâtiments de 3 500 m2, qui accueilleront, à terme, bureaux et commerces.
Un projet estimé à environ 10 millions d’euros
« Le devis est estimé à une dizaine de millions d’euros qui permettront d’aménager une voie d’accès avec des aires de retournement poids lourd et livraison, ainsi qu’un parking professionnel, un parking visiteur… », explique aujourd’hui Lionel Royer Perreaut, président (LR) de la Soleam et maire (LR) des 9-10e arrondissements de Marseille.
« C’est un projet qui a du sens parce qu’il fixe l’anse du Pharo comme un territoire à fort potentiel autour des entreprises nautiques. Il offrira, bien évidemment des locaux beaucoup plus modernes et permettra de développer des activités nautiques de manière plus poussée. Nous avons l’ambition que ce village devienne une vitrine d’excellence en la matière », poursuit Lionel Royer-Perreaut.
Le maître d’œuvre annoncé à la rentrée pour lancer les travaux fin 2021
Dans le cadre de la commission d’appel d’offres, le marché de la maîtrise d’œuvre, chargée de la conception du projet, s’est vu attribuer vendredi 11 décembre. Le maître d’œuvre sera donc annoncé à la rentrée. Puis une série de diagnostics techniques seront lancés.
Le chantier devrait débuter fin 2021 pour une durée de 18 à 24 mois. Le pôle nautique devrait voir le jour en 2025, selon Lionel Royer-Perreaut.
Certains professionnels mis dehors
Parmi la douzaine d’entreprises qui se trouvaient dans le périmètre, siégeait la société de vente et de location de bateaux Euromar, dont le local a été détruit en 2015. Relogée un temps par la Métropole dans un local en face du terrain, elle a été contrainte de se réimplanter dans le 11e arrondissement dans l’attente d’emménager dans les nouvelles constructions : « Les professionnels qui étaient installés sur l’anse du Pharo devaient être recasés dans de nouveaux locaux mais ils nous ont mis dehors avec des AOT (autorisation d’occupation temporaire), que nous avons accepté. Mais elles ont été raccourcies et ils nous ont poliment mis à la porte », témoigne Julien Chaperot, président d’Euromar.
Selon Lionel Royer-Perreaut, « le bâtiment de la société a été démoli par la Métropole avant la concession à la Soleam, en 2018. Il n’y a pas d’engagement de relocalisation d’Euromar sur le site. Elle pourra néanmoins répondre à la consultation qui sera lancée pour la location des nouvelles surfaces créées à l’anse du Pharo ».
L’emblématique Voilerie Phocéenne ne devrait pas déménager
Aujourd’hui, la Voilerie phocéenne subsiste, implantée depuis 1972 sur le littoral marseillais. Reprise en 1979 par son gérant actuel, Hervé Cordesse, il y fabrique des voiles de façon artisanale dans son atelier de 500 m2. Le bâtiment a été construit durant l’après-guerre, en 1948.
« Nous avons une AOT jusqu’en 2024. Après cela, seront-nous relogés dans le nouveau bâtiment ? Comme je leur ai dit, la voilerie dans le bâtiment actuel, avec les frais que cela implique et le travail que l’on peut y faire, c’est viable. Dans un bâtiment neuf, plus cher, ce moins sûr. J‘ai 64 ans. Je vais sur mes 65. Dans 3 ans et demi, soit je passe la main, soit on arrête », nous confie Hervé Cordesse.
De son côté, la Soleam se dit prête à s’entretenir, lorsque la situation le demandera, avec le gérant de la Voilerie phocéenne. Lionel Royer-Perreaut soutient qu’« il n’y a pas d’enjeu de déplacement immédiat de la voilerie. Et nous sommes tout à fait disposés, et c’est d’ailleurs le but de l’opération, à ce qu’ils restent sur l’anse du Pharo. La Voilerie Phocéenne ne doit pas déménager ».
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