Etat des lieux, mesures d’urgence et aménagement de long terme… Ce vendredi 23 octobre au soir, la nouvelle municipalité de Marseille a lancé la première d’une longue série de réunions publiques avec les habitants de Noailles. Elle marque la volonté d’une « co-construction » dans la réhabilitation de ce quartier, impacté et meurtri par l’habitat indigne et dégradé.
Le Printemps marseillais, qui s’est emparé de la mairie de Marseille cet été, est très attendu sur la question de l’habitat indigne, dont il a fait un sujet phare de sa campagne. Bientôt deux ans après l’effondrement de la rue d’Aubagne qui a coûté la vie à 8 personnes le 5 novembre 2018 et meurtri le quartier de Noailles, la nouvelle municipalité tenait, ce vendredi soir, une réunion publique d’information et d’échanges avec les habitants du secteur.
« Noailles, état des lieux de l’action de la nouvelle municipalité et avenir du quartier », voilà pour le thème de cet échange. Il était animé par la maire des 1er et 7 arrondissements, Sophie Camard, l’adjointe à l’urbanisme, Mathilde Chaboche, l’adjoint à la lutte contre l’habitat indigne, Patrick Amico, Yannick Ohanessian, adjoint à la sécurité, et Théo Challande-Névoret, en charge de la démocratie locale. Une centaine de citoyens ont pu y assister, poser leurs questions ou faire part de leurs interrogations aux élus.
Les immeubles au 69 et 71 ne seront pas détruits
Comme révélé par La Tribune de l’art cette semaine, la réunion publique a été l’occasion de confirmer que l’équipe municipale a décidé d’annuler la destruction des numéros 69 et 71 de la rue d’Aubagne. L’ancien maire, Jean-Claude Gaudin avait pourtant signé un arrêté de déconstruction en avril dernier, pour ces deux immeubles voisins de ceux effondrés le 5 novembre 2018.
Patrick Amico a annoncé que les dernières expertises permettent d’éviter les destructions. Des travaux de consolidement seront lancés dans les prochains jours sur ces immeubles. Ils permettront notamment de rouvrir le haut de la rue d’Aubagne à la circulation piétonne dès la semaine prochaine, bloquée depuis deux ans par un périmètre de sécurité.
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« La Ville ne peut agir seule, mais rien ne peut se faire sans elle »
Des travaux d’office qui concerneront également d’autres immeubles voisins, et permettront à la vie de commencer à reprendre progressivement.
Il s’agit avant tout de « mesures d’urgence », précise Patrick Amico. C’est la Métropole qui devrait mener le réaménagement structurel du quartier. Notamment à travers la société publique locale d’aménagement d’intérêt national (SPLA-IN), créée cet été, et dont elle détient 59 % du capital social. « Des choses sont dans les starting block, et nous demandons l’installations rapide de cet outil dont on est encore en attente d’un lancement officiel », a précisé Sophie Camard.
Mais la majorité municipale reste force de proposition : « la Ville ne peut agir seule, mais rien ne peut se faire sans elle » rappelle-t-elle. Notamment dans le rôle essentiel qu’elle joue pour faire le lien avec les habitants, afin qu’ils participent de près à la réhabilitation profonde de ce quartier populaire de l’hyper-centre de Marseille.
« Le point de départ d’une co-construction »
Et c’est ce point qu’a tenu à appuyer Théo Challande-Névoret, adjoint en charge, entre autres, de la démocratie locale.
Le jeune élu a insisté sur la « construction collective et citoyenne du quartier de Noailles […] Le point de départ de toute consultation ce n’est pas d’imposer un projet qui vient d’en haut, mais qui vient du bas, en demandant votre avis sur la manière qui vous semble la meilleure », a-t-il insisté.
Cette première réunion est donc pour lui « le point de départ d’une co-construction », et de nombreuses réunions devraient suivre. L’adjointe à l’urbanisme Mathilde Chaboche souhaite créer « des ateliers populaires d’urbanisme » et une boîte mail sera mise en place dès la semaine prochaine pour faire remonter les questions et doléances des habitants. Enfin, sur les opérations en cours, « la Ville veut faire preuve de transparence », affirme Théo Challande.
Des flous demeurent pour les habitants
La transparence, justement, une question importante soulevée par l’assemblée, ce vendredi soir, alors que beaucoup de locataires et propriétaires se plaignent d’être mal informés. En particulier sur les expertises concernant leurs logements et les opérations qui les visent.
« On voudrait être reconnus comme victimes », demande un propriétaire. « Combien de temps vont durer les travaux de confortement ? » interrogent certains. « On ne sait pas si on peut continuer à se projeter dans notre immeuble », questionne un autre. « Notre copropriété est saine, on est un peu démunis et sans réponse. Aujourd’hui, on a besoin de savoir si on va pouvoir rester chez nous ». Des problématiques dont les réponses devront encore être précisées.
Quel avenir à l’emplacement des immeubles effondrés ?
« La dent creuse » : le terme ne plaît pas aux élus mais ils trouvent difficilement comment évoquer le vide laissé à l’emplacement des numéros 63 et 65, rue d’Aubagne.
La maire de Marseille, Michèle Rubirola, a reçu les familles des victimes et leur a demandé leur avis sur l’avenir de ce site. Une concertation avec les habitants s’appuiera ensuite dessus pour décider d’un projet.
Jardin partagé, jeux pour enfants, centre social, lieu d’expression… De nombreuses idées sont déjà évoquées. Mais cet espace hautement symbolique sera, quoi qu’il en soit, dédié à la mémoire des disparus.
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