Ce matin, sur le Vieux-Port, les professionnels de différents secteurs de la filière de l’événementiel se sont enchaînés symboliquement pour lancer un cri d’alerte, avec un mot d’ordre : « Faites-nous confiance ! »

Je suis ingénieur son, diffuseur de spectacle, voix off, technicien effets spéciaux, performer, organisatrice de congrès… Ils sont tous des professionnels de la filière événementielle. « Les oubliés de cette crise », clament-ils.

, Les professionnels de l’événementiel s’enchaînent symboliquement sur le Vieux-Port, Made in Marseille

Derrière leur identité, c’est d’abord leur profession qui s’inscrit en blanc sur un panneau noir. L’image est forte et renvoie à ces heures sombres de l’histoire, lorsque le slogan « Je suis Charlie » créé par le graphiste Joachim Roncin, a inondé les réseaux sociaux et les rues de France, à la suite de l’attentat contre le journal Charlie Hebdo.

Il fallait cette symbolique forte pour représenter un secteur qui se meurt. Ce matin, 300 professionnels de l’événementiel représentant plus de 140 métiers, masque sur le visage, se sont enchaînés symboliquement depuis l’ombrière du Vieux-Port jusqu’à l’Hôtel de Ville.

La chaîne en guise de séparation pour respecter les règles de distanciation, et tous comme les maillons d’une seule chaîne pour lancer un message aux donneurs d’ordre et à leurs clients : « Faites-nous confiance ! »

Ils attendent aujourd’hui que leurs clients continuent à croire en leur professionnalisme comme ils le font depuis toujours pour la réalisation de leurs événements.

« On peut organiser des événements en toute sécurité »

« Si on fait tout ça c’est pour avoir un impact. C’est pour être entendus, pour montrer qu’on est là, qu’on existe, qu’on veut travailler et qu’on peut le faire en toute sécurité. Même si les rassemblements sont autorisés jusqu’à 1 000 personnes, les gens ont peur d’envoyer leurs salariés dans nos régions, et on est ici aujourd’hui pour montrer à nos clients qu’on peut organiser des événements en toute sécurité avec les gestes barrières qu’on a étudiés, qu’on a prévus », explique Olivia Norol, de Meffre traiteur.

Comme elle, tous se disent inquiets de l’allocution d’Emmanuel Macron prévue demain soir. « On a peur d’un couvre-feu et que ça dure jusqu’au printemps. Beaucoup de sociétés pourraient ne pas se relever de cette crise ».

Depuis le mois de mars, le secteur de l’événementiel est en suspens… En suspens comme d’autres secteurs d’activités, de l’annonce de nouvelles consignes sanitaires, mais aussi en situation de pause tant la crainte de rassembler semble « contaminer les décideurs, les donneurs d’ordres, inquiets face à cette situation sanitaire inédite et surtout à un contexte réglementaire que personne ne peut anticiper, expliquent les organisateurs de cette mobilisation. Peut-on priver indéfiniment les gens de se former, les professionnels de se réunir et de rencontrer leurs partenaires, leurs clients…. Les événements professionnels ou privés ne sont pas superflus : ils sont essentiels à la vie sociale, économique, personnelle des entreprises et de leurs publics, des institutions, des professionnels tous métiers confondus ».

Réinventer les événements

« Ça fait six mois que, malheureusement, on nous interdit de travailler alors qu’on est capable comme tout le monde de travailler en adoptant les mesures sanitaires, poursuit Thomas Kuntzmann, ingénieur lumière. On aimerait bien retourner à notre travail et à notre passion, qui est le spectacle, le son, la lumière… C’est notre vie, et malheureusement on ne nous fait pas confiance ». 

Annulation ou reports d’événements, organisation d’événements hybrides alliant présentiel et virtuel… les professionnels soulignent qu’ils réinventent leurs opérations, chaque jour, « conscients de leur responsabilité sociale et des enjeux sécuritaires et hygiéniques dont ils sont en partie les garants en rassemblant », poursuivent les organisateurs et précisent : « Si l’épidémie Covid 19 est une nouveauté pour tous, c’est un secteur qui a cependant toujours anticipé et contrôlé la sécurité des participants et qui en connaît les enjeux : normes incendie, sécurité électrique, plan de sécurité des sites, calcul de capacités d’accueils… autant de normes qui font partie intégrante de nos métiers ».

Si les professionnels ne sont pas entendus, ils prévoient d’autres opérations dans les prochaines semaines.

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