Les parents d’élèves de l’école de Bois Luzy organisent un pique-nique quotidien dans la cour. Une action pacifique pour trouver des solutions face aux grèves de cantines récurrentes. Un recrutement en profondeur est prévu par la nouvelle municipalité mais la piste de renforts d’urgence venus d’autres établissements est évoquée.
Le petit Lucien est tout sourire. Ce n’est pas tous les jours qu’il dévore une grande part de pizza en plein milieu de la cour de son école lors d’un pique-nique géant avec ses parents. « C’est trop bon, mais la cantine j’adore aussi ! », nous confie-t-il. Car si l’ambiance est à la fête ce lundi midi à l’école de Bois Luzy (13012), il s’agit de faire la lumière sur « une situation de grève récurrente dans les cantines. Mais de manière positive, sans polémique ni récupération politique », nous confie ce jeune papa.
30 jours de grève l’année dernière, déjà six jours cette année
« On n’en veut ni aux personnels de cantine, ni aux Atsem, ni à personne, mais aujourd’hui, le choses doivent se débloquer », poursuit-il. Si on en croit Joëlle Levie, déléguée de parents d’élèves de l’école, cette cantine « est une des plus impactées par les grèves à répétition. L’année dernière, il y a eu près de 30 jours de fermeture, hors période Covid. Cette année, déjà six jours. Aujourd’hui rebelote, et on ne sait pas jusqu’à quand ». La raison ? « La cantinière s’est retrouvée toute seule à cause du manque de personnels, et ne peut plus assurer la restauration dans ces conditions. On le comprend tout à fait, il lui manque deux aides pour travailler ».
Sans restauration scolaire, « beaucoup d’enfants ne peuvent pas aller à l’école, car les parents ne peuvent pas les récupérer à midi ». D’autres posent des heures, ou des jours de congés « mais cela finit par avoir un vrai impact sur le travail. Nos employeurs sont sympas, mais il y a des limites », explique Joëlle Levie. La présidente des parents d’élèves, Audrey Vallerian reprend : « Certains jours, des parents récupèrent une dizaine d’enfants pour faire la cantine chez eux. Les grand-parents aussi sont très sollicités ».
Comme Mireille, qui est « mamie d’élève », et présente pour son petit-fils ce midi. « On nous dit qu’avec le coronavirus il faut éviter les enfants, mais on ne nous donne pas le choix. Je suis à la retraite, et donc la seule qui peut venir à midi quand il y a grève à la cantine ».
« Nous ne pouvons pas embaucher à la va-vite»
Ces pique-niques symboliques se tiendront donc « tant que la grève dure à Bois Luzy », assure Joëlle Levie. « C’est pacifique, il n’y a rien de partisan ni de politique. On veut juste que les choses bougent. Et tout de suite, pas dans trois mois ». C’est donc à la mairie centrale que s’adresse le message, qui sera suivi d’une pétition en fin de journée, alors qu’une procédure de mise en demeure est également envisagée.
En conseil municipal, la semaine dernière, le nouvel adjoint à l’éducation et aux cantines scolaires, Pierre Huguet, n’a pas manqué l’occasion de rappeler que la situation ne date pas d’hier : « ce sont 25 ans de nœuds qu’il nous faut dénouer petit à petit mais avec détermination », lançait-il, avant de présenter son projet de « refondation de l’école à Marseille ». Il repose sur trois grands principes : « recrutement, réorganisation et concertation ».
🏛 Retrouvez l’intervention au conseil municipal de @marseille, de notre camarade @huguet_pierre, adjoint à l’éducation, sur la situation des écoles marseillaises. #Marseille pic.twitter.com/cTgHb2d0DA
— Génération•s Marseille (@GenerationsMars) October 6, 2020
Un recrutement qui est très attendu du côté de Bois Luzy, entre autres, mais qui prend trop de temps alors que les grèves de cantines se répètent. Conseillère municipale du Printemps marseillais à la mairie de secteur (11-12), Frédérique Audibert était présente « en soutien au parents, cantinières et Atsem. Car cette grève est légitime ». Un soutien symbolique puisqu’il appartient à la mairie centrale de renforcer les personnels. L’élue de secteur explique que « nous ne sommes aux manettes que depuis 100 jours. Et nous ne pouvons pas embaucher à la va-vite ».
C’est pourtant une solution d’urgence qui est demandée par les parents en difficulté. Elle pourrait venir de renforts de personnels d’autres établissements, nous laisse-t-on entendre du côté de la mairie, ou en faisant appel à une société privée comme l’évoquent les parents. Pour l’heure, Pierre Huguet ne confirme aucune de ces deux pistes. L’adjoint à l’éducation et aux cantines scolaires nous assure « travailler au maximum pour que les écoles ouvrent en préservant la santé des agents et des enfants ». Sans plus d’assurances à court terme, les parents et élèves de Bois Luzy investissent la mairie des 11-12 ce mardi midi pour demander que soit fait le nécessaire pour la réouverture de leur cantine.