Le photographe marseillais Michel Eisenlohr expose en photos la richesse archéologique de la Syrie au Musée d’archéologie méditerranéenne de la Vieille Charité. Il redonne vie à des sites exceptionnels, aujourd’hui détruits par le conflit syrien. L’exposition inaugurée ce jeudi soir, questionne « avec optimisme » nos civilisations et la destruction du patrimoine culturel.
« C’était mon premier reportage photo, en 2002. C’était plus un carnet de voyage en Syrie. Je ne savais pas la tragédie qui se déroulerait plus tard ». Presque 20 ans après, le photographe marseillais Michel Eisenlohr présente des photos devenues rares et précieuses de vestiges archéologiques syriens exceptionnels aujourd’hui disparus. « La Syrie que j’ai connue avant la guerre était l’image inverse de ce qu’on en voit aujourd’hui. Très accueillante, où les châteaux chrétiens de croisés côtoient des mosquées sublimes ».
Palmyre, en particulier, est la vedette posthume de son exposition « Palmyre – Alep – Damas, La Syrie en noir et blanc », inaugurée aujourd’hui à 18h30 à la Vieille Charité au Panier (2e). Cette cité antique, classée au patrimoine mondial de l’Unesco, « a été largement détruite par l’État islamique durant la guerre », rappelle le photographe. « Sûrement à cause du symbole qu’elle représente, très ouverte idéologiquement, avec beaucoup de croyances représentées ».
Au cours des siècles, Grecs, Romains, chrétiens et musulmans ont bâti la richesse culturelle et civilisationnelle de ce site, que ces clichés permettent de redécouvrir en noir et blanc. « J’utilisais un appareil argentique à l’époque, ça aussi c’est archéologique ! Comme ces photos, dont ce n’était pas la première vocation. Mais l’Histoire leur a donné cette valeur particulière, en passant de carnet de voyage à archives patrimoniales ».
Un exposition « optimiste »
Ses 37 clichés inaugurent le nouveau parcours du Musée d’archéologie méditerranéenne (MAM). Les photos disposées dans la salle font écho aux centaines de chefs-d’oeuvre de sculpture, joaillerie, des arts du verre et de la céramique, témoins de la force créatrice des civilisations proche-orientales.
« Pourquoi exposer cela ? » questionne la directrice du MAM, Muriel Garsson. « Car la destruction des monuments fait partie de l’histoire des civilisations, mais la reconstruction aussi. Comme le Parthénon à Athènes, détruit et reconstruit à plusieurs reprises au fil des siècles. Nous souhaitions apporter un discours « archéo-sociologique » de reconstruction, optimiste. Notamment aux jeunes qui seront invités ici ».
Michel Eisenlohr voit aussi dans ses photos de la Syrie d’avant-guerre un questionnement « sur la fragilité d’une civilisation, qui résonne fort aujourd’hui. Pas qu’en Syrie avec la guerre, mais chez nous aussi avec le Covid. Quelques jours, quelques semaines, peuvent bouleverser plusieurs millénaires d’une civilisation ». Il évoque aussi l’explosion de Beyrouth, récemment au Liban, Notre-Dame de Paris. Et plus loin dans l’Histoire l’incendie de Rome, ou la destruction de la bibliothèque d’Alexandrie, comme autant de rappels à la valeur et la préservation du patrimoine.
Vernissage en musique jeudi 10 septembre à 18h30
Le vernissage de l’exposition « Palmyre – Alep – Damas, La Syrie en noir et blanc » se tient ce jeudi 10 septembre à 18h30 au Musée d’Archéologie Méditerranéenne (13002), en présence de l’adjoint à la Culture de Marseille, Jean-Marc Coppola.
À cette occasion, un concert gratuit « sensible et festif » sera donné à 20h, intitulé « itinérances » et qui pourra prendre tout son sens, en ces temps inédits. La musicienne et les musiciens sont originaires de différentes régions méditerranéennes et limitrophes : Liban, Algérie, Arménie, Corse.