Le rebond de l’épidémie est bien réel à Marseille. L’AP-HM accueille aujourd’hui 111 patients Covid dont au moins 24 sont en réanimation. Une dizaine de personnes sont décédées après une infection au virus la dernière semaine. Les hôpitaux se préparent à la seconde vague et appellent la population au respect des gestes barrières.
Jean-Olivier Arnaud, directeur général des Hôpitaux Universitaires de Marseille (AP-HM) et le professeur Dominique Rossi, président de la commission médicale d’établissement (AP-HM) ont donné, ce mercredi 09 septembre, un point de situation sur l’organisation des hôpitaux publics marseillais face au rebond de l’épidémie.
« Au moment où je vous parle, nous avons 111 patients Covid à l’AP-HM, dont 24 en réanimation », annonce le directeur général des hôpitaux publics. « 26 en réanimation », reprend plus tard Dominique Rossi. Celui-ci explique que « les choses se sont un peu emballées ces derniers jours. Les chiffres montaient ces dernières semaines, il y a eu un coup d’accélérateur franc la semaine dernière avec le doublement des réanimations ». Alors que 15 à 20 % des malades en réanimation décèdent : « une dizaine de patients sont décédés à l’AP-HM la semaine dernière. Très âgés pour la majorité, mais pas exclusivement », précise le président de la commission médicale d’établissement.
Les indicateurs de l’épidémie se sont dégradés dans la région ces derniers jours selon l’Agence régionale de santé (ARS). En début de semaine, dans les Bouches-du-Rhône, le « taux d’incidence » (nombre de nouveaux cas positifs sur les 7 derniers jours) était de 177/100 000 habitants. Presque trois fois supérieur à la moyenne nationale, située à 63,7. Une situation particulièrement inquiétante à Marseille, où ce chiffre atteint 280 en moyenne. Pour la tranche d’âge 20-40 ans, il explose à 360. Cela n’étonne pas les médecins après un été où les touristes et les rassemblements festifs et familiaux ont été nombreux dans le sud de la France.
« Nous avons des marges suffisantes en lits de réanimation et de médecine »
Pour autant, avec 111 patients Covid, l’AP-HM est bien loin des « 300 à 400 que nous avions durant la crise de mars-avril », poursuit Jean-Olivier Arnaud. « Nous n’avons pas atteint notre capacité maximale et avons des marges suffisantes en lits de réanimation et de médecine ». Mais face à l’augmentation des cas, les Hôpitaux Universitaires de Marseille anticipent et augmentent leurs capacités.
D’abord avec l’ouverture de lits supplémentaires en réanimation, médecine et « post-urgence ». « Nous aurons 17 lits supplémentaires d’ici 15 jours, dont 9 avant la fin de la semaine », avance le directeur général des Hôpitaux Universitaires de Marseille. Il rappelle notamment que l’IHU Méditérannée Infection du professeur Raoult est « sacralisé », avec 75 lits dédiés au Covid.
Ensuite avec le recrutement d’une vingtaine de soignants, formés spécialement à la prise en charge de patients Covid, ainsi que des renforts en laboratoire pour les dépistage, et pour le traitement administratif.
D’un point de vue matériel, masques, gants et respirateurs, « on est large », estime Jean-Olivier Arnaud, avec des « stocks entièrement reconstruits et des délais rallongés ». Il rappelle que les respirateurs commandés en surnombre sont toujours là et que 200 lits de réanimations peuvent ainsi être équipés. Le parc de lits, justement, a été entièrement renouvelé indépendamment de la crise, et les anciens, une fois « réformés », peuvent offrir 40 à 50 lits supplémentaires.
Les patients non-covid « doivent continuer de venir se soigner »
« Dans les jours qui viennent nous seront en mesure d’assumer les patients Covid et tous les autres patients, dans tout Marseille », affirme le directeur de l’AP-HM. Il insiste particulièrement pour ne pas reproduire la problématique de non prise en charge des autres maladies durant la première vague. « On n’a pas encore les patients en retard de la dernière crise. Nous mettons tout en place pour préserver toutes les prises en charge. Il faut que les patients non-covid continuent de venir se soigner pour éviter des nouvelles accumulations, ou des aggravations des pathologies ».
« Les citoyens peuvent agir en portant le masque et respectant les gestes barrières »
« Le vrai challenge, c’est de préserver les activités non-covid », martèle le professeur Dominique Rossi. Pour préserver les capacités maximales de prises en charge de tous les malades et éviter l’engorgement dû au Covid « nous demandons à ce que la totalité des mesures prises par les pouvoirs publics soient respectées ».
Alors que la maladie semble prendre la même forme qu’au printemps, selon l’AP-HM, « le port du masque et la désinfection des mains sont des mesures très importantes », pour endiguer la propagation du virus, rappelle le président de la commission médicale d’établissement. « Mais ce qui est en jeu, ce sont contaminations lors de regroupements festifs ou familiaux, où on relâche les gestes barrières. Les citoyens peuvent agir en portant le masque et respectant les gestes barrières ».