La directrice du théâtre de La Criée, Macha Makeïeff, lève le rideau sur la saison artistique 2020-2021, placée sous le signe des « Joies souveraines ». Pour l’occasion, la metteure en scène s’est livrée pour la « minute made ».
Après cette longue période de confinement, cette traversée inédite de pandémie, où la culture a été mise en berne, c’est un grand moment que s’apprête à vivre le théâtre de la Criée, à Marseille. Théâtre, musique, danse, arts du cirque, rencontres et conférences, expositions… C’est ce jeudi 18 mai, que sa directrice Macha Makeïeff dévoile les temps forts de cette nouvelle saison.
Une forme de libération et de soulagement, après avoir connu « la douleur de voir que des spectacles n’avaient plus lieu. Avec les artistes, on se disait que c’était une perte irréparable ». Puis les idées fusent, les projets s’imposent, « la riposte » de l’art avec un grand A, sous toutes ses formes, mais surtout pour tous. « Le manque est une expérience fondamentale, et ça nous pousse à l’invention tout de suite. Ça nous pousse aussi à nous dire que nos missions sont vitales ».
Le théâtre va ouvrir en grand ses portes « pour accueillir » tous les publics et leur faire découvrir cet univers, notamment au travers du projet « Rêvons au théâtre, été 20 », mené en partenariat avec des associations du territoire. « Durant cette période inédite, on a vérifié le vide sidéral quand les lieux d’art et de culture ne sont plus accessibles. Ça, on l’a vérifié dans nos corps. Mais tout le monde, même ceux qui sont intimidés, même ceux qui tournent autour du théâtre et n’osent pas y entrer, vont y entrer grâce aux associations ».
Puis, naturellement, La Criée va vibrer au rythme des « Joies souveraines », reines de ce nouveau récit. « On embarque et on va traverser plein de choses ». Écologie, droit, démocratie, fantastique, virtuosité… sont quelques-unes des thématiques de cette nouvelle saison. « La création est toujours là », pour questionner, interpeller, bousculer parfois, pour provoquer… des émotions.
« Un lieu de partage, de joie, de rencontres »
« Ça va être un lieu de partage, de joie, de rencontres », assure la metteure en scène. « D’un côté, il y a notre travail, notre mission de transmettre l’art et le théâtre. De l’autre côté, de partager des choses délicieuses, des réjouissances. Parce que le théâtre, c’est la réjouissance dans la vie ».
Si la célébration de la culture est d’actualité, la période a fragilisé la structure. « Les moyens financiers sont une chose importante. Il faut que les politiques se rendent compte de tout ce que l’on produit, même si c’est quelques fois immatériel ». Macha Makeïeff adhère à cette notion de « réinventer la culture », utilisée par le président de la République. « La politique, c’est prévoir. Je pense qu’il a mis le doigt sur la nécessité d’anticiper un peu et nous n’avons pas manqué de le faire. Je suis très positive pour la suite. Nous avons des outils magnifiques, et une chance incroyable de pouvoir accueillir les autres ».
À l’heure où le numérique a fait entrer la culture dans des milliers de foyers durant le confinement, le digital peut aussi devenir pour elle un objet artistique à part entière, à condition d’y avoir un lien direct avec le spectacle vivant. « J’ai rencontré des artistes du numérique absolument formidables, et j’ai bien l’intention qu’on s’y intéresse ici, dans ce théâtre », poursuit la directrice. « On va faire un grand pas vers le numérique artistique. Je pense que c’est un outil qui peut devenir une œuvre à certains endroits. De l’art aussi. J’ai beaucoup à apprendre en la matière, regarder parce que c’est une chose que je ne maîtrise pas du tout », poursuit-elle, avec humilité.
Pour cette nouvelle saison, son message est clair : « Venez au théâtre. Réjouissons-nous, qui que l’on soit. Ici, on ne mesure pas, on ne se juge pas. On ne vous demande pas votre identité. C’est un espace d’absolue liberté, politique et poétique ».