Après deux ans de travaux, la Rotonde Pautrier, élément architectural remarquable et témoin de l’histoire ferroviaire marseillaise est remise en marche. L’inauguration par le président de la Région Sud et le PDG de la SNCF a été animée par des débats avec les cheminots autour de l’ouverture à la concurrence des TER.
C’est un bâtiment emblématique de Marseille et de l’histoire ferroviaire, décrit comme « élément bâti remarquable » par le PLU de la ville. La Rotonde Pautrier a été construite en 1889 à proximité de la gare Saint-Charles. Un élément architectural audacieux qui permettait, grâce à un plateau central pivotant, de remiser et entretenir les locomotives à vapeur.
Mais la structure était conçue pour accueillir ces anciennes voitures motrices seulement. Elle est devenue obsolète au fil du temps et de la modernisation des trains, dont les gabarits ont changé.
Elle retrouve pourtant sa fonction première après avoir été désaffectée des années, et menacée de disparaître. Une rénovation permet de nouveau aux trains d’y accéder, alors que les éléments architecturaux remarquables ont été conservés. En particulier la structure métallique emblématique de l’époque, et ses poutres en fonte.
Un chantier de 26 millions d’euros
Le réaménagement du site a été lancé en 2017, et le bâtiment inauguré ce mercredi 17 juin 2020 par le président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Renaud Muselier. Un chantier de « 26 millions d’euros » que la collectivité annonce avoir financé à 90 %. SNCF Voyageurs a pris en charge les 10 % restants.
Dédié aux TER, le bâtiment permet leur stationnement, notamment pour désengorger le nœud ferroviaire la gare Saint-Charles. « Il permet également de libérer de l’espace en prévision des travaux de création de la gare souterraine », ajoute Renaud Muselier. Il apporte ainsi quelques espoirs autour de la réalisation de ce projet pharaonique et attendu de longue date, qui permettrait de transformer le “cul-de-sac marseillais” en axe ferroviaire traversant.
Les huit voies de remisage permettent également l’entretien et le nettoyage des rames. L’une d’entre-elles est équipée d’une passerelle pour permettre des travaux de maintenance des trains.
L’ouverture à la concurrence s’invite à la conférence
Pour inaugurer cette mise en service, le PDG de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, avait fait le déplacement. Avec Renaud Muselier, ils ont été accueillis par plusieurs dizaines de cheminots, brandissant des drapeaux CFT, CFDT, UNSA, et Solidaires. Ils ont échangé avec les deux présidents.
Le principal sujet : l’ouverture à la concurrence des TER de la région. Au nom de ses camarades, le secrétaire général de la fédération CGT des Cheminots Paca, François Tejedor, « regrette que la Région n’ait pas suspendu l’ouverture à la concurrence », et craint pour les « 600 à 700 cheminots dont le maintien des postes à la SNCF est menacé ».
Pour le président de la Région, la fin du monopole de la société nationale des chemins de fer intervient après des années de « relations très compliquées. Nous avions le plus mauvais service de France, avec 20 % de retards, et 18 % de trains annulés… » Selon lui, l’annonce de l’ouverture à la concurrence fait déjà effet sur la qualité de service de la SNCF, avec « 90 % de trains à l’heure, 1 % de trains annulés, la baisse de la fraude et une fréquentation en hausse de 14 % ».
Des effets que le délégué syndical attribue aux efforts des cheminots, en adressant ce message à son directeur : « la SNCF doit remporter l’appel d’offres ! ». Car la société publique fait partie des candidats, et Jean-Pierre Farandou entend « tout faire pour conserver l’exploitation. Il faut gagner les lots. On part confiants, mais avec humilité », tempère-t-il, avant de lancer : « à nous de nous réinventer ! ».