L’hydroxychloroquine, médicament promu par le controversé Pr Raoult, ne pourra plus être administrée en France contre le Covid-19, ni à des patients gravement atteints, ni lors d’essais cliniques.
Le décret autorisant l’hydroxychloroquine pour traiter le Covid-19 a été abrogé ce mercredi 27 mai. Le médicament défendu par l’épidémiologue Didier Raoult n’est donc plus autorisé dans le cadre du traitement du coronavirus en France.
Une décision qui fait suite à un avis défavorable du Haut conseil de la santé publique (HCSP). Saisi par le ministère de la Santé, l’instance recommande de « ne pas utiliser l’hydroxychloroquine dans le traitement du Covid-19 » hors essais cliniques, que ce soit seule ou associée à un antibiotique.
De son côté, l’ANSM a annoncé avoir lancé « une procédure de suspension des inclusions de patients dans les essais cliniques menés en France » sur l’hydroxychloroquine. Concrètement : il ne sera plus possible d’ajouter de nouveaux malades dans les essais déjà en cours.
Seize essais ont été autorisés en France pour évaluer l’efficacité de l’hydroxychloroquine dans le traitement du Covid. « Les patients en cours de traitement avec de l’hydroxychloroquine dans le cadre de ces essais cliniques pourront le poursuivre jusqu’à la fin du protocole », précise néanmoins l’ANSM. »
Cette décision fait suite à l’annonce lundi de l’OMS, qui a entraîné « la suspension des inclusions de nouveaux patients qui devaient être traités avec de l’hydroxychloroquine » dans le cadre de l’essai clinique international Solidarity.
Didier Raoult défend son traitement
Le patron de l’Institut hospitalo-universitaire de Marseille a accordé un entretien à David Pujadas, diffusé dans l’émission « 24 Heures Pujadas » sur LCI, mardi 26 mai. L’infectiologue a défendu son traitement.
Interrogé sur l’avis du Haut Conseil de la santé publique, le professeur a rétorqué : « C’est une opinion comme une autre, je m’en fiche un peu (…) Comme il n’y a plus de malades, ça ne me touche pas beaucoup, pour dire la vérité, ça aurait été plus gênant il y a un mois ».
« L’OMS, ce n’est pas de la science »
Sur la décision de suspendre l’essai clinique Solidarity, incluant cette molécule il a déclaré « l’OMS, ce n’est pas de la science ». Et d’ajouter : « Le vrai problème, c’est la crédibilité. Qui est crédible ? C’est une des questions qui est la plus violente actuellement. Est-ce qu’on est crédible parce que l’on est nommé ou est-ce qu’on est crédible parce qu’on est crédible tout court ?»
Dans sa vidéo publiée lundi, Didier Raoult critiquait déjà les résultats de la revue The Lancet en ces termes : « Comment voulez-vous qu’une étude foireuse faite avec des big data, change ce que nous avons vu ici. » Le professeur Raoult oppose aux études sur dossier, l’expérience clinique accumulée dans son IHU tout au long de l’épidémie. « On a fait 13 000 tests de diagnostic par PCR chez près de 50 000 patients, explique-t-il, on a fait le diagnostic de 5 000 cas et beaucoup ont été traité ici. »
Face à David Pujadas, il a confirmé ses critiques envers la dernière étude publiée par The Lancet. Une revue « qui triche » selon lui. « Nous, ici, on a traité 4 000 personnes, je les ai vues, c’est réel, je suis dans la vraie vie », a insisté l’infectiologue.
Depuis fin mars, l’hydroxychloroquine – ce médicament dérivé de l’anti-paludéen chloroquine – pouvait être prescrite à titre dérogatoire à l’hôpital et uniquement pour les patients gravement atteints, sur décision collégiale des médecins.