Des biologistes marins ont profité du confinement pour lancer une vaste étude de la biodiversité sous-marine en Méditerranée. Un recensement à grande échelle grâce à une technique novatrice de prélèvement « d’ADN environnemental ». Il s’étalera sur deux ans.

Décidément, l’équipe d’Andromède océanologie n’a pas fini de nous dévoiler les secrets de la Méditerranée. Les biologistes marins ont déjà passé 28 jours au fond de la mer pour nous offrir des images et données exceptionnelles avec l’expédition Gombessa 5.

Après ce confinement sous-marin extrême, ils profitent du confinement de la population à la surface pour lancer une vaste étude de référencement de la biodiversité dans les eaux côtières de la Méditerranée française.

Des conditions d’observation exceptionnelles

« Le printemps 2020 offre des conditions exceptionnelles en lien avec la pandémie du coronavirus (covid-19) et au confinement de la population. La fréquentation humaine du littoral est à un niveau minimum car les activités touristiques et sportives sont interdites, et l’activité de pêche, notamment artisanale, est fortement réduite », explique l’équipe menée par Laurent Ballesta.

Cette situation sans précédent permettra d’établir les références d’indicateurs de la population sous-marine littorale. L’étude analysera la biodiversité de zones anthropisées (espaces artificiels crées par l’homme, comme les ports), les aires marines protégées et la zone mésophotique (entre 50 et 100 m des côtes).

Ce projet scientifique recensera  notamment la diversité des vertébrés « qui pourraient se rapprocher du littoral et remonter des profondeurs dans ce contexte exceptionnel de pressions (pêche, nuisances sonores, etc..) très faibles ».

, Le confinement déclenche une vaste étude de la biodiversité en Méditerranée, Made in Marseille
Environ 45 sites d’échantillonnage de Perpignan à Monaco en passant par la Corse.

Une méthode inédite : prélever l’ADN de la Méditerranée

Mais comment faire l’état des lieux des populations sous-marines ? C’est un défi pour les biologistes marins, que relève l’équipe d’Andromède océanologie avec une technique de « prélèvement d’ADN environnemental ».

En effet, les êtres vivants laissent des traces organiques de leur passage dans l’eau. Les chercheurs pompent une certaine quantité d’eau sur chaque site. Après filtration, ils analysent tous les ADN présents. Cela permet de dresser un portrait de la biodiversité présente.

Cette méthode a déjà été testée par les biologistes durant l’expédition Gombessa 5 et semble être concluante. En parallèle, sur ces mêmes sites d’observation, les biologistes « écouteront » la Méditerranée avec des hydrophones, pour évaluer la « biophonie ». Oui, la vie sous-marine produit du bruit, et savoir l’écouter permet de déterminer les espèces en présence. Et quand les humains se taisent, c’est encore mieux !

, Le confinement déclenche une vaste étude de la biodiversité en Méditerranée, Made in Marseille
Herbier de posidonie, est ce que l’arrêt des activités humaines pendant le confinement a permis une augmentation de la vie sous-marine ? (©Laurent Ballesta, Andromède océanologie – Gombessa 5)

La dégradation des zones côtières : « un des plus graves problèmes de biodiversité »

C’est donc un recensement de la faune méditerranéenne à grande échelle qu’entreprend l’équipe d’Andromède océanologie, avec le concours de l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse, le laboratoire Spygen, la société Chorus, l’UMR MARBEC et l’Université de Montpellier. L’étude se poursuivra sur deux années pour mesurer l’évolution de la biodiversité, et l’impact de l’homme sur cette dernière.

En effet, la destruction des habitats, la surpêche, le changement climatique et l’introduction d’espèces exotiques sont autant de menaces pour les écosystèmes marins côtiers. « La dégradation des zones côtières est l’un des plus graves problèmes de biodiversité auxquels nous sommes confrontés », déplorent les chercheurs.

 

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