Avec des chiffres d’affaires à zéro, les cinémas marseillais sont eux aussi touchés de plein fouet par la crise sanitaire et économique. Une date de réouverture anticipée et des aides de la part des collectivités sont attendues.

Après l’annonce du Premier Ministre Edouard Philippe, mardi dernier, les gérants de salles de cinémas sont en attente de réponse sur leur avenir. Une situation inédite qui provoque inquiétude et incertitude. 

A l’image de tout le secteur de la culture, les salles obscures subissent de plein fouet les effets de la crise sanitaire. Après une fin d’année 2019 exceptionnelle avec des chef-d’oeuvres comme Les Misérables ou Joker, 2020 accusait déjà un retard sur les deux premiers mois de l’année. « Initialement, nous étions déjà sur une chute de 35% de chiffre d’affaires » explique Didier Tarizzo, responsable des cinémas de Bonneveine (8ème) et Les 3 Palmes (11ème). « Les quinze premiers jours de mars étaient compliqués de par les restrictions imposées. Nous étions sur une perte de 45% par rapport à l’année dernière. Depuis la fermeture le 15 mars, nos chiffres sont nuls et cela va se prolonger au moins jusqu’au mois de juin » continue-t-il.

En effet, le compteur des chiffres d’affaires reste bloqué à zéro comme à l’EuropaCorp de La Joliette (2ème) ou au Prado (6ème). Les salariés ont été placés en chômage partiel pour limiter la casse, mais les loyers représentent d’énormes dépenses pour les cinémas qui ne sont pas propriétaires de leurs locaux ou locataires d’une collectivité. Ainsi, l’attente et le manque d’aide provoquent une inquiétude grandissante dans les salles de la ville. « Nous attendons une aide économique forte et une date provisoire » exprime Didier Tarizzo. Certains cinémas avec des loyers élevés comme le Chambord ou le cinéma de Bonneveine, pourraient ne pas se relever si aucune aide n’est apportée.

Et l’idée d’une date de réouverture commune avec les salles de théâtre ne convient pas au gérant des deux grands cinémas marseillais : « La saison théâtrale commence à la mi-septembre, le cinéma est actif en été ! Nous espérons une date aux alentours du 1er juillet, et être prévenus en avance, car il faut un délai d’un mois pour récupérer un film« .

En raison de la crise sanitaire du Covid-19, les plus gros films de l’été 2020 désertent le planning des sorties. Tournages interrompus, films repoussés à des dates ultérieures ou parfois inderterminées menacent la programmation des gérants de cinéma. Par exemple,  S.O.S. Fantômes : L’Héritage ou Morbius, spin-off de Spider-Man, ne sortiront qu’en mars 2021, alors qu’ils étaient attendus cet été. Chaque année, les films à gros budgets, les fameux blockbusters hollywoodiens, envahissent les salles pendant deux périodes : entre mai à août et les vacances de Noël. 

Dans un communiqué de presse publié le 3 avril (ici), plusieurs organisations du cinéma français ont appelé les pouvoirs publics à “augmenter la capacité d’intervention du CNC en faveur de toutes les professions du secteur par un fonds exceptionnel, distinct des dispositifs de soutien annoncés par l’Etat et des dispositifs habituels du CNC”.

Une inquiétude pas seulement financière

Pour les plus petits cinémas, l’inquiétude est plus forte ailleurs. A l’Alhambra (16ème), où les loyers sont plus modérés et les subventions plus régulières, on a peur de perdre un public très fidèle (80%) notamment à cause de la concurrence des plateformes de streaming. « Les gens prennent l’habitude de la VOD. Sur Netflix, si un film ne nous plait pas, au bout de 20 minutes, on l’arrête. Au cinéma ce n’est pas possible » explique William Benedetto, directeur de l’établissement.

En plus de l’arrêt des partenariats avec les écoles, il appréhende aussi les conditions d’ouverture et les mesures barrières encore inconnues. « Aller voir un film, c’est une expérience particulière. Avec des conditions, elle sera différente. » Ainsi beaucoup d’interrogations restent sans réponse : « Quand allons-nous réouvrir ? Sous quelles conditions ? Les gens auront-ils toujours envie d’aller au cinéma ? » poursuit l’intéressé. Occuper un fauteuil sur deux, une rangée sur deux, des séances étalées pour permettre de limiter les heures de pointe dans les salles, des visières et des masques pour les employés… De nombreuses solutions sont à l’étude, mais rien n’est aujourd’hui décidé.

Cependant, il n’y a pas d’abandon, mais au contraire une envie de se battre et les patrons des cinémas marseillais ne baissent pas les bras. Malgré un chômage partiel quasi total et une situation critique, plusieurs établissements se réinventent. Principalement, cela se fait sur des plateformes en ligne comme la « 25ème heure ». Une séance est programmée à une heure fixe, les tickets sont mis en vente en ligne et le film est disponible sur une zone de 30 km aux alentours du cinéma. Ainsi, des cinémas comme La Baleine (6ème), ou l’Alhambra maintiennent un lien avec leur public et continuent d’exister. « Le cinéma est un art puissant, et il n’y pas de raison que ça s’arrête » conclut le directeur de l’Alhambra.

Bouton retour en haut de la page

NEWSLETTER

Recevez le meilleur de l'actualité de la semaine gratuitement !