Vendredi dernier, quatre tribunaux administratifs dont celui de Marseille, ont rejeté le recours de deux syndicats de soignants, qui demandaient aux autorités sanitaires de commander des médicaments à base de chloroquine (bithérapie avec hydroxychloroquine et azythromycine) pour les malades du coronavirus, afin de constituer au plus vite des stocks de réserve.
Le recours des deux syndicats de soignants (syndicat de médecins d’Aix et Région (Smaer) et syndicat Infin’Idels) a été déposé devant le tribunal administratif pour demander à l’Agence régionale de santé de commander des doses de médicament à base de chloroquine et des tests pour dépister et traiter les patients atteints du Covid-19. L’objectif : constituer rapidement des stocks pour anticiper la propagation de l’épidémie dans la région.
Un recours rejeté par le tribunal marseillais, qui a expliqué sa décision en précisant que les « effets indésirables graves de l’hydroxychloroquine, des incertitudes pesant encore sur les résultats des études chinoises et de l’IHU Méditerranée« , rapporte La Provence, « mais aussi au regard des décrets pris les 25 et 26 mars par le ministre de la Santé sur l’usage de la chloroquine, « il ne peut être reproché à l’Agence régionale de santé de carence caractérisée, dans l’usage des pouvoirs dont elle dispose, constitutive d’une atteinte grave et manifestement illégale à une liberté fondamentale ».
La chloroquine, un traitement controversé
Partout dans le monde, nombreux sont les pays qui ont autorisé le recours à l’hydroxychloroquine pour traiter le coronavirus, sans attendre les résultats d’essais cliniques actuellement menés sur leur efficacité. La France, elle, se veut très prudente sur le sujet et attend les résultats des essais cliniques européens « Discovery » avant de se prononcer sur la question, malgré les publications positives du Pr Didier Raoult et son équipe à l’Institut Hospitalo-Universitaire (IHU) Méditerranée infection de Marseille.
La chloroquine est à l’origine un traitement contre le paludisme administré depuis plus d’un demi siècle, et vendu sans ordonnance jusqu’au mois de janvier. Dans la lutte contre l’épidémie du coronavirus, son dérivé « l’hydroxychloroquine » doit être exclusivement utilisé dans le cadre d’essais cliniques ou de programmes d’urgence, a précisé la semaine dernière l’Agence européenne du médicament.