Développée bénévolement à Marseille par un groupement d’entrepreneurs, « Epidemic Protect » est une application gratuite, qui permet de faire son propre auto-diagnostic du coronavirus. Une solution pratique et simple pour apaiser les angoisses liées à la maladie.
Le territoire Aix-Marseille Provence a toujours regorgé d’innovations, et une fois encore, l’intelligence collective se met au service de l’intérêt général. Face à la situation de la Chine, l’Italie, l’Espagne et aujourd’hui, avec des nouvelles mesures annoncées en France, un groupement d’entrepreneurs a décidé d’unir ses forces pour mettre au point une application, en un temps record.
Baptisée « Epidemic Protect », cette solution vise trois objectifs : proposer un auto-diagnostic simple et rapide pour identifier une éventuelle infection ; rassurer en redirigeant vers les services adéquats en cas de suspicion et désengorger les centres médicaux en délivrant conseils et informations officielles. « Elle permet d’avoir les bons réflexes et les bons usages », souligne Kévin Polizzi, Pd-G de Jaguar Network, qui a répondu à l’appel de Jean-François Masse, avocat au barreau de Marseille, à l’initiative du projet.
Un questionnaire pour être bien orienté
L’application a été conçue sur la base d’un questionnaire élaboré par Arnaud Depil Duval, médecin urgentiste, exerçant à l’Hôpital Lariboisière à Paris. Des questions simples auxquelles il suffit de répondre par oui ou non, qui, réunies au sein d’une application, sont accessibles au plus grand nombre. « Vous répondez à une dizaine de questions comme « avez-vous de la température de plus de 38 degrés ? Oui-non; « avez-vous séjourné dans l’une de ses régions ? » là on propose un certain nombre de critères; « avez-vous des syndromes respiratoires ? » Remplir le questionnaire prend moins d’une minute », explique Jean-Marc Durand, Pd-G de Kayla Santé.
Sa société, basée à Montpellier, participe aussi cette aventure entièrement bénévole, en apportant son expertise technique. « En suivant le questionnaire, suivant les combinaisons, en bout de chaîne, s’il y a suspicion, vous êtes mis en relation avec les services hospitaliers adéquats ». Ou avec un médecin, via Medadom, une plateforme qui facilite l’accès aux soins grâce à la télémédecine. « Aujourd’hui, Santé Public France donne un certain nombre de recommandations officielles sur lesquelles on s’appuie. On n’a pas inventé de nouvelles démarches, on s’appuie sur ce qui existe déjà, on est aligné sur le message général », poursuit le chef d’entreprise.
« Cette application à vocation à rassurer le plus grand nombre »
Kalya Santé est spécialisée dans l’exploration permanente de publications scientifiques mondiales sur la santé, grâce à des moteurs d’intelligence artificielle. Une fois repérées, triées, analysées et vérifiées par des experts, elles sont diffusées auprès des professionnels et institutionnels. « Le fait de contribuer, d’enlever un peu d’anxiété à la population, c’est naturellement un projet qui nous parlait. Cette application à vocation à rassurer le plus grand nombre. C’est un vrai engagement pour nous. Chacun apporte son énergie et sa pierre à l’édifice. »
En associant les compétences juridiques de Jean-François Masse, habitué des situations de crise ; les techniques de la société Kalya Santé, puis les serveurs sécurisés de Jaguar Network, « pour la partie résistance à la montée en charge, en quelques jours, c’était réglé. Quand les équipes s’entendent bien, les décisions sont rapides », souligne Kévin Polizzi, dont la société marseillaise héberge les données médicales pour Epidemic Protect. « L’objectif était de fournir à la fois un environnement pour le développement accéléré de l’application, comme ça s’est fait très vite. Ensuite, une ressource cloud, qui s’adapte automatiquement en fonction de la charge du nombre d’utilisateurs ».
Quand ça coince…
Car ce sont des millions de personnes qui pourraient télécharger gratuitement cette solution, sur leurs smartphones (compatible sur Iphone et Android), mais aussi adaptée au web. « Le data center de Jaguar Network permet de le faire », assure le Pd-G, « super heureux de participer à un projet comme celui-là. Il n’y a qu’en se mobilisant collectivement que l’on peut préparer l’après », poursuit l’entrepreneur, qui regrette néanmoins la lenteur de l’administration française.
Si l’application est fonctionnelle depuis déjà quelques jours, malgré les vérifications, ni Apple, ni Google, ne sont décidés, pour l’instant, à accorder la licence pour que Epidemic Protect soit une application téléchargeable. Pour être sur store, la solution doit être soutenue par une autorité de santé ou un établissement public universitaire. Les discussions sont actuellement en cours avec le ministère de la Santé. En attendant, elle reste disponible sur le web, tandis qu’une V2 est déjà en cours de développement (lire encadré).
> Retrouvez « Epidemic Protect » sur le web ici