La Friche Belle de Mai n’en finit plus de se transformer. Ce lieu atypique, devenu en quelques années un terrain de jeu pour les artistes et un laboratoire d’idées pour imaginer la ville durable de demain, vient de dévoiler un nouveau projet : transformer l’actuel grand parking en une place – jardin.
La Friche de la Belle de Mai s’est imposée comme un lieu urbanistique unique en France. L’ancienne usine de tabac est devenue un espace expérimental et utopique où s’entremêlent des salles de spectacles, une boutique de fringues et de skate, un restaurant, une librairie – bar, un terrain multi-sports, un skatepark, une crèche, l’institut méditerranéen des métiers du spectacle, les locaux de radio Grenouille, des plateaux de tournage, des salles de travail, un grand jardin partagé pour faire son potager, un terrain de jeu pour les enfants, des salles d’exposition, un toit terrasse qui fait bouger les soirées d’été avec une vue fantastique sur la ville, un FabLab pour les ingénieurs de demain… Une ville dans la ville.
La Friche, c’est aussi « une maison d’architectes » pour Alain Arnaudet, directeur des lieux. « Au moins huit architectes sont intervenus ici. Ce sont aussi des artistes qui ont toute leur place dans le projet, car l’espace est très intéressant, par ses contraintes et sa fonction. Jean Nouvel lui-même participe à la réflexion urbanistique depuis le début ».
Et, alors que la problématique de stationnement s’est accentuée au fil des ans avec des visiteurs et travailleurs de plus en plus nombreux, une nouvelle équation est posée au directeur : « mettre de l’ordre dans le stationnement tout en valorisant l’espace pour les piétons et les événements culturels ».
Le « Champ de Mai », une place-jardin au sommet de la Friche
Sur les hauteurs de la Friche, au pied de l’immense salle de spectacle de La Cartonnerie, un parking d’asphalte de 65 places s’étend jusqu’à l’ancien fortin transformé en crèche. C’est cet espace extérieur conséquent que le complexe culturel de la Belle de Mai a décidé de valoriser, tout en augmentant l’offre de stationnement.
Alors qu’un parking en silo était envisagé sur plusieurs étages, l’architecte Kristell Filotico, en collaboration avec l’atelier Roberta pour le paysagisme, Lamoureux & Ricciotti Ingénierie et le bureau d’études SP2i, propose une alternative architecturale : le projet « Champ de Mai ». Un parking de 90 places semi-enterré pour offrir une esplanade publique végétalisée et modulable.
« Il a fallu beaucoup d’énergie, de matière grise et d’envie pour fabriquer un parking qui n’en sera pas vraiment un », raconte l’architecte marseillaise. Un projet astucieux et modulaire puisque la partie supérieure du parking, d’une surface de 1 000 m2, en pente douce, fera office de gradins pour le public lors de futurs événements.
À la place de l’actuel parking, une grande esplanade piétonne et végétalisée d’environ 5 000 m2 permettra une continuité de déambulation depuis le restaurant des grandes tables. « Dans un premier temps, 700 m2 seront végétalisés et 24 arbres plantés », précise Anna Hermine, paysagiste pour l’atelier Roberta.
« On a préféré travailler le sol plutôt que fabriquer le bâtiment en hauteur », poursuit Kristell Filotico, « afin de respecter l’esprit architectural des lieux. La partie la plus élevée ne dépasse pas l’ancien fortin qui sert aujourd’hui de crèche ».
Le parking deviendra payant précise Alain Arnaudet, « mais à des prix très attractifs. Pour éviter le phénomène de « voitures tampon » qui occupent la moitié des place aujourd’hui. Et revenus permettront de payer la gestion et l’entretien ».
Alors que les premiers coups de pioches sont donnés, les travaux d’un montant de 1,5 million d’euros devrait aboutir en fin 2020 pour le parking, et début 2021 pour l’esplanade.