30 entreprises du territoire, 500 m2 de stands, 300 000 euros investis, la Région Sud mise beaucoup à Las Vegas pour le CES 2020. Une présence stratégique alors qu’elle espère devenir la première « smart région » de France.
La grande messe mondiale de l’innovation, le CES de Las Vegas, débute ce soir à 19 heures (heure française). 30 entreprises innovantes du territoire ont fait le déplacement pour faire connaître leurs atouts au monde entier, et surtout, remplir les carnets de commandes.
Car sous des airs de camp de vacances international pour startupeurs, il s’agit avant tout d’une « chasse en meute » pour Bernard Kleynhoff, président de la commission « Economie, Industrie, innovations, nouvelles technologies et numérique » de la Région Sud.
Cette dernière a déboursé autour de 300 000 euros pour faire venir ses entreprises à Las Vegas, et leur réserver près de 500 m2 du titanesque Convention Center.
Plus qu’un coup de poker, il s’agit ici d’une partie préparée depuis des mois. La veille de l’ouverture du salon, Bernard Kleynhoff recevait les entrepreneurs pour une dernière mise au point avant le coup d’envoi. L’occasion pour nous de le questionner sur l’importance de l’événement pour l’économie régionale.
« Il faudra faire valoir vos atouts ! » conseille @KLEYNHOFF aux entreprises innovantes de la #RégionSud, rappelant des succès qui sont également passés par le #CES de Las Vegas, comme @Jaguar_Network ou @Qwant_FR. #Frenchsouthtech #innovation #CES2020 pic.twitter.com/Q7r8kyUQLG
— made in marseille (@MadeMarseille) January 6, 2020
Des retombées difficiles à quantifier
La présence de délégations sur les salons s’inscrit dans le Schéma régional de développement économique d’innovation et d’internationalisation (SRDEII). Avec 300 000 euros investis par la collectivité sur le CES, la question des retombées économiques sur le territoire se pose.
Augmentation des chiffres d’affaires, du PIB régional, des emplois… « En dehors du nombre de contacts créés par les entreprises, les retombées sont difficiles à quantifier », admet Bernard Kleynhoff, « nous préférons attendre trois ans pour avoir des mesures plus concrètes. Mais cela restera difficile de les lier exclusivement aux salons ».
C’est d’un point de vue qualitatif que les résultats semblent plus concrets : « Après chaque salon, nous faisons systématiquement un bilan avec les entrepreneurs. Et là, les retours sont très positifs. Un des meilleurs indices pour nous, c’e sont les réclamations appuyées des sociétés qui souhaitent revenir l’année suivante ».
« Remplir les carnets de commandes »
Le premier objectif de l’élu : « que les boîtes remplissent leur carnet de commandes ». Pour cela, la Région Sud les a préparé en amont afin de maximiser les retombées. « Il faut qu’elles convainquent en quelques minutes des potentiels clients ou partenaires de développement. La plupart ont des scénarios bien précis pour chaque interlocuteur qui passera sur le stand ».
Un événement business d’un nouveau genre pour Bernard Kleynhoff, qui, en plus de ses fonctions politiques, est également chef d’entreprise « plus traditionnel ». « De mon temps, sur les salons, le business se passait à l’abri des regards. Nous devions rester discrets sur certains aspects de nos activités, et les signatures de contrats se jouaient souvent autour de la machine à café ».
Mais dans le monde de l’innovation, il s’agit de marquer les esprits coûte que coûte, au risque d’en dévoiler trop à une concurrence aux aguets. « Je conseille aux entrepreneurs de ne pas trop en dire, mais c’est vrai que l’enjeu dans ce genre de salon, c’est d’en mettre plein les yeux ».
Ce n’est donc pas sur la retenue que miseront les start-ups provençales. « All in » comme on dit dans la capitale mondiale du jeu. Des pitchs bien sentis, originaux et marquants, pour convaincre les clients et médias du monde entier.
La Région Sud se rêve en Silicon Valley française
Mais au CES, il ne s’agit pas seulement de vendre l’innovation régionale. « Nous sommes là aussi pour attirer les talents du monde entier chez nous. C’est aussi ça la « chasse en meute » », explique Bernard Kleynhoff, pour qui les start-ups présentes sont aussi une vitrine du dynamisme du territoire.
La Région Sud ne cache pas ses ambitions et souhaite devenir rapidement la « première smart région de France ». Elle entend bien faire en sorte que l’innovation soit « la deuxième jambe de l’économie régionale avec le tourisme ». Elle s’est fixée trois objectifs dans ce sens : 1 milliard d’euros d’investissements, attirer 500 entreprises et créer 50 000 nouveaux emplois. « Nous avons déjà enregistré 890 millions d’euros d’investissement, dont 400 sont sécurisés. 72 % viennent du privé, ce qui est un très bon indicateur de l’attractivité gagnée », détaille l’élu.
Les objectifs d’emplois semblent en bonne voie avec un chiffre 29 000 créations avancé par Bernard Kleynhoff. « Mais il y a moins d’entreprises qu’attendu. Ce qui nous convainc qu’il vaut mieux attirer 10 entreprises de 500 employés que 500 de 10 employés… »
Alors que sur la Côte d’Azur, Sophia Antipolis s’impose déjà comme le première technopôle d’Europe, des pôles d’innovations fleurissent un peu partout sur le territoire. Comme à Marseille, qui se distingue dans les filières de la santé, du big data, et devient un épicentre de la connectivité mondiale. Ou autour d’Aix-En-Provence, cernée par thecamp et le technopôle de l’Arbois.
« Aéroports internationaux, pôles d’excellence, connectivité du territoire, c’est tout l’écosystème autour de l’innovation qui attire les start-ups ou les géants de la tech », conclut Bernard Kleynhoff, avant de « partir en chasse » au CES.