Dans le cadre de la démarche « Tous acteurs, Municipales 2020 » initiée par la Chambre de commerce et d’industrie Marseille Provence, les partenaires économiques et sociaux ont restitué leur travail de ces derniers mois et présenté leurs propositions aux candidats présents, ce matin au Palais de la Bourse.
Un collectif inattendu. 31 structures économiques réunies. Une démarche inédite pour une vision du territoire à l’horizon 2050. Cinq défis déclinés en 15 actions « concrètes à construire », et même des idées (presque) folles.
Ces derniers mois, fédérés autour de la démarche « Tous acteurs Municipales 2020 », lancée le 13 juillet dernier, par la Chambre de commerce et d’industrie Marseille Provence (CCIMP), les partenaires économiques et sociaux ont planché sur un projet métropolitain, aux côtés de 32 experts français et internationaux. Parmi eux, des chercheurs européens en urbanisme, des architectes à l’instar de Corinne Vezzoni et Rudy Ricciotti ; Tarik Ghezali, spécialiste de l’économie sociale et solidaire et fondateur de la Fabrique du Nous ; Hervé Martel, président du directoire du Grand Port Maritime de Marseille-Fos ; Christian Maneti, président d’Atout France ; Pierre Pelouzet, médiateur des entreprises au Ministère de l’économie et des finances ou encore Michel Barnier, négociateur en chef pour la relation avec le Royaume-Uni pour le Brexit, l’économiste Robin Rivaton, Olivier Babeau, le fondateur de l’Institut Sapiens, Olivier Oullier, le patron de la société américaine de bio-informatique Emotiv…
« L’avenir passe par l’économie »
Leur regard à la fois averti et décalé sur Marseille et son territoire, « nous donne une responsabilité supplémentaire », déclare Jean-Luc Chauvin, président de la CCIMP, ce matin, au Palais de la Bourse. Dans le salon d’honneur comble, en présence de plus de 200 personnes et de prétendants à l’élection marseillaise, l’heure était à la restitution des propositions-clés. Martine Vassal, Sabine Bernasconi, Samia Ghali, Bruno Gilles, Robert Assante, Yvon Berland, Jean-Philippe Agresti, Michel Pinard… ont répondu présents.
#Municipales2020 Les partenaires économiques et sociaux travaillant sur la démarche initiée par la CCI Marseille Provence « Tous acteurs Municipales 2020 » présentent leurs propositions aux candidats pour le scrutin de mars 2020 ! Petit rappel ➡️ https://t.co/TiqnpjPhCS pic.twitter.com/wcIbzrPpW2
— made in marseille (@MadeMarseille) December 17, 2019
Toutes « s’inscrivent dans un temps plus long » que la simple échéance de mars 2020. Les centaines de contributions récoltées ont permis de mettre en lumière une conviction forte : « l’avenir passe par l’économie, car elle a les moyens de répartir la richesse, les moyens de créer l’équité, de l’inclusion pour le territoire. L’économie doit permettre de recoudre notre territoire et nos communes », poursuit le président de la CCIMP, s’appuyant sur le diagnostique des spécialistes.
Autre certitude : ils ne préconisent pas de rattraper le retard accumulé ces dernières années, notamment dans la ville-centre, mais s’accordent à dire « de faire un saut quantique. C’est seulement à ce prix qu’on pourra devenir une grande métropole ». Avec la nécessité d’accorder une place particulière à Marseille, « sans elle, le territoire ne pourra pas réussir. Ça donne une responsabilité aux 92 maires pour construire ce territoire ensemble ».
Une terre d’expérimentations au coeur des échanges euro-méditerranéens
Sans surprise, l’économie apparaît comme un levier de rayonnement pour le territoire, qui doit lui permettre de retrouver son lustre d’antan, en France, en Méditerranée, en Europe et dans le monde.
Par ailleurs, « grâce à l’économie », ce territoire est en capacité de devenir un laboratoire : « une terre d’expérimentations de la ville durable et méditerranéenne de demain ». Les experts évoquent d’ailleurs, à ce titre, que le positionnement géo-stratégique de la ville – trait d’union entre l’Europe et l’Afrique – lui permet de jouer un rôle principal face aux enjeux du changement climatique, dans les nouveaux modèles sociétaux…
En ce sens, le territoire doit aussi assumer son destin euro-méditerranéen : « En 2050, nous devons accepter que nous serons une interface entre une Europe vieillissante et d’un sud de la Méditerranée, en extension », souligne Jean-Luc Chauvin, citant un des experts.
Le territoire est au centre des échanges, « des flux d’hier, d’aujourd’hui et de demain », de marchandises, du numérique… Avec les 14 câbles sous-marins, Marseille figure dans le top 10 des villes mondiales les plus connectées. L’installation des deux nouveaux câbles (2020-2021) lui fera gagner cinq places dans ce classement. « Ils [les experts] considèrent qu’on a un potentiel extraordinaire pour être à nouveau au centre du jeu mondial pour le flux des données », à condition de savoir quelle utilité offrir à ces données dans l’avenir. Un défi à relever.
Promouvoir « l’esprit lab », c’est aussi « privilégier l’incitatif au coercitif », en matière de fiscalité, de gestion des déchets, de centre-ville, de mobilité… Les experts prônent également la mise en place de zones d’expérimentations en matière d’urbanisme, d’occupation des sols, « cela impose un raisonnement différent tout en respectant la loi », souligne Jean-Luc Chauvin, citant le verbatim suivant : « dans une zone particulière, il faudrait instaurer des zones d’expérimentation de l’urbanisme de projet sur des espaces définis, donner priorité au projet sur les règles et non l’inverse, tant que l’esprit de ces règles est garanti ».
Promouvoir la jeunesse, les talents et les réussites
Les atouts du territoire sont nombreux. Nul doute que la jeunesse en est un précieux. « Multi-cultuelle, son énergie, sa capacité aussi à avoir des liens avec l’Afrique… », elle doit elle-aussi être un vecteur de rayonnement. Dans ce sens, le territoire doit s’imposer comme un espace d’opportunités et de révélation des talents… Les talents existent, tout comme de belles réussites. A titre d’exemple, « le Parc national des Calanques, Euromed, le technopôle de l’Arbois, les promesses de thecamp, de Giptis » ou des réussites du quotidien comme des piétonnisations, des marchés qui reviennent sur la place des village… Reste que là où le bât blesse selon les experts, c’est qu’elles ne sont mises en lumière à aucune échelle : ni locale, ni nationale, ni internationale. « Vous êtes les porteurs de votre propre bashing », estiment-ils.
Les partager, essaimer et les étendre… cela passe par un « changement de vision et de méthode. »
Une co-construction de la ville de demain
Dernier point, la co-construction. « Il faut nous parler, construire et agir ensemble. On ne peut plus faire de la même façon que l’on faisait au XXe siècle ». L’objectif est d’entrer dans une nouvelle forme de partenariat et de co-pilotage entre les élus et les acteurs économiques. En allant également chercher des soutiens internationaux, car « notre salut passe par le dépassement de l’échelon parisien et français » ; par le dépassement de l’entre-soi.
De ce constat, cinq grands défis se sont dessinés : attirer des talents ; dessiner la métropole durable de la Méditerranée; décarboner les transports et créer une ville numérique inclusive; accélérer l’internationalisation du territoire; et renforcer la place de l’entreprise et de la société civile dans la gouvernance des projets. (lire encadré).
L’ensemble des acteurs se tient à la disposition des élus pendant la phase d’élaboration de leur programme. Après les élections municipales, ils suivront la mise en oeuvre de leurs propositions grâce à un système d’évaluation par un cabinet indépendant. « Marseille est à un tournant. Profitons-en pour aller plus loin et plus vite. »