L’atelier Juxtapoz a établi ses quartiers dans le couvent Levat de la Belle de Mai en 2017. Il organisait ce week-end son marché de Noël. L’occasion, après trois années, de faire le point sur la cohabitation entre les artistes et les habitants du quartier.
Il avait été choisi par la Ville de Marseille pour intégrer l’ancien couvent des sœurs de la rue Levat, à la Belle de Mai (3e), dans le cadre du projet « Quartiers Libres Saint-Charles Belle de Mai ». L’atelier Juxtapoz, imaginé par Karine Terlizzi et « Titi », et représenté par une centaine d’artistes, avait signé un bail de trois ans dans ce projet d’aménagement de 140 hectares dans le but de faire vivre des espaces laissés à l’abandon.
À en voir l’affluence de visiteurs lors du marché de Noël organisé ce premier week-end de décembre, le pari semble être relevé pour l’équipe organisatrice qui travaille depuis 2017 à la réhabilitation de ce lieu hors du temps.
Du garage au couvent
Créée il y a neuf ans, l’association Juxtapoz s’était d’abord faite un nom en investissant un garage, devenu un véritable atelier et lieu d’expositions, proposant des créations hybrides, en rupture avec les standards.
Puis les artistes se sont faits plus nombreux et ont rejoint l’ancienne école catholique Saint-Thomas D’Aquin. En 2016, après quatre mois de résidence, l’événement « Aux Tableaux » proposait l’exposition de 40 artistes internationaux. La ville leur proposait alors d’investir le couvent Levat.
À l’époque, la nouvelle relevait du miracle pour les membres de l’association, alors que leur venue n’était pas des plus attendues dans le 3e arrondissement. « Au départ, nous n’avons pas forcément eu un bon accueil, car c’est un très beau bâtiment que d’autres associations convoitaient, rappelle Charlotte Pelouse, cheffe de projet. C’est un quartier où il n’y a pas d’espaces verts, avec le recul, leur réaction était normale et c’est aussi pour cela que nous avons voulu adapter nos projets en fonction de la vie locale. »
Quand la vie reprend ses quartiers
Aujourd’hui, l’association a bien grandi. De nouveaux membres ont rejoint l’équipe, dont un responsable de l’entretien du jardin. Ce dernier est accessible en semaine l’hiver, et du mercredi au dimanche l’été.
Les extérieurs offrent aujourd’hui de nombreux usages, entre potagers partagés, accueil des scolaires, installation de ruches… Sans oublier les événements, tels que le marché de noël, où les créateurs et associations animaient les lieux depuis la cour extérieure jusque dans l’ancienne chapelle.
« Nous cherchons à répondre à une demande de proximité, de médiation, en créant des ponts entre les structures, poursuit Charlotte. Nous avons beaucoup appris de cette nouvelle expérience, notre manière de fonctionner a évolué. Maintenant, 41 ateliers de travail sont à la disposition des artistes et le couvent est un véritable vivier de talents,. Une mine d’or en termes d’art urbain et contemporain. »
Certains résidents proposent des expositions de leur travail durant l’été dans cet espace redevenu un lieu de vie et d’animations. La suite s’annonce pourtant incertaine après trois années, le bail arrivant à son échéance dans 4 mois. Mais l’espoir prend le pas pour cette association dont la renommée n’est plus à faire. « Nous attendons de connaître la suite des événements, et nous espérons continuer sur cette voie. »