25 ans que le plus vieux café-théâtre de Marseille fait rire les Marseillais et les touristes de passage. Le lieu est devenu une scène incontournable française et un tremplin pour des artistes qui se sont fait un nom.
Tout au fond d’une petite ruelle, à l’abri des regards, claquent en lettres rouge et blanche sur fond noir « Le Quai du Rire ! » C’est ici, 16 quai de Rive-Neuve, que se niche le plus vieux café-théâtre de Marseille. Il est né il y a 25 ans, à quelques pas du Vieux-Port, sous l’impulsion d’Eliane Zayan, fondatrice de Festi’Femmes, événement qui, chaque année, met en lumière l’humour au féminin.
Pour le producteur Michel Nouader, le Quai du Rire ! a toujours occupé une place de choix.
Lorsqu’il a quitté Marseille, il y revenait régulièrement pour roder le spectacle de ses artistes. A l’époque, Anthony Khavanagh, Mouss Diouf, Julien Lepers… foulent les planches de ce petit théâtre de la cité phocéenne. « Je me disais que ça nous porterait chance, et c’était le cas », sourit Michel Nouader, dans son théâtre, car il y a six ans, c’est lui qui en devient l’heureux propriétaire. « Quand s’est présentée l’opportunité inespérée d’acheter, j’ai sauté sur l’occasion. Toute proportion gardée, c’était comme si l’Olympia était à vendre ».
Euphorique après cette belle acquisition, « le premier que j’ai appelé, c’est Gad (Elmaleh), pour lui annoncer la nouvelle. Il était très content. Je ne savais pas quelle métaphore utiliser alors j’ai dit : je suis comme un enfant qui vient de s’acheter un camion de pompier », raconte Michel Nouader, avec enthousiasme.
La seconde vie du Quai du Rire !
Aux débuts de la seconde vie du Quai du Rire ! Gad Elmaleh, que l’on attend sur scène en octobre 2020, n’a pas hésité, malgré sa notoriété, à jouer dans cet écrin de velours. « Quinze jours avant, il avait fait 13 000 personnes en deux soirs au Dôme, et ici, 108 personnes, pour zéro centime, c’est même lui qui m’a payé le resto’ après. Ça, c’est un ami et il était d’ailleurs bien plus stressé ici, de par la proximité avec le public », confie Michel Nouader, qui a entièrement repensé les lieux.
Sous ces voûtes datant du XVIIIe siècle, il conserve la salle principale où depuis, de grands noms se sont produits à l’instar de Florence Foresti, d’Anne Roumanoff, de Muriel Robin, de Djamel Debouze et bien d’autres. Le théâtre est resté un lieu de rodage pour les artistes comme dernièrement Sugar Sammy, l’impitoyable juré dans « La France a un incroyable talent », ou la petite dernière, Camille Lelouche, qui fait la fierté de toute l’équipe.
Un laboratoire unique pour les artistes en devenir
Porté par la volonté de faire éclore des talents, le producteur décide de casser la deuxième salle et s’inspire des comedy club de Québec, où il a longtemps travaillé, ou de Los Angeles. Dans cette décoration à l’américaine, il crée alors un véritable laboratoire pour de jeunes humoristes en devenir. Le seul du genre dans la région Sud.
Sous l’œil bienveillant du portrait en noir et blanc d’Elie Kakou, chaque vendredi à 20 heures, le Comédie club du Quai du Rire ! ouvre ses portes et sert de banc d’essai aux humoristes en herbe. Ils ont l’occasion d’y jouer leurs sketches durant quelques minutes devant le public. Un rendez-vous très prisé d’autant que ceux qui se produisent ici, « font leur chemin » assure Michel Nouader, « comme notre petit dernier Maliko Benito. Ça fait deux ans qu’il est en couveuse. Maintenant, il a un vrai spectacle ».
Cette scène dédiée aux jeunes talents, Michel Nouader a souhaité qu’elle soit inaugurée par un jeune de talent : Kev Adams, qui s’est d’ailleurs produit au Dôme.
Le juré de l’émission « Mask Singer » s’investit très régulièrement dans ce lieu qui porte désormais son nom. Un lien fort s’est tissé entre les deux hommes. « C’est comme mon petit frère », assure Michel Nouader, qui se souvient encore de cette époque où à 16 ans et demi, Kévin faisait le pied de grue devant le théâtre du Gymnase et mettait la pression à ses assistants. « J’ai vu ce feu dans son regard ». C’est d’ailleurs Michel Nouader qui lui offrira sa première chance dans une chronique sur Canal +.
Coups d’éclats et éclats de rires
Dans cet espace, il y a eu des coups d’éclats et des éclats de rire, des rires jusqu’aux larmes et même des larmes, à l’occasion de l’hommage rendu à celui qui a fait de madame Sarfati un personnage inoubliable. En achetant le théâtre, Michel Nouader souhaite lui rendre hommage.
A l’occasion des 15 ans de sa disparition, il crée un concept, comme il en a le secret, pour faire revivre le temps d’une soirée celui qui a marqué bien des générations. « Nous avons décidé de faire un plateau avec de jeunes talents. Il ne s’agissait pas de reprendre ses sketches. L’idée était que ce soit la sœur d’Elie qui caste les artistes, avec leur propre création, comme à travers les yeux d’Elie. Zize était présente d’ailleurs », sourit Michel Nouader, avant de reprendre : « Le plateau était ponctué par la diffusion de vidéos off de la vie scénique d’Elie et sa sœur venait nous en raconter les coulisses, à la manière d’une émission de télévision ».
Pour cette soirée mémoire, il demande également à « quelques potes », d’enregistrer une séquence dans laquelle ils racontent leurs liens avec l’humoriste disparu. Gad Elmaleh avait confié qu’à ses débuts d’apprenti comédien, pour payer ses cours, il avait été « poursuiteur » pour Elie Kakou. Une formidable expérience. « Il recevait des leçons chaque soir et il a conclu son propos par : « Je lui envoyais la lumière et il me la renvoyait. » Ça été un vrai moment d’émotion, ce soir-là, au Quai du Rire ! »
2020, une signature plus marseillaise
Au fil des années, le Quai du Rire ! est devenu une scène incontournable, gardant dans son ADN, cette vocation première de mettre un coup de projecteurs sur de jeunes artistes à fort potentiel, offrant à son public une ambiance conviviale, avant le levé de rideau.
Ici, la particularité, comme à Lyon, Nantes ou Paris, c’est cet espace de restauration et le bar, créé dans un cadre chic, où l’on peut découvrir les photos des personnalités qui ont foulé les planches du Quai du Rire ! ces dernières années. Et depuis quelque temps, un concert est également proposé pour vivre une agréable attente.
En 2020, l’équipe travaille sur une signature un peu plus marseillaise. Loin des pièces où fleurissent les mots vulgaires, le Quai du Rire ! ajoute à sa programmation des opérettes marseillaises, et des pièces réécrites dans la veine pagnolesque pour remettre en valeur « ce côté-là de notre culture et de notre patrimoine marseillais. »