La Soleam organisait ce vendredi une réunion de suivi axée sur la sécurité du chantier. L’occasion de faire le point sur les avancées, notamment sur la place des vélos et la préservation, ou non, des quatre magnolias centenaires.
Chantier géant à ciel ouvert, la place Jean-Jaurès dite « la Plaine » est en travaux depuis un an pour une requalification de grande ampleur. Les premiers espaces publics réaménagés sont livrés petit à petit depuis l’été 2019. Ce matin, une réunion de suivi autour de la sécurité du chantier a permis de faire le point sur les avancements des travaux.
Malgré le retard pris au démarrage suite à une forte mobilisation, la rénovation de la place se fait « conformément au phasage prévu et l’intégralité des réaménagements seront finalisés en décembre 2020 », assure la Société locale d’équipement et d’aménagement de l’aire métropolitaine (Soleam).
• 1 place d’environ 2,5 hectares
• 85 % de surface piétonne
• 186 arbres
• 1 marché sur 4 allées
• 2 aires de jeux (environ 660 m2) « inclusives » pour personnes et enfants à mobilité réduite
• 2 arrêts de bus, 1 piste cyclable
• et 1 espace partagé piétons / vélos
• 7 aires de livraison autour de la place
• 1 station de taxis
• 65 places de stationnement minute
Directrice des opérations pour la Soleam, Nancy Pitiot confirme le fait que « malgré un timing à marche forcée, pour un chantier qui aurait pu être envisagé en quatre ans au lieu de deux, on avance dans les délais. On a même de l’avance sur certains secteurs. On doit notamment ça au suivi qu’il y a derrière, avec huit bureaux d’études, et des entreprises qui mettent le paquet ».
L’allée ouest, comprenant la désormais unique route de la place (qui la traverse nord – sud), est terminée. Ainsi que ses abords piétons où s’alignent kiosques, arbres et bancs. Les contours de la place et leurs nouveaux revêtements seront les prochaines livraisons, prévues à partir de décembre.
Fin mars 2020, les pieds de façade situés à l’ouest de la place, de l’angle de la rue des Trois Mages jusqu’à la rue Curiol, ainsi que la chaussée rejoignant l’axe traversant, devraient être finalisés.
De même que l’allée piétonne Est végétalisée ainsi que le Nord de la place jusqu’à l’axe de circulation rejoignant la rue Saint-Savournin.
Il faudra attendre la livraison du tapis central entièrement piéton jusqu’à l’est de la place, dont les travaux sont en cours, pour que le chantier soit finalisé en intégralité « en décembre 2020 », rappelle encore Gérard Chenoz, président de la Soleam.
Adieu les quatre magnolias remarquables ?
La question des arbres a cristallisé une partie de la contestation du projet de rénovation de la Plaine. Il a, en effet, fallu en couper une partie pour les travaux, « même si au final, il y en aura 186, soit quinze de plus qu’avant », assure Nancy Pitiot.
Il est notamment question de préserver les quatre magnifiques magnolias centenaires sur la butte centrale de la place, classés « arbres remarquables ». Mais un d’entre eux est à l’agonie, explique la directrice des opérations : « Il est malade et en très mauvais état. L’expert phytosanitaire dit qu’il n’y a rien à faire pour le sauver ».
Il restera donc trois d’entre eux, mais leur sort ne semble, à long-terme, pas plus vert. « Ils ne sont pas malades, eux, mais en fin de vie tout simplement. Ils tiendront peut-être dix ou 20 ans encore, c’est dur à dire. Quand il sera temps, nous les remplaceront alors par d’autres espèces remarquables ».
Pas de piste cyclable centrale, mais un « circuit » autour de la place
Alors qu’il a été question de créer une piste cyclable longeant la voie de circulation centrale, la Soleam préfère créer un « circuit cyclable » faisant le tour de la place piétonne. Elle ne sera donc pas sécurisée, mais démarquée par le revêtement. « La route était trop étroite et accidentogène », précise Nancy Pitiot.
Elle rajoute que l’une des deux voies de circulation actuelles, qui descendent à l’est de la Plaine vers le boulevard Chave, sera réservée aux cyclistes.
Un chantier objet de dégradations par les contestataires
Mais si Gérard Chenoz animait une réunion de suivi aux côtés du préfet de police des Bouches-du-Rhône, Olivier de Mazières, et du directeur de la police municipale Marc Labouz, c’était avant-tout pour parler de sécurité.
La rénovation de la Plaine a fait l’objet de nombreuses contestations, parfois musclées. Made in Marseille a consacré un dossier aux questions de concertation et de gentrification portées par les opposants au projet, qui déploraient également la réduction du marché et les arbres coupés. Une protestation qui a pris la forme d’occupations de la place, d’affrontements avec la police, et ces derniers temps, de dégradations.
« Depuis septembre 2018, on compte 107 interpellations pour dégradations, 24 gardes à vue pour dégradations ciblées du chantier la nuit, dont deux destructions par incendie, et 12 violences sur les forces de l’ordre avec quatre policiers blessés », énumère le préfet de police Olivier de Mazières, rappelant toutefois que ces incidents sont en baisse ces derniers mois. « Mais on s’attend à un regain autour des municipales, et que des « irréductibles » continuent après », lance Gérard Chenoz.
19 caméras de surveillance et des patrouilles renforcées
Sans le chiffrer précisément, ce dernier déplore le coût que représentent les dégradations, avançant néanmoins les « 390 000 euros que nous a coûté la location de l’enceinte en béton pour protéger le chantier ».
Un dispositif de sécurité renforcé est mis en place avec les forces de l’ordre depuis fin septembre 2019. Une équipe de la police municipale assure une présence permanente sur le site, tous les jours de 8 h à 19 h. La nuit, cinq à six patrouilles passent régulièrement, dont certaines de la BAC ou des CRS.
Avec quatre caméras de vidéosurveillance sur la place, le Centre de supervision urbaine « a permis d’interpeller trois ou quatre fois des tagueurs », explique le représentant de la police municipale, Marc Labouz. Ce dispositif devrait donc être renforcé par 15 caméras supplémentaires, « ainsi que des « caméras nomades » que nous pourront changer d’endroit pour piéger les tagueurs qui connaissent les emplacements ».
Face à ce dispositif sécuritaire, la question d’un apaisement social par la discussion se pose. Une question prise en compte selon Gérard Chenoz, avec « un médiateur tous les jours de la semaine sur le terrain, et des discussions possibles à la Soleam ».
Les actions de la minorité zadiste sont largement mises en avant comme opposants au projet de rénovation de cette place, en revanche la majorité silencieuse n’est jamais scrutée.