C’est depuis la cité phocéenne que le gouvernement a décidé de lancer son nouveau plan national contre le trafic de drogue. 55 mesures, dont la création d’un office anti-stup’ sur le modèle de la DGSI pour l’anti-terrorisme.
« La drogue c’est avant tout et d’abord une réalité (…) Le trafic de stupéfiants est la matrice de toutes les délinquances ». Le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner et son secrétaire d’Etat, Laurent Nuñez ainsi que la garde des Sceaux, Nicole Belloubet et le ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin dont dépendent les douanes, étaient aujourd’hui dans la cité phocéenne, pour le lancement du plan anti-stup’.
Le gouvernement a décidé « d’agir vite, d’agir fort et d’agir collectivement », a insisté le ministre de l’Intérieur, annonçant qu’une réforme est devenue « nécessaire, impérative. En 66 ans, tout a changé, sauf notre organisation, nous devons gagner en lisibilité, être stratège ».
Présentation du plan national de lutte contre le trafic de #stupéfiants ce matin à #Marseille ⤵️ @Place_Beauvau @marseille @NBelloubet @CCastaner @departement13 @SamiaGhali @saidahamada @prefpolice13 pic.twitter.com/A8enH8WoIu
— made in marseille (@MadeMarseille) September 17, 2019
Pour combattre de trafic de drogue « à tous les niveaux », le gouvernement a procédé à une réforme de son organisation, au travers de 55 mesures, à commencer par la création de l’office anti-stup’. L’Ofast vient ainsi remplacer l’Office central de répression du trafic illégal de stupéfiants (Ocrtis), créé en 1953.
L’Ofast est présenté comme le « chef de file » de la lutte contre les trafics de drogues et se calque sur le modèle de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), en matière de terrorisme. L’objectif est de décloisonner les renseignements entre les différents services, des gendarmes aux douaniers et jusqu’aux bailleurs sociaux. L’Ofast, basé à Nanterre, sera doté de 150 enquêteurs avec à sa tête une policière et un magistrat. 16 antennes seront également déployées sur le territoire.
Pour mieux partager les renseignements, l’office anti-stup’ pourra s’appuyer sur des Cross, cellules du renseignement opérationnel sur les stupéfiants. Cette méthode dite de « pilotage renforcé », a d’ailleurs été initiée à Marseille, en 2015, par entre autres, Laurent Nuñes, à l’époque préfet de police des Bouches-du-Rhône. Elle constitue, selon Christophe Castaner, un levier pour « démanteler les réseaux du petit dealeur aux trafiquants internationaux ».
Une plateforme d’appel pour signal les points de vente
Parmi les 55 mesures, on peut noter l’expérimentation d’une plateforme d’appel anonyme pour signaler les points de vente présumés des stupéfiants ; la réalisation d’une cartographie unifiée et partagées de tous les points de deals et des réseaux de distribution sur le territoire sera constituée, les équipes en charge de l’analyse des cybertrafics seront renforcées, les cellules de lutte contre les trafics (CLCT), co-présidées par les préfets et les procureurs de la République mise en place dans le cadre de la Sécurité du quotidien seront développés…
Pour casser l’image « jovial et festive de la drogue », une campagne de sensibilisation sera lancée pour alerter sur les risques sanitaires.
Saisine des biens des trafiquants
La confiscation du patrimoine des trafiquants est aussi présentée comme « un outil dissuasive », souligne la garde des Sceaux, « plus pertinent qu’une peine, ou une amende ». Nicole Belloubet a d’ailleurs annoncé qu’une mission parlementaire était en cours, chargée de faire des propositions pour améliorer l’efficacité des saisines et des confiscations. Autre ambition : une plus grande réactivité de la réponse judiciaire en matière de récidive des mineurs.
En matière pénale, le gouvernement aura recours à un nouveau mode de réponse : l’usage de stupéfiant sera verbalisé d’une procédure de « sanction forfaitaire » de 200 euros, que l’usager pourra recevoir à son domicile. Elle sera lancée à titre expérimental d’ici au mois de décembre.
10 millions d’euros de dotation
Même s’il faut des indicateurs de résultats, le gouvernement assure ne pas être dans une approche comptable : « Ce qui compte ce n’est pas de faire du volume, du chiffre », mais un travail de terrain de longue haleine, « cage d’escalier par cage d’escalier, immeuble par immeuble, quartier par quartier. Aucun ne sera intouchable », assure le ministre de l’Intérieur.
Pour mettre en œuvre son plan d’action, 10 millions d’euros (inscrits au budget 2020) devrait être débloqués par l’Etat. En terme de calendrier, la mise en œuvre du plan anti-stup’ devrait être effective sous trois mois, avec l’ouverture de l’Ofast prévue au 1er janvier 2020.
La demande de Samia Ghali à l’issue du conseil municipal