Le macroniste Jean-Philippe Agresti a ouvert la grande soirée du « Rassemblement pour Marseille » de Martine Vassal (LR), jeudi 4 juillet au Silo. Devant près de 1700 personnes, la présidente de la Métropole a livré quelques grands axes de son projet tout en déroulant sa stratégie d’ouverture, sans pour autant se prononcer sur sa candidature.
Il est 19 heures au Silo, la salle est pleine, près de 1700 personnes se sont rassemblées, agitants des drapeaux blancs à la croix bleue, symboles de la ville de Marseille, au son de Prodigy, Gramatik ou encore Daft Punk. Ce 4 juillet 2019, à Marseille, celle que les militants attendent, c’est Martine Vassal.
Cette date, nombreux sont ceux qui l’ont coché dans leur agenda, à commencer par les élus LR, qui ont pris place dans les premiers rangs. Manquaient à l’appel Renaud Muselier, Bruno Gilles, ou encore Guy Teisser. Les agents territoriaux n’ont pas non plus manqué le rendez-vous, tout comme certains élus de la Chambre de commerce et d’industrie Marseille Provence.
Et naturellement les amis de Martine Vassal, dont l’association du même nom a organisé ce qui s’apparente à un meeting de début de campagne, placé sous le signe du « Rassemblement pour Marseille ». Celui que la présidente LR du Département des Bouches-du-Rhône et de la Métropole Aix-Marseille Provence appelle de ses vœux depuis le 11 juin.
Jean-Philippe Agresti, symbole « du renouvellement »
Pour illustrer sa stratégie d’ouverture, au-delà des clivages politiques et « des querelles idéologiques », Martine Vassal a tenté de jouer une délicate partition, composant d’un côté avec les ténors de sa famille politique, avec la présence remarquée de Jean-Claude Gaudin, le maire LR de Marseille, et sa garde rapprochée Jean-Pierre Chanal et Claude Bertrand [ « C’est eux qui ont fait Marseille » nous confie un proche de Martine Vassal en aparté], et de l’autre son désir de renouvellement, incarné par Jean-Philippe Agresti, macroniste de la première heure, ami du couple présidentiel.
Le doyen de la faculté de droit d’Aix-en-Provence est l’une des quatre personnalités* pressenties pour représenter LREM lors des élections municipales de 2020. C’est hier, tard dans la nuit, qu’il a décidé de répondre favorablement à l’invitation lancée par la présidente du Département et ainsi d’ouvrir cette séquence.
Dans la lignée du petit film diffusé en ouverture de la soirée, faisant témoigner des habitants qui ont Marseille dans le cœur, lui a « Marseille au corps ». « Cette ville m’a construit, nous voulons le meilleur pour elle. Construisons un projet qui dépasse les vieilles querelles des anciens et des modernes, construisons un projet comme celui qui a soufflé sur la France en 2017 ».
Une phrase qui a déclenché les huées d’une partie de la salle. Par deux fois, Jean-Philippe Agresti a essuyé des cris de contestations, mais a déroulé sur le Marseille propre, « vert », connecté, la priorité à l’éducation, la formation professionnelle, l’insertion, la recherche du plein emploi, la lutte contre le chômage… « Marseille est une et indivisible, elle doit le rester ».
Ce soir c’est @PhiAgresti qui ouvre la soirée de @MartineVassal dans son #RassemblementPourMarseille#Marseille #municipales2020 pic.twitter.com/8oZeSN1hgC
— made in marseille (@MadeMarseille) 4 juillet 2019
« La vague du changement »
Une phrase qui résonne d’autant plus que la présidente de la Métropole à l’habitude de la prononcer. Longuement acclamée avant de prendre la parole, elle a rappelé dans son discours qu’elle était « une femme de droite, je ne l’ai jamais caché, mais ma vie entière ne se résume pas à une étiquette politique », a-t-elle souligné, pour imprimer dans les esprits cette logique de grand rassemblement. « Nous sommes le peuple de Marseille dans toute sa diversité », a-t-elle exprimé ensuite sur cette scène, occupée par une partie des 300 experts qui participent à l’élaboration de son projet « Marseille Métropole Audacieuse ».
On reconnaît Jean-Yves Sayag, l’humoriste et lanceur d’alerte marseillais connu pour ses actions contre les déchets sauvages, l’acteur Moussa Maaskri, Vincent Paulez, président du Club des 30, la productrice Sabrina Roubache, compagne de Jean-Philippe Agresti, Patricia Ricard, présidente de l’Institut océanographique Paul Ricard et chef de file de la France pour le Sommet des deux rives, Jocelyn Meire, l’ancien directeur de la Cité des Métiers de Marseille…
Martine Vassal l’a assuré : « une vague est en train de se lever jour après jour, cette vague s’appelle le changement », et repose sur quatre « verbes d’action » : travailler, partager, respirer et protéger. Et quand il s’agit de « travail » c’est l’occasion pour elle de remercier Jean-Claude Gaudin, sous les applaudissements des militants, et de rappeler aux bons souvenirs « de ceux qui ont la mémoire courte, ce qu’ils vous doivent ».
Et de poursuivre sur cette Marseille généreuse, vertueuse, « exemplaire en terme de développement durable », et en la matière sa « détermination est totale ». Intransigeante sur la lutte contre la sécurité, prônant le « retour de l’ordre républicain », pour sanctionner « les incivilités »… Martine Vassal a évoqué quelques grands axes de son futur projet.
Une vision qui colle à celle livrée par Jean-Philippe Agresti, en introduction. Et pourtant, si beaucoup ont vu dans sa présence ce soir-là, un signe d’alliance en vue des municipales, il faut y voir « l’occasion de profiter d’une tribune pour partager une vision », souligne Sabrina Roubache.
Face aux huées dont il a fait l’objet, Jean-Philippe Agresti nous a confié en aparté « c’était un risque, mais j’assume ». « Il fallait oser le faire », reprend la productrice. « Soyons un peu audacieux, il ne faut pas avoir peur de dire les choses, les cafés philo ça va 5 minutes, et ça suffit la politique sur les réseaux sociaux. Nous connaissons le territoire, pour Marseille, il fallait qu’il y soit ce soir et nous parlerons avec tout le monde, sauf les extrêmes naturellement ». Dans la même ligne Patricia Ricard, qui adhère au discours sur l’environnement de Martine Vassal, estime qu’« il faut pousser les femmes ».
« Bruno Gilles doit rejoindre ce rassemblement »
Du côté des élus présents, à l’instar d’Yves Moraine, le contentement se fait sentir. Aucune surprise en ce qui le concerne sur le déroulement de la soirée. Selon lui : « ça n’aurait pas été malin de se déclarer avant l’été », quand Didier Parakian, lui, souligne la nécessité de « rassembler autour de Martine Vassal jusqu’à En marche et même Bruno Gilles [qui rencontrait au même moment les habitants de l’Estaque] doit rejoindre ce rassemblement ».
Chez les marcheurs, Alexandra Louis ne s’est pas privée de réagir sur les réseaux sociaux :
Vos mises en scène ne dupent personne. Les marcheurs ne veulent ni alliance, ni rassemblement derrière cette majorité. Je vous l’affirme, en tant que Marcheuse et Députée.
Vous ne proposez pas un rassemblement mais une allégeance. Nous ne serons pas vos vassaux. https://t.co/Ad0oLNPKYJ— Alexandra Louis (@ALouisDeputee13) 4 juillet 2019
L’été sera chaud et studieux pour les équipes de Martine Vassal, qui entendent faire des propositions à la rentrée. Déterminée, en retraçant l’histoire de Marseille la rebelle, cette cité phocéenne qui au fil des siècles n’a eu de cesse de tomber et se redresser, la présidente de la Métropole n’aspire qu’à une chose : que « Marseille se relève ».
- Pour l’heure, quatre personnalités sont pressenties pour mener la liste LREM à Marseille : le député Saïd Ahamada s’est officiellement déclaré candidat à l’investiture. Les noms d’Yvon Berland, président de l’Université Aix-Marseille (Amu) et Jean-Philippe Agresti, doyen de la faculté de droit d’Aix-en-Provence circulent également pour mener la campagne des marcheurs, même si Yvon Berland, est plus discret sur ses intentions. Depuis quelques jours, une autre personnalité est entrée dans la course : Johan Bencivenga. Même s’il a démenti, le président de l’UPE 13, absent hier soir, a bien rencontré lundi 1er juillet les conseillers d’Emmanuel Macron à Paris, qui attendent désormais son projet pour Marseille.
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