Basculer vers une économie circulaire plus responsable, qui préfère recycler que jeter, partager plutôt qu’acheter. Pour avancer sur ce sujet dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, une plateforme régionale dédiée a été lancée le 30 avril. Une sorte de « boîte à idées » pour aller plus vite et être plus efficace. Ou quand parfois tourner en rond prend tout son sens.
Afin de favoriser le déploiement de l’économie circulaire en Provence-Alpes-Côte d’Azur, un consortium de partenaires a décidé d’entrer dans une démarche collective. Cette initiative se traduit par le lancement de la « plateforme régionale de l’économie circulaire ». Il s’agit de créer un vaste réseau et permettre aux entreprises, collectivités, associations, clusters, pôles de compétitivité… de se réunir pour créer, imaginer, partager et construire un modèle de société plus responsable.
La signature de la convention partenariale a eu lieu le mardi 30 avril, entre la région Sud, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise d’énergie (Ademe), la Chambre de commerce et d’industrie de région (CCIR), la Chambre des métiers et d’artisanat de région (CMAR), la Banque des territoires (Caisse des dépôts et consignations), et l’Etat, impulsant une nouvelle dynamique sur le territoire. « Cette plateforme est plutôt un outil humain. L’idée est de se mettre autour de la table et de déterminer les besoins des uns et des autres », explique Anne Claudius-Petit, conseillère régionale, vice-présidente de la commission croissance verte, transition énergétique, énergies et déchets.
Entrer dans une démarche vertueuse
C’est dans ce but que la Banque des territoires a souhaité être co-signataire. Aucune participation financière n’a été déterminée pour le moment, mais la Banque des territoires est « là pour trouver des solutions, en apportant de l’ingénierie, des financements long terme et des investissements. Nous accompagnons les collectivités publiques, et nous voulons contribuer, avec la Région, à une Cop d’avance », explique Richard Curnier, directeur régional. Avec son plan climat, la Région Sud veut, en effet, « devenir un modèle en matière de transition énergétique, de développement des énergies renouvelables, de protection de la biodiversité et des espaces naturels, de réduction de la consommation et d’amélioration de la qualité de l’air », déclarait Renaud Muselier, à l’occasion du premier Acte de la Méditerranée du futur.
Plus de 30% du budget de la région, d’ici à la fin du mandat, est d’ailleurs fléché vers la transition écologique et énergétique. Elle est d’ailleurs l’une des rares régions de France « à ne pas avoir une approche seulement sur le devenir des déchets [elle a cette compétence depuis 2014 ndlr], mais une prise en compte globale, avec leur valorisation, de l’innovation économique, la création d’emploi… », poursuit Anne-Claudius-Petit. Un dernier point sur lequel a d’ailleurs insisté Jean-Luc Chauvin. Pour le président de la CCI Marseille Provence, « qui entre volontiers dans cette convention », l’économie circulaire est une « manière de créer une nouvelle économie pour les entreprises, créer de nouveaux emplois et même dans le secteur industriel… C’est l’occasion aussi de montrer ce qu’on sait faire sur le territoire. »
Les 7 piliers de l’économie circulaire « autant de défis que d’opportunités »
Le monde de l’artisanat s’est emparé de cette enjeu. Avec 148 millions d’entreprises, ce secteur est « garant d’une biodiversité de ces métiers, souligne Jean-Pierre Galvez, président de la Chambre de métiers et de l’artisanat Provence-Alpes-Côte d’Azur. Les 7 piliers de l’économie circulaire [éco-conception, écologie industrielle, économie de fonctionnalité, le réemploi, la réparation, la réutilisation et le recyclage ndlr] sont autant de défis que d’opportunités ».
Elle a d’ailleurs mis en place des opérations telles qu’« éco-défis », dont le label récompense les entreprises les plus vertueuses, ou encore la démarche « Répar’Acteurs », pour promouvoir les métiers de la réparation auprès du grand public avec un axe de lutte contre le gaspillage (prolonger l’utilisation des objets, économiser les matières premières, de l’énergie et de l’eau, réduire les émissions de gaz à effet de serre).
Des « world café » thématiques pour avancer collectivement
Des dispositifs sur lesquels les retours d’expérience pourront désormais être partagés, améliorés, multipliés grâce à la « plateforme », dans le cadre des « world café ». Des groupes de travail où les entreprises, associations, collectivités, chambres consulaires… planchent sur la question de l’économie circulaire au travers de différentes questions : « Quels sont, pour une entreprise les freins à l’adoption de l’économie circulaire ? », « Comment embarquer les entreprises dans l’économie circulaire ? », « Comment faire évoluer les mentalités en faveur de l’économie circulaire ? » ou encore « Quelle serait une mauvaise politique publique d’économie circulaire ? »
Ces ateliers de réflexions qui seront organisés régulièrement sur différentes thématiques, permettront, selon Anne Claudius-Petit « d’adapter les dispositifs et les financements qui ne sont pas indéfinis pour qu’ils soient au plus près des besoins des entreprises, des associations qui portent des projets et d’être le plus efficace possible.»
L’entreprise Citeo, qui accompagne et finance le tri, la collecte et le recyclage des emballages ménagers et des papiers a participé à ce premier rendez-vous. « C’est très important pour nous de venir nous impliquer auprès de la région Sud car c’est un acteur de planification et de pilotage. Nous même, nous sommes un acteur de l’économie circulaire, nous travaillons aussi bien avec les entreprises, qu’avec les collectivités et les citoyens qui doivent faire le geste de tri », explique Christine Lieuthy-Molina, directrice régionale. Elle attend précisément de cette démarche collective d’être identifié « sur nos capacités et qu’on s’implique dans une dynamique opérationnelle et que derrière cela se concrétise par des plans d’actions ».
Donner de la cohérence pour accélérer
L’autre ambition est aussi d’accélérer la cadence, comme l’a souligné Gaëlle Rebec, directrice régionale de l’Ademe : « Il y a quelques années, nous n’aurions pas eu le même engouement car ce concept est difficile à appréhender. Cette idée d’une gouvernance partenariale peut permettre d’accélérer le travail en matière d’économie circulaire car nous n’avons pas le temps. Cet exemple en région doit servir à l’ensemble de la France pour atteindre les objectifs environnementaux ». Pour les services de l’Etat, « pleinement engagés » dans cette démarche « on ne peut pas faire vite sans coordonner et il y a beaucoup d’initiatives qui méritent de l’être. Cette plateforme permet d’apporter de la cohérence ».
Le forum régional de la transition écologique et des entreprises qui aura lieu à Nice fin octobre-début novembre, sera l’occasion de mettre en lumière les avancées et les initiatives « pour montrer à d’autres acteurs que c’est possible, qu’il y a des accompagnements », souligne Anne Claudius-Petit. A travers cette nouvelle « boîte à outils » la Région Sud ambitionne d’être le leader en matière d’économie circulaire.
Portée par les ministères en charge de l’Économie et de l’Environnement, l’économie circulaire est au centre de la politique gouvernementale. La loi sur la transition énergétique pour la croissance verte fixe des objectifs ambitieux et des outils de suivi pour la développer, elle est également inscrite au sein des Programmes d’Investissements d’Avenir (PIA) et occupe une place centrale dans le Plan Climat présenté le 6 juillet 2017 par le ministre de la Transition Écologique et Solidaire. Une feuille de route nationale sur ce thème (FREC) a également été publiée fin 2018 à la suite d’une vaste consultation publique.