Jean-Christophe Lagarde, président de l’UDI et tête de liste pour les Européennes, était en déplacement dans les Bouches-du-Rhône, mardi 23 avril, accompagné des candidats représentant la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. L’occasion d’aborder avec lui son projet et une autre élection… plus locale.
Après Aix-en-Provence début mars, Jean-Christophe Lagarde, patron de l’Union des démocrates indépendants (UDI) et tête de liste pour les Européennes, a décidé d’effectuer une nouvelle escale dans les Bouches-du-Rhône. Une visite au pas de course, pour faire campagne à moins d’un mois de l’élection. Il était accompagné de la présidente de la fédération des Bouches-du-Rhône, la sénatrice Sophie Joissains et des co-présidents Maurice Di Nocera et de la conseillère régionale, Anne Claudius-Petit.
Ces derniers figurent respectivement à la 32e et 47e position sur la liste pour l’élection de mai prochain, où la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur et le département sont d’ailleurs bien représentés : la conseillère régionale du Var, Josy Chambon, figure à la 4e place, Sonia Zidate, conseillère régionale du Vaucluse est 12e et Brigitte Devesa, conseillère départementale des Bouches-du-Rhône, 22e. « Si nous atteignons les 5%, Josy Chambon sera la seule de la droite et du centre à pouvoir être élue au Parlement européen, parce que Les Républicains ont choisi de mettre quatre parisiens dans les dix premiers. Moi je pense que tout le territoire doit être représenté », nous explique Jean-Christophe Largarde, à la sortie de son déjeuner avec des chefs d’entreprises et start-uppeurs du territoire.
Rencontre avec Renaud Muselier
Un choix auquel aurait d’ailleurs été sensible le président de la région Sud, Renaud Muselier, avec lequel le président de l’UDI « échange régulièrement ». Les deux hommes se sont d’ailleurs rencontrés dans la journée. « Renaud Muselier a été un bon député européen avec plus de 3 milliards d’euros ». L’occasion « de lui redire que nous travaillerons ensemble pour continuer à aller chercher des fonds européens pour le territoire », nous confie-t-il, un peu avant son entretien avec le président de région.
Et d’ajouter : « Il serait invraisemblable que cette région ne soit représentée, autrement que par En marche, quand on voit des députés qui ont été choisis selon le même modèle et qui sont des répétiteurs de M. Macron. Je ne suis pas sûr qu’au Parlement européen, cette région ne doit avoir que des petits Macron », tacle le député de Seine-Saint-Denis, qui entend se démarquer du projet européen du président de la République. « Notre liste est la seule vraiment pro-européenne. Nous sommes la famille politique héritière de Valérie Giscard d’Estaing, Simone Veil, de Jean-Louis Borloo. On a toujours été aux avant-postes du combat européen. Cette liste à vocation à rassembler tous ceux qui ont conscience que ce n’est pas la sortie de l’Union qui est nécessaire, mais sa transformation. Cette liste s’adresse à des gens qui veulent vraiment voter pour l’Europe mais en même temps pas pour Macron ».
« Si on ne transforme pas l’Europe, elle mourra »
Et le leader centriste d’énumérer quelques propositions telles que la mise en place d’un visa touristique « pour les non-européens comme aux Etats-Unis, ce qui rapporterait 6 milliards », une taxe carbone sur les importations, « c’est-à-dire financer l’Europe par les gens qui ne sont pas Européens, mais qui nous vendent 1 700 milliards d’euros d’importations chaque année, à 35 euros la tonne, ce qui est le prix du marché aujourd’hui. Cela permettra à l’Europe de retrouver un budget qui en termine avec les égoïsmes nationaux et rendre 91 milliards d’euros aux Français. Macron ne le propose pas ! ». Autre mesure : l’application de la taxe Tobin sur les transactions financières « bloquées jusqu’à présent par les Anglais, ce qui rapporterait 40 milliards ». Puis de s’attaquer aux Gafas « pour qu’ils nous rémunèrent lorsqu’ils utilisent nos données ».
Européen convaincu, pour Jean-Christophe Lagarde « si on ne transforme pas l’Europe, elle mourra car c’est la seule arme à notre disposition pour ne pas pour ne pas subir le reste du monde, les grandes puissances continentales, les grandes puissances économiques… ».
Municipales 2020 : Lagarde favorable aux accords de terrain
Désireux d’afficher son indépendance par rapport à la liste de la majorité présidentielle, et rejetant toute alliance avec le parti de droite, dans lequel il ne se reconnaît plus, Jean-Christophe Lagarde est sur une autre ligne lorsqu’il s’agit d’élections locales. A un an des élections municipales, alliances ou liste autonome, le président de la formation centriste est clair : « Ce sont nos responsables locaux qui en feront le choix, pas seulement à Marseille, mais partout ». Le député UDI veut en finir avec « la bêtise des élections municipales auxquelles on fixe un enjeu national. »
Il se dit favorable aux accords de terrain, « avec des gens qui ne sont pas nos partenaires politiques traditionnels ou habituels », dès lors que « vous êtes d’accords pour un projet municipal, et ici, pour un projet métropolitain. Les municipales servent à porter un projet de territoire, il ne faut pas regarder les étiquettes politiques ».
La seule limite : ni extrême droite, ni extrême gauche. « Ce n’est quand même pas depuis Paris que je vais décider de ce qui se passe à Marseille, je refuse cette logique-là. Depuis 1977 et le programme commun de Georges Marchais et de François Mitterrand, on a nationalisé les municipales, je suis pour municipaliser les municipales ». Ancrée traditionnellement à droite, l’UDI préfère pour l’heure « se concentrer sur l’étape européenne avant de penser aux municipales », sourit la sénatrice Sophie Joissains, qui ne souffle mot sur son avenir politique.
Selon le dernier sondage Ifop, publié mardi 23 avril, l’UDI est créditée de moins de 2%.