À quelques semaines des élections européennes, Renaud Muselier, président de la région Sud et député européen est revenu sur les investissements réalisés sur le territoire régional grâce aux crédits de l’Europe.
« Donner une culture de l’Europe à tous les niveaux. L’Union européenne sert si on sait s’en servir ». C’est le leit-motiv de Renaud Muselier, président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, dont le mandat de député européen prendra fin le 26 mai prochain. Avant cette échéance, il était important pour lui de dresser le bilan de son action européenne et aborder les perspectives.
La Région, autorité de gestion des fonds européens, dispose d’une enveloppe de près d’un milliard d’euros sur la période 2014-2020. Renaud Muselier s’était engagé à en obtenir le double. « Un milliard d’euros de fonds structurels, détenus par la Région et que nous avons pris l’engagement de consommer dans leur totalité. Un milliard supplémentaire, que nous avons pris l’engagement de décrocher », souligne le député européen, à l’occasion de la conférence de presse, mardi 8 avril, en présence d’Alain Dumont, le représentant permanent de la Commission européenne à Marseille.
Renaud Muselier : « il faut apprendre à parler européen »
Au terme des 18 mois de mandature, ce sont « 3,3 milliards de fonds européens qui ont été accordés pour agir en faveur du territoire », au profit des acteurs de l’agriculture, de l’agroalimentaire, des territoires ruraux mais aussi en faveur de l’économie, de l’innovation, de la transition énergétique… « Pour arriver à remplir ces objectifs nous avons renforcé nos équipes ici en région, avec une priorité sur les porteurs de projets. » Une équipe de sept personnes (contre trois auparavant) assurent « la veille» et une représentation permanente. « On nous explique tout le temps que l’Europe c’est très compliqué, c’est faux. Il faut apprendre à parler européen, à présenter des projets qui soient éligibles aux fonds européens. Chaque fois que la commission européenne décide quelque chose dans un domaine, nous proposons un projet adéquat. »
Exemples de projets développés grâce aux fonds européens
À titre d’exemple, grâce aux fonds de l’Europe, 940 000 euros ont été investis en 2016, pour le réseau d’eau tempérée de l’îlot Allar à Marseille, qui fournit chaleur et climatisation à partir de l’énergie de l’eau de mer. Un dispositif qui s’inscrit dans la ligne stratégique du plan Climat « Une Cop d’avance ! ». 875 000 euros, en 2017, pour le Plateau d’exploration « Cancer et Vieillissement » de Nice, avec de nouvelles expérimentations thérapeutiques ou encore 3,5 millions d’euros pour le programme Fire Rescue Innovation Network, pour coordonner l’action régionale de lutte contre les incendies.
Dans le cadre du Fonds européen de développement régional (Feder) plus de 2 millions d’euros ont été investis pour le projet « Quanta » de Jaguar Network. Ce projet collaboratif permet d’accueillir des chercheurs et des start-up dans un centre de recherche unique en Europe autour d’un accélérateur des technologies numériques, associant les sciences de la vie et le numérique au cœur d’une zone franche urbaine « à fort potentiel de Marseille ».
Smart Waste, initié par la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (Programme Life lié aux enjeux climatiques et environnementaux) comporte plus de 130 opérations sur l’ensemble du territoire, afin de soutenir et renforcer l’innovation locale en matière de collecte, de tri et de valorisation des déchets (9,9 M €). Un exemple d’innovation avec Helio, le système qui transforme l’eau de mer en eau potable, développé par la petite entreprise varoise Marine Tech.
250 000 euros ont été engagés pour le « student transnational entrepreneurship program », visant à développer la culture entrepreneuriale entre les étudiants français et italiens dans les filières de croissance bleue et verte afin de les préparer au mieux à intégrer le marché du travail et accroître leur mobilité au sein de l’espace européen.
La centralisation des fonds de l’Europe au niveau de l’Etat inquiète
L’ambition est de poursuivre les efforts régionaux pour continuer à porter à Bruxelles les projets de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. La région Sud s’inscrit d’ailleurs parmi « les régions modèles en Europe », ajoute Alain Dumont. « Nous avons noué une relation de confiance ces trois dernières années. Si la région profite de l’Europe, l’Europe profite de la région. La population est supérieure à l’Irlande ou la Croatie, sa taille au Luxembourg, son PIB à celui de la Slovénie. Quand la région va bien, l’Europe va bien. » Le taux de consommation des crédits de l’Europe est dans les dix meilleurs au niveau européen « et même devant les autres grands pays régionalisés (Allemagne, Italie, Espagne)», assure Renaud Muselier.
Ces bon résultats pourraient être remis en question une fois le Parlement européen renouvelé, et à l’heure où est évoquée la centralisation des fonds de l’Europe au niveau de l’Etat. « Une faute politique, pour le président de la région Sud. C’est fondamentalement inacceptable, injuste et contre-productif. Nous faisons mieux et nous le faisons plus vite qu’un Etat central aux procédures toujours plus lourdes ». Afin de ne pas laisser « cette catastrophe annoncée se produire », les présidents de région aborderont le sujet à l’occasion d’une réunion avec le premier Ministre le 16 mai prochain.
- FEDER (Fonds européen de développement régional) – 284 millions d’euros.
- FSE (Fonds social européen) – 147 millions d’euros.
- POIA (Programme Interrégional du Massif des Alpes) – 34 millions d’euros.
- FEADER (Fonds européen agricole de développement rural) – 540 millions d’euros.
- Programme MED (Programme européen de coopération transnationale – Nord Méditerranée) – 224 millions d’euros.
- ALCOTRA (Programme européen de coopération transfrontalière France-Italie terrestre) – 33 millions d’euros.
- Espace alpin – 4,4 millions d’euros.
- MARITTIMO (Programme transfrontalier France-Italie maritime) – 18,6 millions d’euros.
- HORIZON 2020 (Programmes de recherche et d’innovation européens) – 275 millions d’euros.
- Fonds européens d’investissement – 330 millions d’euros.
- Mécanisme pour l’interconnexion en Europe (transports) – 27 millions d’euros.
- Programme LIFE (environnement) – 19 millions d’euros.
- Europe Créative (culture) – 29 millions d’euros.
- Erasmus+ (Jeunesse) – 46 millions d’euros.
- EuropAid (Coopération) – 19 millions d’euros.
- FSI Police (Immigration) – 3 millions d’euros.
- Plan Juncker – (Plan de relance de l’investissement dans les pays de l’Union européenne) – 202 millions d’euros
- Prêts BEI (Lycées, routes…) – 1,1 millard d’euros.