Autrefois lieu incontournable pour le shopping et la flânerie, le centre-ville de Marseille s’est petit à petit vidé de ses commerces. Aujourd’hui, le taux de locaux inoccupés est estimé à environ 15 %. La métropole Aix-Marseille Provence a voté ce jeudi la mise en place d’outils pour lutter contre la vacance commerciale.
Depuis plusieurs années, l’activité du centre-ville de Marseille s’essouffle. Les travaux du tramway sur la rue de Rome, l’implantation de trois centres commerciaux à ses extrémités (les Terrasses du Port et les Docks Village au Nord et le Centre commercial du Prado au Sud) ou encore la fermeture des grandes enseignes qui servaient de locomotives ont en partie conduit à cette situation.
Boudé par les Marseillais, le centre-ville a vu fermer de nombreux commerces. Aujourd’hui le taux de vacance commerciale est estimé à environ 15 %. Une tendance qui se retrouve également dans de nombreuses villes de France. Les habitudes de consommation ont en effet changé avec la part de plus en plus importante du commerce en ligne et, bien avant, avec l’installation de zones commerciales en périphérie.
Une sous-location à tarif préférentiel
Pour tenter de solutionner ce problème, le conseil métropolitain Aix-Marseille-Provence a voté aujourd’hui l’adoption de mesures sur le secteur Opéra/Canebière/rue de Rome. La « prise à bail de la Métropole de locaux commerciaux vacants » est ainsi envisagée. L’institution louerait en son nom un local commercial vacant afin de le sous-louer à tarif préférentiel aux commerces désirés. Le loyer annuel sera évolutif.
« Du côté de la rue Saint-Ferréol, nous souhaitons faire un rue un peu plus attractive avec des commerces de bouche par exemple. Peut-être des bars à tapas ou des piano-bars, puisque la résidence Babel Community qui va s’installer dans les anciennes Galeries Lafayette, va amener de nombreuses startups et une nouvelle activité dans la rue », explique la présidente de la Métropole Martine Vassal. « C’est un modèle qu’on pourrait reproduire dans d’autres villes de la métropole à l’avenir, on pense notamment à Aubagne ou La Ciotat », imagine-t-elle.
La Métropole prévoit également de proposer un coup de pouce aux commerçants souhaitant s’installer dans le secteur du centre-ville. Dans le cas où le local est loué par la Métropole, les travaux seront réalisés par celle-ci. Dans le cas contraire, l’aide prendra la forme de subvention à la rénovation ou mise aux normes. Ces aides concernent tous types de travaux de rénovation de l’intérieur et de la devanture commerciale, hors travaux structurels sur le bâtiment. Le plafond est fixé à 50 000 € par boutique. Des « boutiques à l’essai » ainsi qu’un incubateur de commerces devraient également voir le jour. Les « boutiques à l’essai » sont des enseignes éphémères qui permettent de donner de la visibilité à des marques au petit capital. « Nous avions fait cela dans la rue de la Mode, et maintenant tout est loué, car vous avez vu qu’on était passé à un moment donné dans une phase où il n’y avait plus personne », se félicite Solange Biaggi, adjointe au maire de Marseille déléguée au Commerce et à l’Artisanat.
Un dispositif dans la continuité de celui de la ville de Marseille
En 2017, la ville de Marseille reprenait la main sur les commerces du centre-ville en votant la possibilité de préempter les locaux à la vente afin d’y installer des commerces de son choix. Les outils mis en place par la métropole ce jour semblent s’inscrire dans cette dynamique. Solange Biaggi, qui avait mis en place la préemption des baux commerciaux avec la ville de Marseille en 2017, salue l’initiative de la métropole : « c’est un accélérateur avec la métropole car à la ville on ne pouvait préempter qu’en cas de vente de fonds. Là, le principe est plus ouvert, en proposant aux gens qui ont des locaux vacants de prendre les baux à construction pour faire des loyers moins chers et inciter la relance du commerce ».
En deux ans, la ville a préempté cinq biens qui seront présentés au prochain conseil municipal (lundi 1er avril) et soumis à appel d’offre dans la foulée. « Deux d’entre eux se situent sur la Canebière (le n°132 et le n° 150) et deux sur la rue Saint-Saëns (n° 72 et n°73) », nous précise Solange Biaggi. « Vous savez, c’est beaucoup de d’argent et beaucoup de travail. Au total, on a recensé une centaine de commerces sur le périmètre depuis 2017, mais selon les ventes qui se font, on sait qu’on n’a pas besoin de préempter. Nous ce qu’on veut c’est implanter plus de nouveaux concepts, des concepts stores, plus de projets culturels ».
En début d’année, des travaux de piétonnisation et de rénovation du centre-ville ont été lancés avec pour objectif de re-dynamiser ce secteur. « L’instauration d’une nouvelle tarification dans les parkings avec la première demie-heure gratuite s’inscrit également dans cette ambition », explique Martine Vassal. « Les travaux entrepris dans le centre-ville et cet accès facilité aux parkings vont créer de l’activité dans le centre de Marseille. Dans un an, nous aurons un centre-ville qui ressemblera vraiment à quelque chose de bien », conclut Guillaume Sicard, président de Marseille Centre, la fédération de commerçants du centre-ville.
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La dégradation du centre ville est une conséquence des mesures prises par la ville, les commerces ont fermé en 3 mois rue Davso suite à l’ouverture du centre commercial du Prado. Quelle mauvaise foi de mettre en avant aujourd’hui les efforts réalisés pour aider les commerçants après avoir tout fait (et surtout rien fait en réalité…) pour le laisser mourir et pourrir. La rue Davso est entièrement taguée et ne ressemble plus à rien. Cette Mairie fait fuir les plus motivés de ses habitants, laisse pourrir des rues entières et des quartiers entiers et se gausse ensuite des efforts réalisés! Quelle honte. Des articles un peu plus musclés et plus critiques ne nous feraient pas de mal.
La vacance commerciale en centre-ville est un vrai sujet et l’article en souligne bien la complexité. La Métropole a certainement raison de le prendre à bras le corps mais comme le rappelle le journaliste il serait plus judicieux d’en avoir une approche plus globale. Soutenir l’installation de quelques commerces dans le centre (nb : les bars à tapas et autres « concepts store » sont ils la priorité de ce quartier encore populaire et mixte ? ) ne résoudra pas la question si l’on continue de soutenir massivement l’installation de grands complexes commerciaux en périphérie. Et la question du commerce en centre-ville est intrinsèquement liée à la politique de transports : il faudrait favoriser l’accessibilité du centre en transports en communs et certainement pas agrandir des parkings à tarifs préférentiels à proximité des multiplexes commerciaux (cf. la situation catastrophique de la pollution à Marseille dont on parle beaucoup ces jours ci).
Pour lire des articles de journalistes indépendants, il y a Marsactu et la marseillaise. Made in Marseille est plus un passe plat pour communiqué de presse