La Méridionale va expérimenter sur son navire Le Piana, qui navigue entre Marseille et la Corse, un système de filtre pour particules fines et ultrafines. Si les essais s’avèrent concluant, la compagnie déploiera ces filtres sur l’ensemble de sa flotte.
« Depuis deux semaines, cinquante ouvriers se relaient jour et nuit pour installer notre filtre à particules sur le bateau », explique Christophe Seguinot, le directeur technique de La Méridionale. La compagnie maritime va lancer une phase de test pour un filtre à particules fines et ultrafines. Les trajets tests seront effectués du 4 avril au 15 septembre sur le navire « Le Piana ». Si les résultats s’avèrent concluants, la compagnie maritime envisage d’en installer également sur ses autre navires : Kalliste et Girolata, courant 2020.
Pour élaborer ce filtre, la compagnie s’est inspirée de la technique utilisée à l’incinérateur de la Seyne-sur-Mer. L’innovation consiste à installer cette technologie qui fonctionne sur la terre ferme, sur un bateau. Le Piana comporte quatre moteurs pour propulser ses quelque 15 000 tonnes. Pendant cette phase de test, le filtre sera installé sur un seul des moteur et un groupe électrogène. « À terme, il pourra supporter deux moteurs. Par conséquent il n’en faudra que deux sur le navire pour filtrer toutes les émissions », ajoute Christophe Seguinot.
Un enjeu de santé publique
Le filtre doit permettre de retenir les particules fines et ultrafines, particulièrement visées par les organismes de santé et les pouvoirs publics ces dernières années. Ces particules sont en effet classées cancérigènes pour l’homme par le Centre international de recherche sur le cancer.
En février, le préfet des Bouches-du-Rhône a d’ailleurs déclenché trois fois la procédure d’information-recommandation relative à un pic de pollution aux particules fines (les 15, 20 et 25 février). Le 21 février, la procédure d’alerte niveau 1 était même déclenchée. Il est donc urgent de réduire cette pollution de l’air qui tue chaque année 48 000 d’après une étude de Santé Publique France de 2016. L’étude de Greenpeace dévoilée ce matin témoigne d’ailleurs de l’urgence dans laquelle se trouve la ville de Marseille. L’ONG a établi une carte scolaire de la pollution de l’air, où l’on apprend que plus de la moitié des écoles et des crèches se trouvent à moins de 200 mètres d’une zone qui dépasse la norme française annuelle de dioxyde d’azote, un gaz nocif pour la santé principalement issu des moteurs diesel en ville.
De son côté, La Méridionale affirme que son système de filtre « neutralise presque totalement les oxydes de soufre (mois de 0,1 % subsistent) et élimine 99 % des particules fines et ultrafines ». L’objectif est de mettre les navires aux nouvelles normes qui seront appliquées à partir du 1er janvier prochain par l’Organisation maritime internationale. Reste que si ce procédé assainit l’air, il n’a aucune incidence sur les émissions de CO2 des navires.
Pour la première phase test de la Méridionale, le coût de l’opération est compris entre 3,5 et 5 millions d’euros. Le projet a été soutenu par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) et le région Sud – Provence-Alpes-Côte d’Azur qui a versé près de 500 000 €. En cas de déploiement généralisé, il faudrait compter entre 9 et 11 millions d’euros par navire.
À lire aussi :