Emma Clair-Dumont a accompli une performance hors-norme. Cette Cugeoise a réussi à courir sept marathons, en sept jours, sur sept continents. Un défi fou pour cette femme qui a érigé son goût du challenge en mode de vie.
« Emmanuelle c’est mon vrai nom, mais on m’a toujours appelée Emma ». Difficile de s’imaginer qu’Emma, habitante de Cuges-les-Pins, assise en terrasse ce jour-là a accompli un effort surhumain. Elle est en effet l’une des seules femmes amateures à avoir fini le World Marathon Challenge. Cette course extrême consiste à courir sept marathons en sept jours sur sept continents. Dans l’ordre : Antarctique, Afrique du Sud, Australie, Dubaï, Madrid, Chili et Miami !
Du parfum à la moto
Maquillée, coiffée, habillée de noir, la sportive hors-normes se rend ce jour-là à une conférence sur les genres dans le sport organisée au Palais de la Bourse. Il faut dire qu’elle s’y connait dans le domaine. Depuis sa plus tendre enfance, elle a toujours eu le goût du défi enchaînant d’abord les compétitions de moto, puis passant de commerciale chez Christian Dior Parfum à organisatrice d’événements sportifs pour finir en marathonienne de l’extrême.
« Toute petite, mon papa a voulu m’initier à la moto. C’était une démarche à la fois éducative mais aussi préventive car à l’époque, il y avait une forte mortalité sur les routes. Il ne voulait pas qu’il nous arrive malheur », se remémore Emma. Petit à petit, elle s’essaye à tous types de compétitions sur deux-roues : cross, trial, enduro… Mais c’est sur quatre roues que sa vie prendra un tournant. Elle est une des premières femmes à participer au Paris-Dakar en quad, elle rencontrera Stéphane, son futur mari, au cours de la compétition.
Double championne du monde
En quad, elle remporte deux titres de championne du monde « en 2012 et 2016, deux dates significatives pour moi : la première c’est la naissance de mon petit Léo et la seconde l’année de mes 40 ans ». Si le sport de manière générale accorde une place privilégiée aux hommes, l’univers des sports mécaniques pousse cette tendance à son paroxysme. « C’était un univers très machiste même si cela s’est amélioré avec le temps, il fallait avoir du caractère. Pour que les femmes soient reconnues j’ai d’ailleurs créé le Comité féminin au sein de la fédération française de moto en 2015 », nous explique la double championne du monde.
En 2017, Emma se met en tête de courir son premier marathon. « Je n’étais pas du tout habituée à courir ! Dites-vous qu’en terminale je n’arrivais même pas à courir 20 minutes », se souvient-elle. Et comme Emma n’a pas l’habitude de manquer d’ambition, elle s’inscrit d’entrée à celui de New York qu’elle parvient à boucler en moins de quatre heures.
Des courses aux sommets
« Ce qui me passionne ce sont les voyages et j’ai toujours rêvé de voir la banquise, j’ai donc participé à un marathon en Antarctique en avril 2018 », nous raconte l’insatiable sportive. Quelques mois plus tard, elle se lance dans le World Marathon Challenge qui l’emmène sur les 7 continents. « Pendant les quatre mois de préparation, j’ai moins vu mon petit, j’ai eu un rythme particulier entre les entraînements et les temps de repos et puis il y a l’alimentation, plus question de manger des burgers ».
Quand on lui parle des sept marathons, elle montre un certain détachement comme si finalement cela s’était fait de manière naturelle : « c’est surtout du mental en réalité ». Quant au temps de récupération, Emma s’attendait « à bien pire ». Avant d’avouer tout de même avoir passé une semaines en béquilles et traversé des nuits douloureuses. Toujours fidèle à son esprit combatif, cette accro aux challenges s’en est fixé un nouveau : gravir les plus hauts sommets de chaque continent : « j’ai fait le Mont Blanc et le Kilimandjaro, le prochain c’est l’Everest ! »
