Fondée en 1959, l’association Contact Club agit au quotidien sur le centre-ville de Marseille. Entre animation et prévention de la délinquance, les animateurs ont pour beaucoup fréquenté le club pendant leur jeunesse. Découverte.
Ce jour-là comme souvent, les générations se mélangent au Contact Club de l’îlot Velten. Lyes, la quarantaine, est coordinateur au sein de la structure. Il vient rendre visite à Fathi, un animateur de 26 ans, sous le regard de Maurice, 90 ans, éducateur retraité qui effectue des passages fréquents au centre. Autour d’eux, des jeunes de 11 à 17 ans échangent, jouent, s’occupent dans cette structure ouverte à tous du centre-ville.
Depuis 60 ans, le Contact Club œuvre auprès de la jeunesse du centre-ville de Marseille. Fondée en 1959 pour travailler auprès des « Blousons noirs » de la Plaine, l’association ouvre vite une antenne à l’Opéra où des problématiques de toxicomanie et de prostitution sont déjà présentes. Petit à petit, le champ d’action s’est déplacé vers le quartier Belsunce. Maurice a 90 ans, il était déjà présent en 1959 et a repris l’association à la fin des années 60, il se souvient : « Je travaillais sur le Vieux-Port au Contact Club, un jour un groupe de personnes qui allaient à la plage des Catalans a vu notre structure et dit : « Nous, les Arabes à la Porte d’Aix on n’a rien ! » On s’est dit que c’était vrai et on s’est déplacé vers là-bas ».
Un incontournable du quartier
Malgré son âge avancé, Maurice continue de fréquenter les jeunes du Contact Club pour « la relation [qu’il] a avec les jeunes. L’éducateur, c’est l’homme de la relation et c’est passionnant ». Samy, 16 ans, est un habitué depuis plusieurs années. Il voit régulièrement Maurice dans les locaux : « c’est bien de voir qu’il est encore investi dans le Contact Club ». Fathi, éducateur, va même plus loin : « c’est un deuxième père pour nous tous ». Figure bien connue du quartier, Maurice vient du 13e arrondissement en transports en commun : « aujourd’hui entre l’arrêt de bus et l’église des Carmes, on m’a arrêté 5 fois pour me saluer et me demander des nouvelles ».
Il faut dire qu’en 60 ans, l’association est devenue un incontournable du quartier. Aujourd’hui, cinq locaux situés rue Louis Astouin, rue des Convalescents, rue Jean Trinque et rue Bernard du Bois accueillent entre 500 et 600 jeunes du territoire. L’association propose de l’accueil en soirée après les cours ainsi que les mercredis et samedis. Des séjours et des excursions sont également organisés sur les périodes de vacances.
Un rôle de référent
« Nous sommes à mi-chemin entre le centre de loisir et la prévention de la délinquance », indique Lyes, coordinateur au sein du Contact Club. Il poursuit : « ce qui nous donne envie de continuer c’est que si on n’avait pas été là ça aurait pu être pire pour certains. Ils ne s’en sortent pas grâce à nous, mais je pense qu’on peut être un levier, un référent à un moment donné pour un jeune qui avait envie de s’en sortir ».
Aujourd’hui, 80% des animateurs ont fréquenté le Contact Club plus jeunes. Fathi en fait partie : « j’ai grandi dans le quartier, je connais les familles, les grands frères… ça facilite le travail et permet de créer un relation de confiance ». À ses côtés, Inès, 16 ans, voudrait suivre le même chemin : « je vais passer le BAFA en octobre et j’aimerais travailler ici plus tard ». Ici on se transmet l’implication sur le territoire comme un héritage.
Une population précaire
Le Contact club œuvre auprès d’un public en situation de grande précarité. « Ici on a un jeune sur deux issu d’une famille monoparentale. C’est aussi une population qui se caractérise par un fort taux de chômage, des situations de retard scolaire et aussi des logements insalubres », liste Lyes, le coordinateur.
L’arrivée d’internet et des smartphones a modifié beaucoup de choses auprès des jeunes. « Peut-être que les jeunes d’aujourd’hui sont mûrs trop tôt ? Ils en savent autant à 12 ans qu’un jeune de 20 ans il y a quelques années. Après est-ce que c’est bien ou mal ? Je ne sais pas… », s’interroge Maurice. Différents ou similaires de ceux d’avant, les jeunes du centre-ville sont attachés au Contact Club et espèrent qu’il demeurera pour bien des années encore. Pour l’heure, il se murmure qu’une soirée sera organisée pour les 60 ans au mois d’octobre prochain.