Le Talus est un potager participatif situé à Saint-Jean du Désert (Marseille, 12e). Ici on pratique le bio-maraîchage intensif et on veut créer un lieu de vie ouvert aux habitants. Découverte.
Chaque mardi, le Talus ouvre ses portes aux bénévoles. Ce jardin collaboratif ouvert à tous les gens motivés se situe au bout de la rue Saint-Pierre, au 603. Ici on pratique le bio-maraîchage intensif, une technique de culture sur une parcelle très réduite qui a déjà fait ses preuves de l’autre côté de l’Atlantique. Attention par « intensif » il ne faut pas comprendre un mode de production irrespectueux de l’environnement, bien au contraire « ici on est intensif en main d’oeuvre et en amour à vrai dire », explique Frédéric Denel président de l’association Heko qui est à l’origine du projet.
Sur le terrain de 500 m² qu’ils occupent, les maraîchers ont planté du mesclun. Des bacs potager d’un mètre-carré sont également disponibles à la location au prix d’un euro par semaine. Bientôt, la parcelle sera encerclée de 470 arbres fruitiers et buissons pour ceinturer le site. Il faut dire que cet îlot de verdure ne passe pas inaperçu ici. À côté on trouve une carrosserie, au-dessus une voie de chemin de fer et en contre-bas une partie couverte de la rocade L2.
Un chantier colossal
Ce terrain autrefois laissé à l’abandon appartient à l’État qui le prête à l’association Heko. À partir du mois d’avril, les bénévoles se sont consacrés à mettre cet espace aux normes pour le rendre cultivable. Ils ont notamment pu compter sur les 600 tonnes de broyat et de compost offerts par Véolia. Ce chantier de grande envergure a duré jusqu’au début de l’été. Un travail de titan. Aujourd’hui, les rangées sont bien installées et un système d’irrigation automatique a même été posé.
De l’école de commerce à l’agriculture urbaine
Pour gérer le site, ils sont deux : Valentin Charvet et Carl Pfanner. Les deux jeunes hommes ont des parcours relativement similaires. Après une école de commerce et des premiers jobs, ils sont en quête de sens et se tournent vers la permaculture urbaine. « J’ai travaillé pour Tesla et ses voitures électriques. Mais à un moment je n’ai plus eu foi en la green-technologie. J’ai préféré m’engager en faveur d’une solution locale plutôt qu’internationale », se remémore Carl Pfanner. « Moi j’étais dans l’univers des start-ups à Berlin, j’en garde l’idée qu’il faut être indépendant économiquement afin de faire vivre ses idées », poursuit Valentin Charvet.
Un nouveau lieu de vie
Outre le potager, les deux compères espèrent créer un véritable lieu de vie sur une seconde parcelle. Ils commenceront les travaux début 2019. Là encore, ils ont de grandes ambitions. « On aimerait y installer un restaurant où on servirait nos produits, un cinéma en plein air, une buvette, pourquoi pas faire des concerts… », s’imagine Valentin Charvet. Le projet à vocation à être ancré dans le territoire. « On a fait un travail de concertation avec les habitants de quartiers environnants », précise Carl Pfanner.
« Pour nous c’est déterminant de remporter l’adhésion des habitants », insiste Frédéric Denel le président d’Heko. Lui aussi a un parcours atypique. Multi-entrepreneur, il a fondé de nombreuses boites avant de se retirer suite à un séjour dans la ferme de Pierre Rabhi. « J’ai décidé d’arrêter de travailler pour me consacrer à ce projet et depuis 3 ans je suis bénévole », poursuit-il. M. Denel a fondé Heko en 2015 puis il a d’abord lancé un potager éducatif dans un groupe scolaire à la Pointe-Rouge (8e). « L’avantage, c’est que les petits il ne te jugent pas si tu fais un erreur », sourit-il aujourd’hui.
Outre le potager scolaire et le Talus, Heko porte également un projet d’îlot potager dans le quartier de Frais Vallon(13e). Cette association se diversifie pour toucher le plus large public possible et faire changer les mentalités en profondeur.