Après l’éolien terrestre, l’éolien offshore (ou éolien en mer) fait son apparition dans notre pays. Sur le territoire métropolitain, le projet Provence Grand Large va bientôt être lancé à Fos-sur-Mer tandis qu’une entreprise ciotadine commercialise, elle, des bases flottantes pour éoliennes en mer. La Métropole Aix Marseille Provence est-elle en passe de devenir un lieu stratégique de la production d’énergie propre ?
Il y a tout juste un an, la première éolienne flottante de France était inaugurée au large de Saint-Nazaire. Un lancement en parti dû à une entreprise de notre territoire. C’est en effet la société Ideol, basée à La Ciotat, qui a conçu la base flottante sur laquelle est fixée l’éolienne qui fournit de l’électricité à 15 000 personnes. Une prouesse technique particulièrement pertinente à l’heure de la transition écologique.
En matière d’éolien en mer, il faut distinguer deux techniques : l’éolien fixe et l’éolien flottant. Dans le premier cas, il s’agit d’une éolienne plantée en mer. Tandis que dans le second, un flotteur accroché au fond marin par de puissants liens supporte l’éolienne. Dans les deux cas, la France est à la traîne. En effet, le pays n’a produit que 2 mégawatts avec l’éolien offshore en 2017 quand le Royaume-Uni et l’Allemagne ont généré respectivement 6 836 et 5 355 mégawatts sur le même exercice.
La raison principale est que la France tourne majoritairement grâce au nucléaire. En effet, on estime à 77% la part du nucléaire dans la consommation d’énergie en France. L’éolien terrestre et marin représente, lui, moins de 5% de notre consommation. Une part à augmenter et une filière à développer tant l’énergie nucléaire apparaît aujourd’hui comme dangereuse et polluante. C’est d’ailleurs pourquoi Emmanuel Macron a annoncé la fermeture de 4 à 6 des 58 réacteurs nucléaires d’ici à 2030. L’éolien terrestre a connu une forte croissance depuis 10 ans. Sa part dans la production électrique nationale a en effet été multipliée par dix sur cette période.
Un apport venteux fort et constant
Mais l’avenir de l’énergie éolienne s’écrira peut-être loin des côtes. C’est en tout cas la conviction de Bruno Geschier, directeur marketing et commercial d’Ideol l’entreprise de la Ciotat qui commercialise des flotteurs pour éoliennes en mer. « La France dispose des ressources en vents et de suffisamment d’espace pour combler tous nos besoins en énergie », affirme-t-il. Avant d’ajouter : « On a du vent 57% du temps en mer contre 25 à 30% sur terre. L’apport venteux est plus constant et plus fort ».
Et notre territoire n’est pas en reste. En effet, l’Atlas éolien européen montre que la portion du littoral méditerranéen située entre Perpignan et Toulon est la plus pourvue en vent de France. C’est certainement la raison pour laquelle, le projet Provence Grand Large doit y voir le jour d’ici fin 2020. Ce projet de parc éolien en mer flottant impulsé par EDF Renouvelables doit s’installer au large de Fos-sur-Mer. Trois éoliennes de 175 mètres de haut vont flotter à 17 km des côtes. Une distance suffisante pour ne pas dénaturer le paysage.
Provence Grand Large : de l’énergie pour 50 000 habitants
Philippe Veyan développe le projet flottant pilote Provence Grand Large dont la valeur totale s’élève à environ 200 millions d’euros. Lancé il y a une dizaine d’années, ce projet a fait l’objets de nombreuses études et concertations auprès de tous les acteurs concernés. Une étude de la fin des années 2000 lancée par l’Etat a démontré que le site de Fos-sur-Mer était favorable pour trois raisons.
La première est la quantité de vent disponible, « un des meilleurs spots éoliens de France », selon Philippe Veyan. La seconde concerne les infrastructures du Grand port maritime de Marseille-Fos qui permettent la construction et l’entretien des structures destinées à partir en mer. Enfin la troisième est relative à la zone à laquelle se trouveront raccordées les trois éoliennes. Fos-sur-Mer et ses environs est effectivement une zone très consommatrice en électricité. Il s’agit de combler un manque.
Les éoliennes produiront 8 mégawatts chacune soit au total la consommation d’une ville comme Martigues (près de 50 000 habitants). La somme investie (200 M€) peut paraître conséquente pour une telle quantité de personnes approvisionnée. Pour autant, M. Veyan se dit convaincu « que le flottant deviendra compétitif à terme ». Pour le projet pilote de Provence Grand Large, des coûts importants ont en effet été investis dans la recherche et n’auront plus lieu d’être par la suite.
Daniel Moutet, président de l’Association de défense et de protection du littoral et du golfe de Fos (ADPLGF), se félicite de cette installation au large de Fos : « nous n’avons aucune crainte pour l’écosystème marin et souhaitons voir les projets similaires se multiplier ». Cela devrait d’ailleurs être le cas puisqu’Ideol, l’entreprise qui fabrique les flotteurs, doit permettre l’implantation de quatre éoliennes au large de Gruissan à l’horizon 2020. Un pas de plus pour cette entreprise locale qui, après avoir lancé la première éolienne flottante en France, installé une éolienne au large du Japon, décide de mettre le cap sur le pourtour méditerranéen.