L’association marseillaise Palana environnement lutte contre les déchets en mer, particulièrement les filets de pêche. Elle trouve également des solutions innovantes pour les recycler. Des produits issus du recyclage de déchets marins sont commercialisés et une solution pour transformer les filets de pêche en briques de construction sera bientôt dévoilée.
Les initiatives associatives ou citoyennes se multiplient dans la région pour lutter contre les déchets. Ceux qui envahissent la mer et le littoral sont dans le viseur de ces chasseurs de détritus. C’est le cas de Palana Environnement, association marseillaise qui lutte depuis 2016 pour valoriser et préserver les écosystèmes marins et terrestres en utilisant des moyens et des techniques innovantes.
Sa principale proie : les filets de pêche fantômes. 640 000 tonnes sont perdus chaque année en mer. L’association trouve des solutions pour les repêcher et les recycler. Une marque de produits dérivés, Sauvage, est lancée en septembre. Mais Palana Environnement ne s’arrête pas là. D’autres déchets marins seront bientôt valorisés et une solution unique a été créée pour transformer les filets de pêche fantômes et les boues des eaux usées en briques de construction.
Netsea : et si on parlait du fléau des filets de pêche fantômes ?
La Méditerranée n’est pas épargnée par les 640 000 tonnes de filets de pêche perdus dans les mers du monde chaque année. Au contraire, la pratique de la pêche artisanale, très répandue sur nos côtes, tient une bonne part de cette pollution.
« Lorsqu’un filet est perdu, il continue de pêcher durant 6 mois ou plus », nous explique Sabine Meneut, coordinatrice de Palana Environnement, « ils causent ainsi la mort de nombreux poissons et autres espèces vivantes en mer ». Ils sont également un danger pour les plongeurs car invisibles entre 25 et 60 mètres. En coordination avec les pêcheurs et des plongeurs-scaphandriers, le projet Netsea repère et repêche ces filets fantômes.
Mais le problème ne s’arrête pas aux filets fantômes. Aucune solution de recyclage n’est proposée aux pêcheurs pour leurs filets hors d’usage, « et ils en produisent en moyenne 500 kilos par an », précise Sabine, « qui sont, soit enfouis, soit incinérés comme c’est le cas en PACA ». Le projet Netsea leur propose de les récupérer pour les recycler.
Sauvage : une marque de produits issus de filets de pêche recyclés
Mais que faire de ces filets de pêche en Nylon ? Palana environnement a collaboré avec l’École supérieure d’art et de design de Marseille pour leur donner une seconde vie : « Nous en faisons des cordes et les tressons pour créer des objets comme du mobilier, des luminaires, ou des hamacs ».
Une marque est lancée pour les commercialiser : Sauvage. La gamme ne s’arrêtera pas aux produits issus des filets de pêche, mais à d’autres déchets marins comme les plastiques et les combinaisons de plongée. « Nous nous sommes rendus compte que nos plongeurs en jetaient beaucoup », raconte Sabine Meneut, « et leur matière n’est pas recyclable. Une étudiante en design a conçu des produits avec, que nous allons aussi commercialiser ».
La marque a d’ailleurs été créée en collaboration avec Emmanuel Laurin, dit Manu, connu pour récolter des déchets à la nage. Un clip qui parodie la chanson Basique du rappeur Orelsan pour sensibiliser aux déchets en mer a été dévoilé cet été pour annoncer le lancement de la marque Sauvage :
Une solution inédite pour créer des briques en recyclant filets de pêche et résidus des eaux usées
Sabine se veut plus mystérieuse sur le dernier projet de Palana Environnement : « Nous venons de déposer un brevet pour une solution permettant de recycler à 100 % les filets de pêche et le sable pollué qui reste dans les stations d’épuration lorsque les eaux usées on été traitées ».
D’une pierre deux coups donc : une solution de recyclage pour deux déchets, qui actuellement n’ont pas, ou peu. Les filets fantômes repêchés sont, en effet, chargés en matières organiques et en bactéries. Mais ils peuvent être recyclés entièrement en l’état, et transformer les boues d’épuration en briques utilisables pour la construction de bâtiments. « Nous avons travaillé avec le secteur des biotechnologies pour créer cette nouvelle solution ».
L’association marseillaise ne manque pas d’idées pour avancer sur la lutte contre les déchets en mer.
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