Depuis 2012, la ville de Marseille a lancé une opération de ravalement des façades du centre-ville. Concernant d’abord les 15 axes prioritaires de l’hyper centre, comme la Canebière et le Vieux-Port, elle s’est depuis élargie et englobe en tout 95 axes. Les propriétaires ont jusqu’à 18 mois pour engager les travaux afin de bénéficier d’une subvention de 50%, dégressive au-delà.
Au total, depuis 2012, 1 332 immeubles du centre-ville ont reçu une injonction de la ville de Marseille pour le ravalement de leur façade. D’ici 2019, 1 900 autres seront soumis à la même obligation, tout à fait légale. « Dans les grandes villes comme Paris ou Marseille, les propriétaires doivent normalement le faire tous les 10 ans », explique Solange Biaggi, adjointe au maire déléguée au commerce et au Grand Centre Ville.
Si tel n’est pas le cas, la municipalité peut les obliger à le faire. Une situation qui n’était encore jamais arrivée à Marseille jusqu’à la mise en place de ce plan de ravalement de façade, accompagné toutefois d’une aide financière destinée aux propriétaires pour la réalisation des travaux. « Étant donné les problématiques du centre-ville et le manque de moyens des habitants, on a choisi une méthode pédagogique et incitative plutôt que seulement obliger les propriétaires à engager les ravalements », veut mettre en avant l’élue.
À lire aussi
Jusqu’à 50% de subvention
Le premier plan de ravalement de façade a d’abord concerné les axes prioritaires du centre-ville : Canebière, boulevard National, quai de la Joliette, cours Pierre Puget… Lancé en 2011, motivé notamment par l’approche de l’année Capitale européenne de la Culture en 2013, il permettait aux propriétaires de bénéficier de 20% de subvention par la ville de Marseille. 427 immeubles ont ainsi reçu une injonction, mais seulement 182 ont été concernés par la subvention.
« Par la suite, nous avons été élus à la communauté urbaine (MPM, inclus depuis dans la métropole, ndlr) et nous avons décidé d’agrandir le périmètre du plan de ravalement », ajoute Solange Biaggi. Le plan a alors englobé une zone de 95 axes allant du boulevard national au nord au boulevard Baille au sud, aux Cinq-Avenues à l’est et à l’entrée du quartier d’Endoume à l’ouest. Au total, 2 800 immeubles supplémentaires sont concernés, dont 900 ont déjà reçu l’injonction pour le ravalement. L’enveloppe des subventions est fixée à 7,5 millions d’euros et un peu plus de la moitié a déjà été consommée.
À partir de 2016, un coup d’accélérateur est mis par le Conseil départemental et son « plan pour Marseille » de 100 millions d’euros. Le ravalement des façades y est intégré et la subvention passe à 50%. « Il faut toutefois que les travaux soient engagés au bout de 18 mois pour avoir cette subvention. Sinon, elle est dégressive et passe à 30%. Si au bout de deux ans rien n’est fait, c’est nous qui engageons les travaux et les propriétaires devront nous rembourser. On fait cela pour qu’il y ait une réactivité et aussi un effet d’entraînement : le beau appelle le beau ».
À lire aussi
Vous avez dit ravalement ?
Le ravalement de façade comprend « toute opération qui a pour but de remettre les façades en bon état de propreté ». Qu’il s’agisse des façades donnant sur rue comme sur cour, mais aussi les murs aveugles ou les pignons, lorsqu’ils sont visibles du domaine public.
Est ainsi concernée toute la partie bâtie maçonnée ainsi que tout élément constitutif tels que les dispositifs de fermeture (menuiseries extérieures, châssis, volets, persiennes, rideaux métalliques, ferronneries, etc), les éléments ornementaux de la façade extérieure (corniches, statues, frises décoratives, etc) et les ouvrages divers de protection (garde-corps, barres d’appui, zingueries, etc).
Et les commerces dans tout ça ?
Une centaine de commerces installés au bas des immeubles concernés par l’injonction ont pu bénéficier d’une aide financière qui leur est propre, à savoir le FISAC (Fonds d’intervention pour la sauvegarde de l’artisanat et du commerce). L’enveloppe de ce fonds est à sec, et le seul moyen d’action désormais pour la municipalité est l’incitation. « Le propriétaire est obligé de ravaler son immeuble. Mais celui qui a le fonds de commerce n’est pas obligé de le faire », explique Solange Biaggi.
Les commerces peuvent également compter sur des actions privées, à l’instar de celle lancée par le groupe Hammerson, promoteur des Terrasses du Port, qui a signé en 2017 un partenariat avec les collectivités locales pour participer à la rénovation des devantures des commerces situés dans le périmètre de l’hyper centre.
À lire aussi
Par Agathe Perrier