Une pétition a été lancée pour que le parc national des Calanques soit classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. En seulement deux semaines, plus de 50 000 personnes l’ont signée. Le projet a-t-il des chances d’être concrétisé ? « Pourquoi pas, mais pas dans les 10 ou 15 ans à venir », nous a répondu Didier Réault, président du parc national.

Pour Didier Réault, qui est aussi adjoint au maire de Marseille délégué à la mer et au littoral, le classement du parc des Calanques à l’UNESCO n’est pas un envisageable aujourd’hui. Priorité est faite à la construction du parc national, qui a été créé en 2012. « On considère que la maturité du parc n’est pas suffisante pour nous engager dans un tel processus qui est d’ailleurs à double tranchant. Car être classé patrimoine mondial serait un élément d’attractivité supplémentaire pour le parc et ce n’est pas notre objectif prioritaire », nous a-t-il expliqué. Selon lui, le classement au patrimoine imposerait, en plus, des modes de gestion qui pourraient perturber la survie économique d’activités comme la plongée, l’escalade ou le bateau.

De son côté, Bertrand Connin, à l’origine de la pétition, ne compte pas en rester là, bien décidé à mener son combat jusqu’au bout. Agréablement surpris par l’engouement autour de son appel, il souhaite désormais mener des « actions » sous peu, pour que sa pétition se transforme en victoire.

Derrière le classement au patrimoine mondial de l’UNESCO, il espère voir apparaître plus de protection des calanques. « Il faudrait que les acteurs politiques et économiques s’engagent à faire des efforts pour réduire la pollution atmosphérique et la pollution marine (rejets d’Altéo en particulier). Un classement des calanques de Marseille, de Cassis et de la Ciotat […] permettrait de renforcer le statut de ce parc, et constituerait une protection supplémentaire contre les atteintes de l’homme, particulièrement en matière de pollution », juge-t-il. Un avis que ne partage pas Didier Réault : « Le patrimoine mondial est un label qui ne procure pas plus de moyens mais ajoute au contraire plus de contraintes. Et le fait d’être un parc national est un outil de protection déjà très important en cœur de parc ».

À lire aussi

Le classement au patrimoine de l’UNESCO, une démarche longue

« Pour figurer sur la liste du patrimoine mondial, les sites doivent avoir une valeur universelle exceptionnelle et satisfaire à au moins un des dix critères de sélection » peut-on lire sur le site internet de l’UNESCO. Sur ces critères (voir ci-dessous), le parc national des Calanques pourrait en compter au moins un sans conteste : « représenter des phénomènes naturels ou des aires d’une beauté naturelle et d’une importance esthétique exceptionnelles ».

Le processus pour obtenir le classement au patrimoine mondial est long, voire très long. « La constitution d’un tel dossier nécessite une mobilisation humaine très importante que nous n’avons pas », souligne Didier Réault. L’exemple tout proche de l’Étang de Berre le montre. Le maire de Martigues, Gaby Charroux, qui défend la candidature de la plus grande étendue salée d’Europe au patrimoine de l’UNESCO, l’a officiellement lancée en juin 2016. Il estime qu’il faudra cinq ans pour que le dossier de candidature de l’Étang de Berre soit accepté, voire même simplement examiné par l’UNESCO.

42 sites en France sont recensés au patrimoine mondial de l’UNESCO. Parmi eux, cinq se trouvent dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur :

À lire aussi

Les critères de sélection pour figurer sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO

  1. représenter un chef-d’œuvre du génie créateur humain ;
  2. témoigner d’un échange d’influences considérable pendant une période donnée ou dans une aire culturelle déterminée, sur le développement de l’architecture ou de la technologie, des arts monumentaux, de la planification des villes ou de la création de paysages ;
  3. apporter un témoignage unique ou du moins exceptionnel sur une tradition culturelle ou une civilisation vivante ou disparue ;
  4. offrir un exemple éminent d’un type de construction ou d’ensemble architectural ou technologique ou de paysage illustrant une ou des périodes significative(s) de l’histoire humaine ;
  5. être un exemple éminent d’établissement humain traditionnel, de l’utilisation traditionnelle du territoire ou de la mer, qui soit représentatif d’une culture (ou de cultures), ou de l’interaction humaine avec l’environnement, spécialement quand celui-ci est devenu vulnérable sous l’impact d’une mutation irréversible ;
  6. être directement ou matériellement associé à des événements ou des traditions vivantes, des idées, des croyances ou des œuvres artistiques et littéraires ayant une signification universelle exceptionnelle (Le Comité considère que ce critère doit préférablement être utilisé en conjonction avec d’autres critères) ;
  7. représenter des phénomènes naturels ou des aires d’une beauté naturelle et d’une importance esthétique exceptionnelles ;
  8. être des exemples éminemment représentatifs des grands stades de l’histoire de la terre, y compris le témoignage de la vie, de processus géologiques en cours dans le développement des formes terrestres ou d’éléments géomorphiques ou physiographiques ayant une grande signification ;
  9. être des exemples éminemment représentatifs de processus écologiques et biologiques en cours dans l’évolution et le développement des écosystèmes et communautés de plantes et d’animaux terrestres, aquatiques, côtiers et marins ;
  10. contenir les habitats naturels les plus représentatifs et les plus importants pour la conservation in situ de la diversité biologique, y compris ceux où survivent des espèces menacées ayant une valeur universelle exceptionnelle du point de vue de la science ou de la conservation.

Par Agathe Perrier

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page

NEWSLETTER

Recevez le meilleur de l'actualité de la semaine gratuitement !