Depuis le 1er janvier 2018, Marseille mise sur des contrôles plus nombreux et un nouveau système de stationnement payant pour inciter la rotation des véhicules dans le centre-ville et limiter les « voitures ventouses », celles qui restent des heures garées au même endroit. Quatre mois après, la ville fait le bilan.

« Avant, 7 Marseillais sur 10 ne payaient pas le stationnement dans le centre-ville de Marseille », met en avant d’entrée de jeu Jean-Luc Ricca, conseiller municipal délégué à la Circulation et au Stationnement. Aujourd’hui, la tendance s’est inversée : près de 9 personnes sur 10 (85%) paient leur place de stationnement. Les raisons d’un tel changement ? La mise en place du contrôle renforcé des véhicules en stationnement via des « Scan cars », des voitures équipées de dispositifs de lecture automatique de plaques d’immatriculation. « Désormais, plus personne ne passe entre les mailles du filet », souligne Jean-Luc Ricca.

1,1 million de contrôles depuis janvier 2018

Le centre-ville est aujourd’hui découpé en deux zones, jaune et orange, dans lesquelles le tarif de la place de stationnement  varie. Au maximum, un automobiliste peut y laisser sa voiture 4h30. À l’intérieur de ces deux zones, certains axes sont dits « tendus » : la limite de stationnement y est plafonnée à 2h30.

Que se passe-t-il si un usager dépasse le temps maximum de stationnement autorisé ? Avec l’augmentation des contrôles, il a de fortes chances de se voir gratifier non plus d’une « amende » mais d’un « Forfait post-stationnement » (FPS) de 17€. Depuis janvier 2018, 1,1 million de contrôles ont été effectués. « La première semaine, 22% des véhicules scannés ont reçu un Forfait post-stationnement. Aujourd’hui, on est aux alentours des 15% », ajoute l’élu pour souligner le fait que de moins en moins d’usagers ne paient pas leur stationnement.

, Quels projets pour transformer le stationnement dans le centre de Marseille ?, Made in Marseille
Le centre-ville de Marseille est découpé en deux zones où le tarif du stationnement varie, avec des axes dits « tendus » (cliquez pour agrandir)

Jean-Luc Ricca reconnaît qu’il y a plus de Forfaits post-stationnement délivrés que ce qu’il y avait de contraventions avec cette augmentation des contrôles. Sans toutefois en préciser le nombre. Pour autant, il justifie son projet « le but du jeu n’est pas de faire de l’argent. Notre politique vise à améliorer les conditions de vie au quotidien des Marseillais ». Il rappelle également que le tarif du FPS à Marseille est égal à l’ancien montant de l’amende de stationnement, contrairement à des villes comme Paris et Lyon où il s’élève respectivement à 50€ et 60€. À noter aussi que si un automobiliste a payé une partie de son stationnement, par exemple 2€, le montant à payer de son FPS sera déduit de cette somme (ici 17€ -2€, soit 15€).

Adoucir l’offre de parking pour l’opposition

De son côté Benoît Payan, président du groupe socialiste au Conseil municipal, est lui aussi favorable à la diminution « drastique » de la voiture dans le centre-ville de Marseille. Mais selon lui, « la municipalité s’y prend mal. À court terme, il faut adoucir l’offre de parking en mettant en place la gratuité pour les personnes faisant du covoiturage ou ayant un véhicule propre. Mais aussi de façon générale la semaine entre 12h et 14h et le week-end complet (samedi et dimanche) pour revitaliser le centre-ville ».

Les institutions et les associations de commerçants travaillent plutôt à la mise en place d’un chèque parking, pour permettre aux personnes faisant du shopping dans les commerces du centre-ville de bénéficier d’un tarif réduit. Une initiative déjà mise en place dans les centres commerciaux des Terrasses du Port et du Centre Bourse et qui a « déjà fait ses preuves » d’après la métropole et la ville de Marseille.

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Benoît Payan voudrait aussi la mise en place de mesures sur le stationnement souterrain. « Il faut renégocier le prix de ces parkings. Aujourd’hui, leurs tarifs sont prohibitifs ! Or les Marseillais payent pour leur construction et ensuite ne peuvent pas aller se garer dedans à cause du prix. Donc ils se garent en surface et essayent de ne pas payer car là aussi les tarifs sont élevés. Alors ils se font matraquer par les Scan cars. Tout cela fait partir avant tous les Marseillais du centre-ville, pas seulement les voitures ».

Même son de cloche pour la métropole qui dit vouloir mettre en place une « harmonisation » des tarifs dans les 35 parkings du territoire. Les tarifs appliqués sont rattachés à des contrats de délégation de service public (DSP), via des sociétés comme Vinci ou Qpark par exemple. « Lors de chaque renouvellement de DSP, on va qualifier les tarifs des parkings selon s’ils sont plus utilisés par les usagers pour des stationnements résidentiels ou pour sortir par exemple. On ne va pas baisser les tarifs de façon générale car ce serait contraire à notre politique, mais on va les adapter en fonction de l’utilisation des usagers », explique Jean-Pierre Serrus, vice-président aux transports de la métropole.

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Il existe actuellement 35 parkings souterrains et en enclos sur le territoire Marseille Provence et 14 parkings relais, soit 18 000 places © AP

Comment gérer la problématique des travailleurs ?

Outre les habitants résidents qui peuvent bénéficier d’un tarif spécial pour se garer à l’année et les Marseillais et touristes de passage pour quelques heures dans le centre-ville, la question des personnes qui viennent dans le centre-ville pour travailler, se pose. Pour la traiter, la municipalité et la métropole Aix-Marseille-Provence misent sur les parkings-relais.

L’idée : que les travailleurs laissent leur véhicule dans un parking situé en périphérie du centre-ville et qu’ils le rejoignent ensuite en transports en commun. Ces parkings sont gratuits pour les détenteurs d’une carte d’abonnement aux transports en commun pour les inciter au maximum à les utiliser. « Notre stratégie est d’avoir tout un réseau de parkings-relais en ceinture de Marseille pour assurer cette fonctionnalité », explique Jean-Pierre Serrus.

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Or, la capacité actuelle des parkings relais fait défaut. Au parking relais du métro la Rose, actuellement en chantier par exemple, les 400 places ne sont pas suffisantes pour accueillir l’ensemble des usagers et le stationnement anarchique aux abords de l’infrastructure de transport est légion. Actuellement, il existe 14 parkings relais à Marseille gérés par la RTM, soit 4 000 places. À titre de comparaison, à Lyon et Bordeaux par exemple, l’offre de parkings relais dépasse déjà la vingtaine. À Lyon, à population quasi équivalente, on compte ainsi 22 parcs relais pour une capacité totale de 7 200 places. À Bordeaux, en 2017, ils étaient au nombre de 21 pour 5 200 places disponibles, pour 700 000 habitants dans toute la métropole, dont 250 000 Bordelais intra-muros.

À l’horizon 2020 à Marseille, 5 250 places devraient être disponibles avec l’ouverture ou l’agrandissement des parkings relais Gèze (650 places), Boiseraie (350 places), les Caillols (250 places) et la Rose (800 places). Développer les parkings relais afin de laisser la voiture à l’extérieur du centre-ville est la vision d’avenir pour Benoît Payan. Une initiative qui ne pourra toutefois fonctionner, selon l’opposition, que si elle va de pair avec « un système de transports plus efficace ».

La métropole a également annoncé la semaine dernière vouloir reprendre la main sur la construction du parking souterrain sous le parc Longchamp, au niveau du Funny Zoo, un projet qui suscite depuis plus de 10 ans la polémique auprès de nombreux opposants, et qui permettrait selon la collectivité « aux riverains de stationner près de chez eux sans encombrer l’espace public, et d’utiliser tramway et métro pour se rendre dans l’hypercentre » à l’image d’un parking relais. Notre reportage à lire ici.

Pour aller plus loin

Par Agathe Perrier

3 commentaires

  1. Pour ma part j’ai voulu utiliser l’appli Timo et celle ci ne fonctionnait pas. C’est dommage car l’idée est bonne. Espérons qu’il corrige ça rapidement. Mais comme d’habitude avec nos élus ils réfléchissent d’abord au volet répressif avant le service

  2. Detruire le Parc Longchamp pour créer un parking souterrain est illogique et scandaleux.
    Le parking Vallier n’est jamais plein.
    Pourquoi encore raser un espace vert pour le bétonner ?
    Les 4-5emes arrondissements sont desservis par une ligne de metro et deux lignes de tram. Il n’y a aucune raison de favoriser la bagnole.

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